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le golfe de Corin.

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Deux villes fur paffoit de Sicyone à Cirre, l'efprit du Dieu, the Sicyone dans qui le fentoit venir, & qui fe réjouiffoit de fa le Peloponese, venue, faififfoit la Propheteffe de Delphes, & de Locres an def- luy infpiroit ce vers heroïque,

Cirre dans le pays

au

Jus de Delphes.

Hippolyte revient, il repasse la mer.

On dit de mefme que Pan aima Pindare à caufe de fes Poëfies; Que les Dieux firent beaucoup d'honneur à Hefiode & à Archiloque aprés leur mort; & qu'Efculape alla loger chez So

Hippolyte Sicyonien.

On dit de mefme que Pan aima Pindare. A caufe de la beauté de fes hymnes, & de la particuliere devotion que ce Poëte avoit pour luy, car on remarque qu'il avoit choifi fa demeure prés du temple de Rhea & de Pan,& qu'il compofoit les cantiques, que les filles de Thebes chantoient à fon honneur la nuit de fa fefte, & dans lesquels il appelloit Pan, le doux foin des Graces.

Et que les Dieux firent beaucoup d'honneur à Hefiode & à ArchiLoque aprés leur mort.] Pour ce qui eft d'Hefiode, voicy l'hiftoire que Plutarque avoit fans doute devant les yeux: Aprés la mort de cePoëte, qui fut enterré en Etolie dans le territoire de Naupacte, àl'embouchure du golfe de Corinthe, les Orchomeniens, peuples de Beotie, affligez d'une pefte fort cruelle, envoyerent à Delphes demander un remede contre un mal fi preffant. La Preftreffe leur refpondit que le mal ne cefferoit

qu'après qu'ils auroient porté dans leur pays les os du Poëte Hefiode; & qu'une corneille leur monftreroit le lieu où ils eftoient enterrez. La pefte ceffa dés qu'ils eurent obéi à l'Oracle. Pour ce qui eft d'Archiloque, voicy l'honneur qu'il recent aprés fa mort. Ayant efté tué dans une bataille par un foldat de Naxe, la premiere fois que ce foldat fe prefenta dans le temple de Delphes, il en fut chaffé par la Preftreffe, parce qu'il avoit tué un homme confacré aux Mufes. Il voulut se ju ftifier auprés d'elle & appaiser le Dieu par fes prieres, mais il receut un oracle, qui luy ordonna d'aller avant toutes chofes dans la maifon dun certain Tettix prés du Promontoire de Tenare, &là de conjurer & d'appaifer par fes libations & par fes facrifices l'ame d'Archiloque,

Et qu' Efculape alla loger chez Sophocle pendant la vie de ce Poëte; Tradition qui eft appuyée fur des fondements qui durent encore & qui

phocle

phocle pendant la vie de ce Poëte: Tradition
qui eft appuyée fur des fondements qui durent
encore & quien marquent la verité. L'on adjouste
qu'àprés la mort, un autre Dieu eut foin de luy Bacchus.
faire donner un tombeau fort honorable. Seroit-
il donc jufte de croire que les Dieux ayent tant
honoré des Poëtes, & qu'ils n'ayent pas daigné
faire le mefme honneur à Zaleucus, à Minos, à
Zoroastre, à Numa, à Lycurgue, qui ont tous
fondé des Republiques & gouverné de grands
Eftats? Et n'eft-il pas au contraire plus vray-
femblable que ces Dieux ont converfé fami- Les Dieux se
lierement avec ces grands Perfonnages, pour
leur infpirer les belles chofes qu'ils ont execu-

en marquent la verité. ] Je ne lée la nouvelle Sir.ne qui venoit de
fçay quels font ces fondements,
qui duroient encore du temps
Plutarque, & qui marquoient la
verité de cette tradition, qu'Ef-
culape avoit logé chez Sophocle.
C'eftoit peut eftre quelque infcri-
ption.

mourir à Athenes. Lyfandre ne
d'abord grand compte de
de fit pas
cette apparition, mais Bacchus
revint une feconde fois, & Lyfan-
dre, ayant fccupar un transfuge
que c'eftoit Sophocle qui eftoit
mort, permit aux Atheniens de
Fenterrer, & honora fon convoy
de fa prefence.

L'on adjouste, qu'aprés fa mort un autre Dieu eut foin de luy faire donner un tombeau fort honorable. ] Cet autre Dieu, c'eft Bacchus. Voicy l'hiftoire: Lyfandre affie geant Athenes, occupoit la fortereffe de Decelée, où eftoit le tombeau des Anceftres de Sophocle. Ce Poëte vint à mourir dans ce temps-là. On ne pouvoit donc l'enterrer dans le tombeau de fa famille. Bacchus s'apparut en fonge à Lyfandre, & luy ordonna de permettre d'enterrer dans Dece

Tom. I.

A Zaleucus.] Qui donna des Loix aux Locriens d'Italie dans la grande Grece, & qui vivoit vers le temps de-Pythagore.

A Zoroastre. Au Mage Zoroaftre, Roy de la Bactriane, qui, felon quelques uns, vivoit du temps de Minos,prés de deux mille ans avant J. C. Et felon d'autres, dont l'opinion eft mefme plus vray - femblable, neuf cents ans aprés ce mefme Minos, c'est-àOo

communiquent plus

facilement aux

homines d'Eftat,

qu'aux Poëtes.

tecs, & qu'ils n'ont eu de commerce avec les Poëtes & les Joueurs de lyre, s'il eft vray qu'ils en ayent eu, que pour le plaifir feulement Cependant fi l'on eft d'un avis different du mien, le chemin eft large ouvert, pour me fervir des paroles de Bacchylide. Car il ne laiffe pas d'y avoir quelque vraye - femblance dans ce que d'autres ont dit, que Lycurgue, Numa & ces font fervis les hom- autres grands hommes, pour adoucir & pour mener les hommes apprivoifer des peuples feroces & difficiles à manier, & pour faire mieux recevoir les grandes nouveautez, qu'ils vouloient introduire, firent femblant d'eftre appuyez fur l'autorité des Dieux, feule capable de fauver ceux en faveur defquels ils faifoient cette feinte...

Adriffe dont fe

ones d'Eftat pour

Numa éleu Roy. à l'age de 40. ans.

Numa eftoit dans fa quarantiéme année.lorf

dire cent ans aprés la guerre de
Troye.

S'il eft vray qu'ils en ayent ou]
Plutarque doute que les Dieux
ayent daigné s'amufer avec les
Poëtes, qu'il regarde comme des
gens inutiles à un Eftat. En quoy
il fe trompe.

de l'apparence que ce fut ce qui aigrit Pindare contre Bacchylide, &quide porta à lascher contre lay des traits fort piquants. Un Poëte ne pardonne guere à un rival qu'on luy prefere, ou qu'on luy égale.

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Car il ne laiffe pas d'y avoir quelque vray-femblance dans ce que Pour me fervir des paroles de d'autres ont dit. ] C'est le SentiBacchylide.] C'effoit un Poëte ment de Denys d'Halicarnaffe: Lyrique de Ceos, neveu du Ceux qui banniffent de l'Hiftoire Poëte Simonide. C'eft luy qui a toutes fortes de Fables, difent que dit que la chasteté est le plus grand Numa feignit ce commerce avec ornement d'une belle vie.Grand mot. Egerie, afin que les peuples recenf→ pour un Payen. Si nous en croyons fent avec plus de refpect & de dele Scholiafte de Pindare, fes ou-votion fes Loix, comme venant des vrages furent preferez à ceux de Dieux mefmes. Et c'est ainsi qu'aPindare mefme dans les jeux Py voient fait avant luy Minos thiques par Hicron, Et il y a bien Lycurgue, &

deurs, que les Rom

fa nomination.

que les Ambassadeurs des Romains arriverent auprés de luy, pour le prier d'accepter l'Empire. Ceux qui porterent la parole, furent Vo- Les AmbalaIefus & Proculus, qui tous deux avoient efté en mains luy envoyent cftat de se voir élevez fur le throfne, les Ro- pour luy apprendre mains favorifant extremement Proculus, & les Sabins eftant entierement portez pour Volefus. Il ne luy firent pas de longue harangue, perfuadez qu'il feroit ravi d'un si grand bonheur ; mais c'eftoit au contraire une chofe trés-malaifée & qui demandoit de longs discours & des infinuations trés-fortes, que d'esbranler un homme, qui avoit tousjours efté nourri dans le fein de la paix & du repos, & de le porter à prendre le gouvernement d'une ville, qui devoit à la guerre fon origine & tout fon accroiffement. Il refpondit à ces Ambassadeurs en prefence de fon pere & d'un de fes parents, nommé Martius, & leur dit: Que tout changement dans la vie de l'homme eftoit dangereux; Que celuy à qui le de Rome. neceffaire ne manquoit point, & qui ne pouvoit fe plaindre de fa fortune prefente, faifoit une infigne folie de renoncer à un estat fi heureux & à une vie qu'il avoit accouftumée, & qui, quand elle n'auroit pas d'autre avantage, avoit tousjours celuy d'eftre plus feure que Name Empire. tout ce qui eftoit incertain douteux; Que l'Empire Romain n'eftoit pas mefme de ces chofes douteuses & incertaines, quand on confideroit ce qui venoit d'arriver à Romulus, qui pendant fa vie avoit tu le malheur d'eftre accusé d'avoir fait affaffiner Tatius pour regner

Reponse de Numa

aux Ambassadeurs

Belle regle pour

vie.

Raifons dont
fe fert pour

refuser

Tous les Senateurs.

Inclinations da Numa.

feul,

qui aprés fa mort avoit couvert d'une eternelle infamie tous ceux de fon ordre, qui estoient regardeZ comme fes meurtriers ; que les Romains ne cefforent. de dire de Romulus qu'il eftoit fils des Dieux, qu'il avoit efté nourri Divinement, & qu'à fa naissance il avoit efté fauvé d'une maniere miraculeufe. Pour moy, adjoufta-t'il, je fuis né d'une race mortelle, j'ay efté nourri & élevé par des hommes, que vous connoiffez,

la

tout ce qu'on eftime en moy, ce font les qualitez d'un homme, qui n'eft nullement propre à regner; c'eft l'amour du repos; c'est une vie retirée & entierement appliquée à l'eftude; c'est une violente passion pour paix, pour tout ce qui ne fent point la guerre, & pour les affemblées que font des hommes, qui ne cherchent qu'à fe rejouir enfemble, à fervir & honorer les Dieux pendant les festes, & qui passent le reste du temps chez sux à cultiver la terre, & à nourrir des troupeaux 3 au lieu que Romulus vous a laiffe fur les bras des guer res, peut eftre trop legerement entreprifes, & pour fouftenir, vous avez befoin d'un Roy vigoureux & actif. D'ailleurs voftre ville eft fi accoustumée aux armes &fi enflée de fes grands fuccez,qu'on voit bien qu'elle ne cherche qu'à s'agrandir & qu'à commander aux autres; ainfi quand il n'y auroit pas d'autres confiderations, on feroit tousjours ridicule de vouloir enfeigner à fervir les LaJrfice & la Dieux, à aimer la justice, à hair les violences & ofre enseignées à la guerre, à un peuple, qui demande bien plus à fuivre un Capitaine, qu'à obéir à un Roy.

Religion ne peuvent

un peuple qui aime la guerre.

les

Numa s'eftant fervi de ces raifons, les Ro mains redoublerent leurs efforts, & le prefferent

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