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Ce qui fit que les Lycurgue fe confer

Ordonnances de

verent plufieurs fié

de Numa s'eva

avec le laict, l'amour de fa police. Auffi vit-on que fes principales Ordonnances fe conferverent plus de cinq cents ans, comme une bonne & forte teinture qui a penetré jufqu'au fond. Au contraire, tout le travail de Numa, qui n'avoit visé qu'à maintenir Rome paifible & tranquille, les aprés luy, s'évanoüit avec luy. Car il ne fut pas plustost que le mort, que le temple aux doubles portes, qu'il neit incontinent avoit tousjours tenu fermé, comme fi veritable- aprés sa mort. ment il y euft enchaifné le Demon de la guerre, fut rouvert, & toute l'Italie remplie de fang & de carnage. Ainfi le plus beau & le plus jufte de de Fidenes, d'Altous fes eftabliffements ne dura prefque point, parce qu'il manquoit du feul lien capable de le maintenir, qui eftoit l'éducation de la jeuneffe. Mais quoy, dira quelqu'un, Rome ne s'eftelle pas beaucoup accrue & augmentée par les guerres? Voilà une queftion qui demande une longue refponse, fur tout quand on a affaire à des gens qui font confifter le bonheur & la force d'un Eftat dans les richeffes, dans le luxe & dans la grandeur, pluftoft que dans le falut pu

Auffi dit-on que fes principales cruë & augmentée par les guerres?] ordonnances fe conferverent plus de Plutarque fçavoit bien qu'il y cinq-cents ans. ] On ne fçauroit avoit des Politiques qui mefumettre dans un plus grand jour roient le bonheur des Estats à ni prouver par des faits plus fen- leurs forces, à leur grandeur & fibles les grands avantages que à leurs richeffes. Ce qui cft la plus l'éducation de la jeuneffe pro- fauffe de toutes les politiques. Un duit aux Eftats. Eftat n'aura jamais de bonheur durable & folide que par la vertu, Et Platon l'a demontré.

Mais quoy

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dira quelqu'un. Rome ne s'est elle pas beaucoup ac

Dans les guerres

be contre les

Latins.

Education de la bonheur des Ef

jeuneffe le feu! lien

du

tats.

tent le bonheur &

la

En quoy confis force d'un Etat.

Cinquieme avan

la

364 COMPARAISON DE NUMA, &c. blic, dans la douceur, la juftice, la fimplicité & temperance. Cependant on peut dire que cela mefme eft entierement à l'avantage de Lycur+ tage ila hycurgste gue, que les Romains fe foient accrus & aggrandis en renonçant aux Inftitutions de Numa, & que les Lacedemoniens n'ayent pas plustost violé les Ordonnances de Lycurgue, que de fort grands, ils font devenus fort petits, & qu'a prés avoir perdu l'Empire de la Grece, ils ont veu leur Eftat en danger d'eftre entierement defQuatrieme avan- truit. Mais il faut avouer auffi qu'il y a du merveilleux ou du divin dans Numa; Qu'eftant eftranger, il ait efté appellé au throne; Qu'il ait tout changé par la feule perfuafion; Que fans employer ni les armes ni la force, comme fit Lycurgue, qui se munit du fecours de la Noblesse contre le Peuple, il fe foit rendu maistre absolu d'une Ville partagée en diverses factions, & enfin que par la fageffe & par fa juftice feules, il ait fait naistre entre les Citoyens d'une Ville fi defunie l'union, l'amitié & la paix.

age de Nums.

Mais il faut avouër aussi qu'il curgue a faites? Un Legislateur, y a du merveilleur & du divin, que l'Oracle a declaré Dien plufdans Numi.] Ily a certainement toft qu'homme, s'eft-il attiré cet du n erveilleux & du Divin dans éloge fans qu'il y ait eu dans fes. ce que Plutarque rapporte icy de actions du merveilleux & du. Nuna; mais n'y en a t'il point divin?

dans les grandes chofes que Ly-

Fin de la vie de Nume

SOLON

L

voit du temps de

efcrit trois mille

Afclepiade de

E Grammairien Didyme, dans la Ce Didyme via refponse qu'il a faite à Afclepiade Jule Cefar. Il avoit fur les Loix de Solon, rapporte cinq cents volumes. un paffage d'un certain Philocles, Myrlée en Bithynie, où le pere de Solon eft appellé Historien qui vivois Euphorion, contre l'opinion generale de tous J. C. les Efcrivains, qui luy donnent pour pere Exc- Origine de Solònas cheftides, homme d'un bien mediocre & d'une

Rapporte un paffage d'un certain Philocles. ] Il y a eu de ce nom un Poëte Comique, neveu d'Efchyle & contemporain d'Euripide. Mais je doute que ce foit

celui dont Plutarque parle icy...
Je ne fçay fur quoy Amiot a leu
Amphicles. Athenée cite de ce
dernier un ouvrage qui avoit
pour titre, l'Hiftoriographe.

200. ans avant

fortune peu elevée, mais de la plus noble maifon d'Athenes, car du cofté de fon pere il defcendoit de Codrus, & fa mere, felon Heraclide avoit esté difciple de Pont, eftoit coufine germaine de Pifistrate.

Hiftorien qui

d'Ariftote de

Platon.

Obligations recipro

Cette parenté fit naiftre dés le commencement entr'eux une amitié fort eftroite, qui fut fortifiée enfuite par l'amour que les rares qualitez & la beauté de Pififtrate donnerent à Solon; & ce fut, à mon avis, la feule raison qui les empefcha de se porter à rien de trop aigre & de trop violent dans les differents qu'ils curent depuis fur le gouvernement de la Republique, feurs premiers devoirs & leurs premieres obliques de ceux qui gations demeurant tousjours fortement imaprés s'eftre aimez. primées dans leur cœur, malgré leur animosité, & y confervant le fouvenir & la reconnoiffance de leur amour, comme une vive eftincelle d'un feu trés-ardent; Car que Solon ne fuft pas à l'efpreuve de la beauté, ni un assez Car du cofté de fon pere, il def- né à la vertu, le plus humain & cendoit de Codrus. JEt par con- le plus porté à foulager la mifere fequent il eftoit de la famille des des pauvres, comme on le verra Rois de Pylos, car Nelée eftoit dans la fuite. On a encore beaule cinquiéme ayeul de Codrus. coup d'exemples de fa clemence dans les Hiftoriens. Pour ce qui eft de fon efprit, de fon fçavoir & de fon éloquence, on n'a qu'à voir les eloges que les anciens lui ont donnés. C'est à fes foins nous devons les Poëmes d'Homere tels qu'ils font aujourd'huy. Il fut le premier qui fit une Bibliotheque dans Athenes & qui la donna au public.

Que les rares qualitéz & la beauté de Pififtrate donnerent à Solon. ] Si jamais les grandes qualitez d'un Tyran avoient peu rendre la Tyrannie une Royauté legitime, comme les amis de Solon le pretendoient, celles de Pififtrate auroient deu faire un changement fi merveilleux ; car c'eftoit l'homme du monde le plus

que

pour les exercices;

car

c'est proprement

ce que fignifie le mot Grec.

vaillant Athlete pour combattre de pied ferme Foibleffe de Solon. contre l'amour, c'eft ce qu'on infere aifément de fes poëfies, & plus encore d'une loy qu'il fit pour defendre aux efclaves de fe parfumer & Il leur defendoit d'aimer les beaux garçons. En effet on voit de fe frotter d'huile bien par-là qu'il mettoit cette paflion du nombre des inclinations les plus loüables & les plus vertueufes, & qu'il taschoit, pour ainsi dire, de l'infpirer à ceux qui en eftoient dignes, dans le mefme temps qu'il l'interdifoit à ceux qui ne l'eftoient pas. Aufli dit-on que Pifistrate eftoit l'amant de Charmys, & que ce fut luy qui confacra dans le parc de l'Academie la ftatuë de l'Amour prés de l'autel où on allume le flam

Ni un affez vaillant Athlete parfumer.] Il leur défendit έweg 208pour combattre de pied ferme contre ev, unctiones ficcas, de fe frotter L'amour. Plutarque employe d'huile feche, fi l'on pouvoit ainfi fouvent dans fa profe des pafla- parler. C'eft à-dire qu'il leur déges des Poëtes fans en avertir & fendit l'huile des exercices qu'il c'eft ce qui donne fouvent à fon appelle feche, parce qu'elle eftoit. ftyle une grace, qui fait encore meflée de pouffiere & de cire, & plus de plaifir, quand on en con- c'eft ce qu'on appelloit ceroma. noift la fource. En voici un exem- Je fçay bien qu'on a pretendu ple fenfible; ces mots que par cette onction feche, il faut entendre la matiere dont on fe frottoit aprés les exercices, & qu'on appelloit Diapafma, qui eftoit une compofition de plufieurs drogues feches, dont on fe fervoit aprés les exercices & le bain, pour arrefter la fueur. Mais cela ne fçauroit s'accorder avec le but de Solon, qui vouloit interdire aux efclaves les exercices des hommes libres.

is eas ne font point de lui, il les a tirés de ces vers de Sophocle dans fes Trachinies,

Ερωτι μὲ νῦν ὅτι απ' τονίζει
Πύκτης ὅπως ἐις χείρας, ο καλώς

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Celuy qui entreprend de refifter à l'amour & d'en venir aux mains avec lui comme un vaillant Athlete, il prefume trop de fe forces.

Et plus encore d'une loy qu'il fit pour défendre aux efclaves de fe

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Prés de l'autel, où l'on allumé le

Onfaifoit à Ather appelloit la course

nes une courfe qu'on

du flambeau.

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