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Belle loy de So

les hommes comme

me corps.

Mais voulant encore plus fubvenir à la foiblesse du menu peuple, il fit une loi qui perlon, qui regardoit mettoit à tout le monde de prendre & d'efpou membres d'un mes fer la querelle de celui qu'on auroit outrage. Si quelqu'un avoit esté blessé, battu ou maltraité en quelque maniere que ce pust estre, le premier venu pouvoit poursuivre & mettre en Justice celui qui avoit commis l'excés, ce Legislateur ayant fagement voulu accoustumer par là fes Citoyens à fentir les maux les uns des autres, comme membres d'un feul & mefme corps. Et à cette ordonnance fe rapporte un mot qu'on dit de lui, car comme on lui demandoit un jour quelle ville lui fembloit la plus Quelle est la ville heureuse & la mieux policée, il refpondit que la plus heureuse. c'eftoit celle dont les Citoyens eftoient fi unis, que ceux qui n'avoient pas efté outragez fentoient l'injure faite à leurs compatriotes, & en poursuivoient la repara tion auffi vivement que ceux qui l'avoient receuë.

la mieux policée &

Il ne fit que reftablir augmenper fon autorité.

Il establit le Senat de l'Areopage, qu'il com¬

& le peuple d'un fort bouclier, y avoit deux fieges d'argent, l'un
afin qu'ils ne puffent eftre oppri- eftoit appellé le fiege de l'Impu
mez les uns par les autres, & voi- dence, & l'autre le fiege de l'in-
là l'égalité.
jure. L'accufateur s'affeïoit fur
celui-cy, & le criminel fur celui-
là. Cet Areopage ne fut pas efta-
bli par Solon, puifqu'il fubfiftoit
mille ans auparavant fous le regne
de Cecrops, qui après Cranaus
nomma ce lieu-là Areopage
Colline de Mars, aprés que Mars
y eut efté jugé, pour le meurtre
d'Halirrothius fils de Neptune

Il establit le Senat de l'Areopage.] L'Areopage eftoit une colline prés de la Citadelle d'Athenes, où il y avoit un enclos defcouvert, dans lequel les Juges s'affembloient pour juger les procés criminels & toutes les affaires les plus importantes qui regardoient l'Eftat & la Religion. I

pofa

Archontes toutes

Pififtratides y en

pofa de ceux qui avoient efté Archontes, & com- Il y avoit newf me il avoit cu cette charge, il fut du nombre les nées. des Juges. Mais voyant que l'abolition des dettes avoit rendu le peuple fier & haut à la main, Clifthene, aprés il créa un fecond Confeil de quatre cents hom- avoir chassé les mes, cent de chaque Tribu, devant lefquels adjousta encore on rapportoit toutes les affaires avant que de cent ce fut le les propofer dans l'affemblée du peuple, de Cents. forte que le peuple ne connoiffoit de rien qui n'euft efté auparavant bien veu & examiné par ce Confeil des quatre cents. Il referva à l'Areopage, comme à la Cour fouveraine, l'intendance generale de toutes chofes, & le foin de faire obferver les loix, dont il le fit le depofitaire; & il crut que l'Estat arresté & affermi par ces deux Cours, comme par deux bonnes ancres, ne feroit plus fi agité ni fi tourmenté, & que le peuple feroit plus tranquille.

La plufpart des Efcrivains conviennent que l'Areopage doit fon establissement à Solon, comme nous l'avons dit, & ce qui semble extrémement autoriser & confirmer ce tefmoignage, c'est que Dracon ne fait nulle part aucune mention des Areopagites, & ne cite pas mef

Avant Solon les plus gens de bien de la ville eftoient les Juges; Solon fut le premier qui trouva à propos qu'il n'y euft que les Archontes fortis de charge, qui fuffent honorez de cette dignité; & comme il augmenta beaucoup Tome I.

l'autorité de cette Compagnie, il
en fut regardé comme le Fonda-
teur. Il n'y avoit rien de plus
grand, ni de plus augufte que ce
Senat, ni rien qui égalaft la gloire
de ces Senateurs. Ils eftoient ho-
norez comme des Dieux,,
Fff

Ils eftoient diftri

buz dans em

chambres.

me leur nom, mais il s'adresse tousjours aux: Juges criminels Ephetes, quand il s'agit de meurtres, & de * nombre de so. caufes qui vont à la mort. Cependant la huitiéme loy de la troifiéme table de Solon dit en termes formels, que tous ceux qui ont effé notez d'infamie avant que Solon fuft Archonte, foient rehabilitez reftablis, excepté feulement ceux qui pour caufe de meurtre ou de brigandage, ou pour avoir afpiré à la tyrannic, ont efté condamnez par l'Arcopage ou par les Ephetes, ou dans le Prytanée par les Rois &qui estoient actuellement en fuite quand cette loy a les Arecontes, dont efté faite..

C'est-à-dire,

par

be premier eftoit appellé Roy.

Cela n'eft pas ne-
Areopage eftoit a.

erffaire, puifque

vant Solon.

que

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Ces paroles femblent prouver que l'Areopage eftoit cftabli avant que Solon fuft en charge, & qu'il euft fait des loix ; car qui font donc ceux qui ont efté condamnez par l'Areopage avant Solon, fi ce fut Solon qui establit l'Areopage,. & qui lui donna toute fon autorité ? A moins l'on ne dife, qu'il y a quelque obscurité dans le texte, ou qu'il y manque quelque chofe qu'il faut fuppleer, & que le fens de la loy eft que ceux qui auroient eité convaincus des crimes, dont la connoiffance appartenoit à la Cour de l'Areopage, aux Ephetes, & au Prytanée,, quand cette loy fut faite, demeureroient condamnez & que tous les autres feroient abfous. En effect c'eftoit l'intention de Solon.

Parmi les autres loix, il y en a une bien fin-

Parmi fes autres loix, il y en a ge.] Plutarque la condamne forune bien finguliere & bien eftran- mellement dans fon traité intitu

mais de les appaifer. Quand les
gens de bien & ceux qui ont le
plus d'autorité dans une ville de-
meurent neutres, les feditions ne

une fedition demeu

guliere & bien estrange; C'eft celle qui déclare Loy de Solon coninfames ceux qui dans une fedition de ville ne tre ceux qui dans prennent aucun parti. Il ne vouloit pas qu'on rent newires, fust insensible aux malheurs communs, & qu'aprés avoir mis fa perfonne & fes biens en feureté, on fe fift un merite, & que l'on triomphaft de n'avoir pris aucune part aux miferes de fa patrie; il vouloit que dés le commencement on embrassaft le parti le plus juste, que l'on courust le mefme danger, & qu'on n'attenlé Inftructions politiques, vol. 11. pag. 813. Celui, dit-il, à qui Dieu a donné le foin de l'effaim raisonnable & politique, mefurant la felicité du peuple par la tran- s'appaifent que par l'extinction quilité & par la douceur, recevra d'un des partis; au lieu que quand de tout fon cœur les autres ordon- ils fe jettent dans le parti qui leur nances & loix de Solon & les imi- paroift le plus jufte, ils adouciftera autant qu'il lui fera poffible; fent & appaifent ceux, dont ils mais il doutera & s'eftonnera à ont embraffé les interests, & atquoy penfoit ce perfonnage quand tirent le refpect & la confiance il ordonna que celuy qui dans une des autres, qui font perfuadez, fedition demeureroit neutre, & qu'ils ne cherchent que le falut & ne prendroit aucun parti, feroit l'utilité des deux partis. C'eftinfame. Il pretend que les gens de pourquoy le Philofophe Favori bien, demeurant neutres, ne feront nus difoit, que cette loy de Sofufpects à aucun des deux partis, lon devroit eftre obfervée dans તે & parlant tantoft à l'un & tantoft les querelles des amis & des freà l'autre, ils pourront plus fa- res, contre les amis communs qui cilement concilier les efprits, & ne fe declareroient point. Voilà les ramener. Pour moy j'avoue une grande queftion de politique que je ne ferois pas du fentiment dont on ne doit attendre la dede Plutarque & que cette loy de cifion que de ceux qui font habiSolon, bien loin de me fembler les dans cet art. eftrange, me paroist au contraire trés raisonnable & trés fage, le but du Legislateur eftant, non pas d'augmenter les feditions,

Qui declare infames. ] Elle les condamnoit encore à un banniffement perpetuel, tous leurs biens confifquez.

dift pas tranquillement de quel cofté pencheroit la victoire afin de fuivre le victorieux. Mais Jugement remar¬ il y en a une autre qui me paroift ridicule & que fur une loy de impertinente; c'eft celle qui permet à une riSo'on qui bleoit la che heritiere, dont le mari eft impuiffant, de

quable de Plutar

tudeur.

chercher à fe confoler avec tel des parents de fon mari qu'elle voudra choifir. Cette loy pourtant des approbateurs, qui trouvent qu'on ne pouvoit rien ordonner de plus juste contre ceux qui,connoiffant leur foibleffe,ne laiffent pas d'espouser de riches heritieres, afin de jouïr de leur bien, & font violence à la Nature pour profiter du privilege de la loy; car, dit-on, dois le mari maif- ces gens-là. voyant que leurs femmes auront la re du bien de la liberté de prendre ailleurs ce qu'elles ne trouveront pas chez elles, ne se marieront point du tout, où se marieront avec honte & confufion

Car cette loy ren

jemme.

C'est celle qui permet à une riche puiflants de fe marier & de tromheritiere, dont le mari, eft impuif- per la Nature, abufa de cette loy Sant. ] Il y avoit une loy qui or- qui n'eftoit faite que pour les he donnoit que les orphelines, qui ritieres, qui n'eftoient pas encore voudroient fe marier, fe marie- mariées, & qui leur montroit le roient à leurs plus proches parents, mari qu'elles devoient efpoufer, orba, qui funt genere proximi,iis il l'eftendit fur celles qui estoient nubunto. C'eft cette loy que Phor- mariées & en pouvoir de mari; mion fait valoir dans Terence. & rien n'eft plus oppofé à la fa-. Phorm. A&t. 1. Sc. II. geffe; c'eft pourquoy. Plutarque. a raifon de trouver cette loy ridicule & impertinente. Il eft bon. de prevenir ou de corriger les de fordres de..ces mariages infruc tueux, mais il ne faut pas les cor-riger par un defordre plus grand. encore & qui autorife la defbau Solon pour empefcher les im- che & la corruption...

Lex eft ut orba, qui funt genere. proximi, iis nubant.

Et c'eft la mefme loy que Moyfe avoit donnée au peuple de Dieu, Deuceron. xxv. v. Ruth. 2. & dont on voit un bel exemple.

Marc x11. 20. & Luc. xx. 28.

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