Page images
PDF
EPUB

Repliqué, crié, tempêté,

Le Juge, inftruit de leur malice,

Leur dit, Je vous connois de long-temps, mes amis;
Et tous deux vous payrez l'amende :

Car toy Loup tu te plains quoy qu'on ne t'ait rien pris,
Et toy Renard as pris ce que l'on te demande.
Le Juge pretendoit qu'à tors & à travers

On ne sçauroit manquer condamnant un pervers.

Quelques perfonnes de bon fens ont crû que l'impoffibilité & la contradiction qui eft dans le jugement de ce Singe, eftoit une chofe à cenfurer; mais je ne m'en fuis fervy qu'apres Phedre, & c'eft en cela que confifte le bon mot, felon mon avis.

[graphic]
[graphic][merged small][merged small]

DEUX Taureaux combattoient à qui poffederoit

Une Geniffe avec l'empire.

Une Grenoüille en foûpiroit.
Qu'avez-vous? fe mit à luy dire
Quelqu'un du peuple croaffant.
Et ne voyez-vous pas, dit-elle,
Que la fin de cette querelle
Sera l'exil de l'un; que l'autre le chaffant
Le fera renoncer aux campagnes fleuries?
Il ne regnera plus fur l'herbe des prairies,

[graphic][subsumed][subsumed]

Viendra dans nos marefts regner fur les roseaux,
Et nous foulant aux pieds jufques au fond des eaux,
Tantoft l'une, & puis l'autre ; il faudra qu'on patiffe
Du combat qu'a caufé madame la Genisse.

Cette crainte eftoit de bon fens.

L'un des Taureaux en leur demeure
S'alla cacher à leurs dépens,

Il en écrasoit vingt par heure.
Helas! on void que de tout temps

Les petits ont paty des fottifes des grands.

« PreviousContinue »