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Le jour des Ides de Septembre.

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cet avantage, difant qu'il devoit se contenter
de la gloire qu'il avoit fi juftement acquife par
fes loix & par fes victoires, fans ufurper enco-
re un honneur qui ne luy eftoit pas deu, & pouf-
ferent Horatius à y pretendre. Les choses eftant
en cet eftat, Publicola fut contraint d'aller
commander l'armée. Le parti contraire, qui
voyoit qu'il ne luy feroit pas aifé de réüffir dans
fon entreprise, fi Publicola eftoit prefent, pro-
fita de fon absence, fit ordonner par le peuple
qu'Horatius feroit la confecration, & fur l'heu-
re mefme ils l'accompagnerent tous au Capitole.
D'autres difent que les deux Confuls tirerent
au fort; que
le commandement de l'armée ef-
cheut à Publicola malgré luy, & qu'Horatius
eut la dedicace du temple; mais il est aisé de
juger de ce qui fe paffa entr'eux fur cette affai-
re par ce qui arriva le jour de la confecration;
Car le treizième jour de Septembre, qui se ren-
contre justement vers la pleine Lune du mois
que les Atheniens appellent Metagitnion, tout
le monde eftant affemblé au Capitole, Hora-
tius, aprés avoir achevé toutes les autres cere-
monies, tenoit desja un des poteaux; tous les

Mais il est aisé de juger de ce auroit regardé cette decifion qui fe paffa entre eux fur cette af- comme la marque de la volonté faire, par ce qui arriva le jour des Dieux, & le frere de Publide la Confecration. ] Plutarque cola n'auroit ofé troubler Horaveut dire que ce qui arriva le tius dans fa dédicace; le peuple jour de la Confecration, prouve ne l'auroit mefme jamais foufque les Confuls n'avoient pas tiré fert. Plutarque combat directe

au fort; car s'ils l'avoient fair,on ment Tite-Live.

Rufe de Valerius,

ratius de dedier le

noient pour un pre

trés-funefte.

affiftants eftoient attentifs à fon action avec un religieux filence, & il alloit prononcer la priere folemnelle de la confecration, lorfque Marcus Valerius, frere de Publicola, qui s'eftoit tenu frere de Publicola, fort long-temps fur la porte du Temple, pour pour empefcher Hoefpier ce moment, luy cria, Horatius, voftre fils temple de Jupiter. eft mort de maladie dans le camp. Cela depleut extre- Car ils le premement à tous ceux qui l'entendirent; mais le fage Conful, nullement troublé, ne fit que refpondre. ce peu de paroles, Qu'on jette fon corps où l'on voudra; je ne prends point de part à cette nouvelle, & ache- ftance d'Horatius va la confecration. C'eftoit une rufe de Valerius pour l'empefcher de l'achever; mais on n'en doit pas moins admirer la conftance & la fermeté de cet homme, foit qu'il fe fuft apperceu prompte-ment du menfonge, ou que croyant la mort de fon fils trés-veritable, il euft eu la force de fe maintenir dans la mefme affiete fans eftre émeu. ·

Il arriva la mesme chose pour la confecration du second Temple ; car ce premier, qui avoit efté basti par Tarquin & confacré par Ho-

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Fermeté & con

Il fut bruflé qua

ans aprés qu'il eut

efté confacré.

ne fubfifta que 115.

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xj. ans aprés.

ratius, ayant esté bruflé pendant les guerres citre cents vingt trois viles, Sylla le rebaftit; mais Catulus le confacra, la mort n'ayant pas donné le temps à Sylla Ce fecond temple d'en faire la dédicace. Ce fecond Temple fut encore bruflé dans la fedition de Vitellius; & Vefpafien, entre plufieurs autres grands bonheurs, eut encore celuy de le relever de fond en comble, & de ne le pas voir ruiné, comme il le fut bientoft aprés. En quoy il furpaffa d'autant la felicité de Sylla, que Sylla finit fes jours avant que de confacrer fon Temple, & que cet Empereur mourut avant que de voir le sien perir par l'embrasement, qui confuma le Capitole peu bafti par Tarquin & confacré par Ce fecond Tempie fut encore Horatius, ayant efté bruslé pen- bruflé dans la fedition de Viteldant les guerres Civiles. ] Pen- lius. ] Lorfque Vitellius affiegea dant les guerres de Sylla & de Flavius Sabinus dans le CapiMarius. Ce Temple fut confacré tole. Tacite defcrit ce qui fe paffa la troisieme année de l'Olym- en cette occafion, & il dit qu'on piade 68. 504. ans avant la naif- ne fçait fi ce furent les affiegeans fance de Noftre Seigneur, & il qui y mirent le feu pour pouvoir fut bruflé la feconde année de le forcer plus aifément, ou fi ce 1'Olympiade 174. 81. an avant furent les affiegez, pour fe décette naiffance. Ainfi il ne dura fendre, comme c'eft la plus comque 423. ans. mune opinion. Il fut bruflé l'an 69. de noftre Seigneur.

Sylla le rebaftit, mais Catulus le confacra. ] Sylla le rebastit, & l'orna de colomnes de marbre qu'il avoit fait apporter d'Athenes, du Temple de Jupiter Olympien. Ca ulus le confacra 67. ans avant la naiflance de Noftre Seigneur 14. ans aprés que le premier cu efté bruflé. Sylla dit en mourant, qu'il ne manquoit à fon bonheur que d'avoit pû dedier ce Temple.

Et Vefpafien entre plufieurs autres grands bonheurs eut encore celuy de le relever de fond en comble. ] L'année fuivante, aprés la mort de Vitellius. Le feul changement qu'on y fit, c'eft qu'il fut plus haut que les deux autres n'avoient efté. On peut voir dans le iv, Liv. de l'Hiftoire de Tacite toutes les ceremonies qu'on pratiqua en cette occafion.

de

livres à vingt cing

de temps aprés fa mort. Domitien le rebastit la quatrième fois, & en fit la dédicace. On dit, que, pour les feuls fondements du premier, Tarquin avoit defpenfé quatrevingt mille marcs d'argent; Deux millions de mais tout le bien du plus riche particulier de Ro- frances le mare, qui me ne fuffiroit pas pour payer la feule dorure du n'estoit que de fix quatrième, qui fubfifte aujourd'huy, laquelle a coufté plus de douze mille talents. Ses colomnes font de marbre Pentelique, elles eftoient d'une longueur admirablement proportionnée

Domitien le rebaftit la quatrième fois, & en fit la Dedicace. ] H le rebaftit la premiere année de fon regne, l'an 81. de noftre Seigneur, & mit fon nom à cet ouvrage, fans faire aucune mention des premiers Fondateurs.

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tendue de riches tapisseries, pref-
que toutes cachées par
des ta-
bleaux trés rares & d'un trés
grand prix. Quand la fefte fut
finie, Scaurus, qui eftoit trop ma-
gnifique pour faire fervir dans
fa maifon de Rome ce qui avoit
fervi à ce spectacle, le fit porter
à fa maison de campagne à
Tufculum, où fes efclaves mi-
rent le feu. Il y fut bruflé pour
plus de dix ou douze millions de
meubles. qui n'eftoient qu'une
partie de ce pompeux appareil
qui n'avoit pas fervi un mois.
On connoift les richeffes de M.
Craffus qui tiroit de fes terres plus
de vingt-millions toutes les an-
nées. L. Cornelius Balbus laifla

Mais tout le bien du plus riche particulier de Rome ne fuffiroit pas pour payer la feule dorure du quatriéme qui fubfifte aujourd'hui, laquelle a coufté plus de douze mille alens. ] Si ce que Plutarque dit icy eft vray, il n'y avoit donc pas à Rome fous le Regne de Trajan des particuliers fi riches qu'il y en avoit eu du temps de la Republique & fous le Regne des autres Empereurs. L'Hiftoire parle d'un M. Æmilius Scaurus, par fon testament au peuple Roqui, eftant Edile, fit pour une main vingt-cinq deniers par tefte, fefte de peu de jours un theatre c'est-à-dire douze livres dix fols, où il y avoit trois cents-foixante & il y avoit beaucoup de particolomnes, les unes de marbre, les culiers qui nourriffoi:nt dix mille autres de bronze & les autres de & jufqu'à vingt mille efclaves. ryftal. Trois mille ftatuës rem- feulement pour le fafte fans en pliffoient les vuides entre les co- tirer d'autre utilité. omnes, & toute la Scene eftoit Tome I.

PPP

onces.

Trente-fix mil-
Marbre tiré des

lions.

carrieres de l'Attique prés du bourg Pentele,

Ignorance des Architectes de Ro

per

à leur groffeur; nous les avons vûes à Athenes; on a voulu les retailler & les repolir à Rome, & ce fecond travail a plus gasté leur fymmetrie, m du temps de Do- que relevé leur beaute, car en les affoiblissant & en les rendant trop menuës, il leur a fait dre toute leur grace, qui confiftoit dans la proportion. Après avoir admiré la magnificence de ce Capitole, fi l'on voyoit dans le Palais de Domitien une de fes galleries, ou une de fes falles, ou fes bains, ou l'appartement des femmes, il n'y a perfonne, qui, comme le Poëte Epicharmus difoit à un prodigue, Tu n'es pas liberal, Beau jugement mais tu es malade, tu ne sçaurois vivre fans donner,ne de Plutarque fur dift de mefme à ce Prince, Tun'es, ni magnifique, magnifiques de Do- ni pieux envers les Dieux, mais tu es malade, tu ne fçau

rois vivre fans bastir, & comme le Midas de la fable, tu fouhaiterois que tout devinst entre tes mains & mar» bre&or. Mais en voila affez fur cette matiere.

Aprés que Tarquin eut perdu la bataille, où fon fils Aruns fut tué en combattant contre Brutus, il fe retira à Clufium vers Lars Porfen

Et ce fecond travail a plus inferieure à la Grece pour tous gafté leur fymmetrie, que relevé les arts, en tout temps elle lui a leur beauté. Ce paffage eft re- cedé l'avantage. On fçait ce marquable en ce qu'il fait voir qu'Horace en dit. la difference qu'il y avoit entre les ouvriers de Grece, & ceux de Rome. Ces derniers gaf terent du temps de Domitien l'ouvrage des premiers, qui eftoit d'une perfection achevée. Mais ce n'eft pas feulement du temps de Domitien que Rome a efté

Vers Lars Porfenna. 1 Plutarque dit, Vers Claras Porfennas mais c'eft une faute de Copiste. Il faut lire, Laras Porfenna. Laras, ou Lars, eft un mot Toscan, qui fignifie Roy. Et on donnoit ce nom à Porfenna, parce qu'il eftoit le plus puiffant de tous les

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