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Atheniens punis pour avoir violé le

ples.

qu'il a fait de ceux qui avoient vaincu aux jeuxPithyques, où il attribuë formellement ce decret à Solon. Il ne fut pourtant pas éleu Ge-neral pour cette guerre, comme Hermippus. affeure qu'Evanthes de Samos l'avoit escrit; Outre que l'Orateur Eschine n'en dit rien, on trouve le nom d'Alcmæon feul dans les Regiftres de Delphes..

Il y avoit désja fort longtemps que la venfacré afie des tem- geance Divine poursuivoit les Atheniens, pour Conjuration de punir le meurtre qui avoit efté fait des complices de la conjuration de Cylon. Car ces malCe temple eftoit heureux s'eftant refugiez dans le temple de Mi-. nerve, l'Archonte Megacles leur persuada de

Cylon.

dans la citadelle.

Qu'Evanthès de Samos] Il y a cienne Nobleffe, qui ayant ef voit deux autres Auteurs de ce. poulé la fille de Theagene, Tynom, l'un de Cyfique & l'autre ran de Megare, s'empara de la de Milet. Je ne fçay duquel des Citadelle d'Athenes, pendant la trois eft l'hiftoire d'un loup-ga- fefte des jeux Olympiques, fur la rou, dont parle Pline, Evan- foy d'un Oracle d'Apollon, qui thes, dit-il, qui eft un Auteur lui ordonnoit de faire cette entreconfiderable parmi les Grecs, nous prife pendant la plus grande feste apprend que les Arcadiens efcrivent de Jupiter. Il crut qu'il n'y avoit que dans leur pays il y a une famille. pas de plus grande fefte pour ce d'un certain Antaus, de laquelle Dieu que les jeux Olympiques, &. un homme choisi par le fort va à un il ne prit pas garde qu'on cele certain eftang, fe deshabille, pend fes habits à un chefne, traverse l'eftang, s'en va dans les deferts, &f change en loup.

Il y avoit desja long-temps que la vengeance Divine poursuivoit les Atheniens pour punir le meurtre qui avoit efté fait des complices de la conjuration de Cylon. ] Cylon efois un Athenien d'une trés an

broit à Athènes une trés grande. fefte appellée Diafia, en l'honneur de Jupiter, & que c'eftoit peut-eftre de celle-là, dont Apollon avoit parlé. Quoy qu'il en foit, cette équivoque fuffit pour jufti- fier l'Oracle; car les Oracles: n'ont jamais tort. Cylon fut affiegé dans la Citadelle, & fi preflé par la faim & par la foif, qu'il

Ses buit Collegues.

Car il y avoit tou-
Archontes.

tes les années neuf

venir fe prefenter en jugement, & comme ils: ne pouvoient se refoudre à quitter leur afyle il leur confeilla d'attacher un fil à la ftatuë de lå Déeffe, leur faifant entendre que pendant. qu'ils tiendroient ce fil, ils ne feroient pas moins en feureté que s'ils eftoient dans le temple mefme; mais ce fil s'estant rompu quand ils furent vis - à - vis le temple des Furies, Megacles & fes Collegues, fe faifirent de la plufpart d'eux, alleguant que, puifque ce fil s'eftoit rompu de lui-mefme, c'eftoit une marque vifible que la Déeffe leur refufoit fa protection, & ne vouloit pas les tenir en fa garde. Ceux qui furent pris furent lapidez fur le champ; On alla efgorger au pied des autels, ceux qui s'eftoient fauvez dans le temple de ces formidables Déeffes, & il n'en efchappa que ceux qui purent aller fe jetter aux pieds des femmes de ces Officiers qui à cause de cette action abominable, furent appellez maudits & excommuniez & regardez comme Officiers appellez fe fauva avec fon frere, & laiffa teurs de ce crime, eux & leurs muniez à cause d'un meurtre qu'ils fes troupes, qui la plufpart peri- defcendants, & exilerent toutes voient commis rent de mifere; & les autres s'ef- - les familles de ceux qui reftoient, tant refugiez dans le temple de ce qui caufa encore long-temps Minerve, eurent le fort que Plu- aprés de fort grands defordres. tarque 'rapporte icy; ils furent Cette Conjuration de Cylon fur efgorgez dans les temples & à la faire du temps mefme de Solon veuë des autels, dont on les avoit vers l'Olympiade XLV. 598. ans arrachez ou par force, ou par avant J. C. Car il eft certain que adreffe. Les Dieux,offenfez de ce Megacles fut Archonte la premiefacrilege, envoyerent de grands re année de cette Olympiade. fleaux aux Atheniens, qui pour les appaifer, excommunierent & maudirent publiquement les Au

Furent appellez maudits & excommuniez. ] J'ay confervé ce dernier terme, parce que les An Ccc-iij

maudits

excom

l'objet de la haine publique. Ceux qui refterent du parti de Cylon, ayant repris le deffus avec le temps, & eftant devenus les plus forts, ne firent ni paix, ni treve avec les Defcendants de Megacles. Cette fedition eftoit alors dans fa plus grande force, de forte que Solon, voyant le peuple ainfi divifé, fe mit au milieu avec les principaux des Atheniens, & fit tant par ses pricres & par fes remonftrances, qu'il persuada à ces excommuniez de se sousmettre au jugement de trois cents des plus gens de bien de la ville. La caufe fut donc plaidée & Milon, du bourg de Phlyée, fut accufateur. On condamna tous les excommuniez. Ceux qui eftoient en vie furent Morts deterrex bannis, & on déterra les os de ceux qui eftoient morts, & on les jetta hors des frontieres de l'Attique. Cependant ceux de Megare, profitant de cette occafion, attaquerent les AtheVille maritime nicns, leur prirent Nifée & recouvrerent Salamine.

pour eftre bannis.

fur le golfe de Corinthe. Ce fut le port de Megare.

Dans ce mefme temps-là toute la ville d'Athenes fut troublée par des craintes fuperftitieuses & par des fpectres & des fantofmes. Les Devins affeuroient mefine qu'il paroiffoit par les victimes, que la ville eftoit fouillée de crimes &

dans les temples, & de participer aux eaux facrées, c'est-à-dire à l'eau luftrale, comme je l'ay remarqué fur l'OEdipe de Sopho

niens pratiquoient l'excommuni-
cation prefque de la mefme ma-
niere que nous. Car lorfque quel-
qu'un avcit encouru cette peine,
on lui défendoit publiquement cle.
d'affifter aux facrifices, d'entrer

Pheftus, vills

d'abominations qu'il falloit purger. Sur quoy
ils firent venir de Crete Epimenide, le Pheftien,
qui paffe pour le feptiéme fage dans l'efprit de de Crese.
ceux qui ne mettent pas Periandre de ce nom-

bre. Cet Epimenide avoit la reputation d'eftre Epimenide, Sa
un homme faint, fort aimé des Dieux & grande reputation.
pro-
fondement fçavant dans les chofes divines, fur
tout en ce qui regarde l'inspiration & les cere-
monies les plus myfterieufes & les plus cachées,
c'est-pourquoy on l'appelloit de fon temps le La Nymphe Bala
nouveau Curete, & le fils de la Nymphe Balté. té
Quand il fut arrivé à Athenes, il fit amitié par-
ticuliere avec Solon, & luy fraya le chemin
pour publier ses loix & pour les faire recevoir

C'est pourquoy on l'appelloit de fon temps le nouveau Curete. ] Diogene Laerce dit que ce nom lui fut donné par les peuples de. Crete. Ils vouloient dire par-là qu'il eftoit aufli fage & aulli habile que les Curetes, les Preftres qui avoient gardé Jupiter enfant.

Sur quoy ils firent venir de Crete Il arriva à Athenes vers l'OlymEpimenide, le Pheftien. ] 11 ap- piade 46. Les Atheniens lui apelle Epimenide Pheftien, parce voient envoyé Nicias, pour l'oqu'il fuit l'opinion de ceux qui ef- bliger à faire ce voyage. crivent qu'il eftoit de la ville de Phefte. Mais le plus grand nombre eft de ceux qui difent qu'il eftoit de Gnofle. Dans Platon on rend ce tefmoignage à ce Philofophe, qu'il eut plus d'efprit que tous les autres hommes, & qu'il predit la guerre des Perfes dix ans avant qu'on penfaft à en faire les preparatifs. Il avoit fait un traité de cinq mille vers de la generation des Curetes & des Corybantes; fix-miile vers fur l'expedition de Jafon; un traité en profe du Gouvernement & des facrifices de ceux de Crete ; quatre-mille vers fur Minos & fur Rhadamanthre;un traité en vers fur les expiations,

Et le fils de la Nymphe Balté.] On ne fçait qui eftoit cetteNymphe Balté. Diogene Laerce ef crit qu'Epimenide eftoit fi aimé des Nymphes, qu'elles lui donnerent une drogue qu'il confervoit dans la corne d'un bœuf, & dont une feule goute le tenoit long-temps vigoureux & sain, &

menide.

obfeques avant

Selan

Les femmes font

Sageffe d'Epi- au peuple; car il accouftuma les Atheniens à faire moins de defpenfe pour toutes les choses qui regardoient la Religion, & à eftre plus moderez dans leur deüil, en meflant d'abord à Atheniens Bar- leurs obfeques certains facrifices, qu'il fubftibares dans leurs tua à la place des couftumes dures & barbares qui regnoient auparavant & auxquelles la pluftousjours plus atta- part. des femmes eftoient particulierement attames aux coustumes chées; mais ce qui eft plus confiderable, par des que dures qu'elles propitiations, par des expiations & par des fondations de temples & de chapelles, il purifia & sanctifia si bien la ville, qu'il la rendit foufmife & obeissante à tout ce qui eftoit jufte, & beau coup plus fouple, plus docile & plus portée à vivre deformais en bonne intelligence & avec

chées que Les hom

Superftitienfes quel

Joient.

union.

On conte auffi de lui, que voyant le port

l'exemptoit de la neceffité de pren-
dre aucune autre forte de nour-
riture.

toutes blanches& d'autres toutes noires, qu'il les mena dans le lieu de l'Areopage,& que les laiffant aller,il ordonna à ceux qui les fuivoient, que par tout où elles fe coucheroient,ils les immolaffent fur le lieu mefme au Dieu qui y prefidoit ; ce qui fut executé,& à chaque endroit on élePar des propitiations, par des voit un autel, d'où vient que expiations & par des fondations de dans les bourgs de l'Attique on Temples.] Dans ces propitiations trouvoit beaucoup d'autels fans d'Epimenide on reconnoift quel- nom, anciens monuments de cette ques traces de l'expiation des He- ceremonie. Il fit baftir auffi plubreux, comme elle eft defcrite fieurs chapelles & plufieursTem dans le xvI. Chap. du Levitique ples ; & entre autres Contumelie car on efcrit qu'il prit des brebis fanum & Impudentia.

Qu'il fubftitua à la place des coustumes dures & barbares qui regnoient auparavant. ] Il veut parler fans doute de la couftume de se meurtrir & de fe déchirer le visage.

de

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