LES Fables ne font pas ce qu'elles femblent estre. Le plus fimple animal nous y tient lieu de maistre. Une morale nuë apporte de l'ennuy: Le conte fait paffer le precepte avec luy.. En ces fortes de feinte il faut inftruire & plaire; Et conter pour conter me femble peu d'affaire. C'est par cette raifon qu'égayant leur esprit Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit. Il renferme toûjours fon conte en quatre Vers; Y coufant en chemin quelque trait feulement. UN Pâtre à fes Brebis trouvant quelque méconte, Il s'en va prés d'un antre, & tend à l'environ Si tu fais, difoit-il, ô Monarque des Dieux, Que le drofle à ces laqs fe prenne en ma prefence, Et que je goûte ce plaisir, Parmy ving Veaux je veux choifir Le plus gras, & t'en faire offrande. A ces mots fort de l'antre un Lion grand & fort. Que l'homme ne fçait guere, helas! ce qu'il demande! Pour trouver le Larron qui détruit mon troupeau, Et le voir en ces laqs pris avant que je parte, UN Fanfaron amateur de la chasse, Dans le moment qu'ils tenoient ces propos, Le Lion fort, & vient d'un pas agile. Le Fanfaron auffi-toft d'efquiver. O Jupiter, montre-moy quelque azile, La vraye épreuve de courage N'eft que dans le danger que l'on touche du doigt. Tel le cherchoit, dit-il, qui changeant de langage S'enfüit auffi-toft qu'il le void. |