Page images
PDF
EPUB

A L'INSTITUT

DE FRANCE.

C'EST dans les Ouvrages d'un grand nombre de vos Prédécesseurs, et surtout de vos Membres, que j'ai puisé la plupart des mots, des acceptions, des définitions et des PENSÉES dont ce Dictionnaire est enrichi; parmi vos noms figurent ceux des grands hommes qui ont contribué le plus, par leur génie, à rendre la Langue française universelle; votre Commission du Dictionnaire a cru pouvoir mettre cet Ouvrage au rang des livres qu'elle consultait ; je remplis donc un devoir lorsque je vous en offre l'hommage, et ce sera pour moi la plus douce récompense, si vous croyez devoir accueillir encore cette Édition du DICTIONNAIRE réellement UNIVERSEL, puisqu'il offre aux Lecteurs, aux Écrivains la Collection de tous les mets représen tants d'une idée, dans notre belle Langue.

BOISTE.

N. B. Il est indispensable de lire l'AVIS PRÉLIMINAIRE et les ADDITIONS et CORAECTIONS pour mieux profiter des 48 objets particuliers d'utilité de ce DICTION MARE et rectifier quelques exemples.

MOY WIN OL

SUR L'USAGE ET L'UTILITÉ

DE CE DICTIONNAIRE,()

POUR LES PERSONNES QUI PARLENT, LISENT OU ÉCRIVENT LE FRANÇAIS.

Le DICTIONNAIRE UNIVERSEL d'une langue doit contenir tous ses mots représentants d'une idée.

CE Dictionnaire, réellement universel, doit renfermer (si l'Auteur atteint son but) tous les genres d'utilité générale et particulière qu'un Dictionnaire portatif peut offrir à toutes les classes d'AUTEURS et à toutes celles de LECTEURS nationaux ou étrangers qui connaissent ou veulent apprendre la Langue française.

Chacun des Dictionnaires français, indépendamment de leur utilité commune, a son mérite, ses richesses particulières; le Lecteur qui ne consulte qu'un Dictionnaire, se prive donc de ce que les autres renferment de plus ; mais, s'il en parcourt plusieurs, il reconnaît que plus on a de ces livres, plus on a d'incertitudes qui ne pourraient être levées qu'en les consultant tous. En effet, ces Dictionnaires ne sont pas d'accord entre eux pour les Acceptions et les Définitions, encore moins pour l'Orthographe; leurs nomenclatures, en général, offrent un très-grand nombre de mots admis par les uns, rejetés par les autres; mots toujours nécessaires au Lecteur qui les voit dans un livre quelconque, et n'en connaît pas le sens.

L'Auteur de cet ouvrage a entrepris, 1o de réunir sans confusion, pour les LECTEURS et les AUTEURS, tous les genres d'utilité, toutes les richesses communes à tous les Dictionnaires ou particulières à chacun d'eux; 2o de lever les incertitudes que l'on éprouve en consultant plusieurs de ces ouvrages; 3° de délivrer de la pénible nécessité de les consulter tous pour faire un choix ou fixer

son opinion.

Il a rassemblé, pour y réussir, tous ces Dictionnaires; il les a comparés les uns avec les autres; il a noté toutes les différences d'Acceptions, de Définitions, d'Orthographe, recueillant avec soin tout ce que chacun d'eux donnait de plus; avec les citations de noms des Lexicographes; opposant le plus grand nombre résulter de ce long et fastidieux travail, s'il a au plus petit, ou l'autorité la plus respectable aux autorités plus faibles : il doit TIF DES DICTIONNAIRES, Extrait qui donne en même temps leur CONCORDANCE GÉNÉBALE, leur CRITIQUE et leur SUPPLÉMENT.

*Sous ce

été bien fait, un EXTRAIT COMPARA

rapport ce Dictionnaire, qui de plus contient toutes les nomencla

tures françaises, pourrait être intitulé PAN-LEXIQUE français, et l'Auteur lui aurait donné ce nom qui contient l'idée la plus exacte de cet ouvrage, s'il n'a

vait craint

dre pour un nouveau Dictionnaire; mais du moins a-t-il fait mettre ce nom en

que ce titre auquel le public n'est point accoutumé, ne le fit pren

médaillon.

Ce travail n'aurait pas encore suffi pour atteindre le but proposé. Les Diction

naires ont, en

consulté les ouvrages des bons Auteurs anciens, et encore moins les ouvrages () N. B. Les asterisques et les || indiquent les additions à l'Avertissement des éditions

général, été stationnaires; ceux qui les ont publiés n'avaient pas

precedentes.

des Modernes : cependant le génie des écrivains des 17 et 18° siècles, et du 19, dont plus d'un quart s'est écoulé, les progrès des Sciences et des Arts ont apporté de grands changements dans la langue, et l'ont enrichie ou modifiée; ils ont étendu ou éclairé les connaissances humaines : l'Auteur a recueilli dans les Écrivains anciens et modernes ces richesses, et particulièrement d'excellentes définitions négligées par les Lexicographes; il les a caractérisées et réunies à celles des Dictionnaires dont le sien est encore le SUPPLÉMENT SOUS ce nouveau rapport. (Voyez ci-après, page 11).

Des Ecrivains célèbres, des Savants, des Philosophes, des Littérateurs, VOLTAIRE, FÉNÉLON, LOCKE, D'ALEMBERT, VAUVEnargues, RivarOL, etc., etc., ont regardé la rédaction d'un Dictionnaire comme un ouvrage assez important pour en faire l'objet de leurs méditations; ils ont reconnu que plusieurs genres d'utilité manquaient aux Dictionnaires; mais aucun de ces Ecrivains n'eut la patience ou le loisir d'entreprendre ce perfectionnement: l'Auteur a tâché de l'exécuter d'après leur plan; il a réuni les genres d'utilité désirés par ces grands écrivains et négligés par les Lexicographes; il les a combinés avec ceux des Dictionnaires existants, avec celui qui résulte de leur EXTRAIT COMPARATIF et de l'EXTRAIT des ouvrages les plus estimés dans tous les genres de cette combinaison est né le plan entièrement neuf d'après lequel il a entrepris cet Ouvrage et choisi ses matériaux. Quoique livré tout entier à son exécution, il n'a pu le réaliser que par vingt-cinq années d'un travail assidu; il a successivement mis au jour ses tentatives, et l'accueil favorable que leur ont toujours fait le Public, les Journalistes et des Chefs de l'instruction publique, a soutenu sa patience et son courage. L'Auteur avait souvent senti le besoin d'un tel Dictionnaire; il a tâché de le faire pour les autres, comme il avait souhaité qu'un autre l'eût fait pour lui. * Le Rédacteur d'un nouveau Dictionnaire (de 1820), éditeur lui-même du Dictionnaire de l'Académie (en 1801), a cru pouvoir dire dans son Discours préliminaire : « Il n'est pas étonnant que nous n'ayons pas un bon Dictionnaire de notre langue, surtout si l'on considère la fausse route que l'on a prise pour recueillir les mots, les tours et les expressions dont la langue s'est enrichie successivement. » L'Auteur de celui-ci, n'ayant pas de plus ardent désir que de suivre la bonne route qu'il croyait tracée par ses prédécesseurs, et par les écrivains qu'il vient de nommer, s'était proposé, après examen, de suivre celle que ce Rédacteur aurait adoptée dans son nouveau Dictionnaire, avec d'autant plus de confiance, qu'il dit encore (page vj) : « On ne nous taxera pas de beaucoup d'amour-propre, si nous pensons que notre ouvrage est meilleur que le vieux Dictionnaire de l'Académie, et que tous ceux que l'on a publies jusqu'à présent... parce que nous avons abandonné l'ancienne routine qui s'opposait à une bonne exécution, pour prendre une route plus naturelle, plus facile, plus sûre, plus fertile en résultats utiles; » et meilleure même, par conséquent, que celle que ce Rédacteur avait suivie dans son édition de l'Académie (en 1801) route encore suivie par le Rédacteur d'un nouveau Dictionnaire (1823) qu'il dit également être le meilleur de tous.

* L'Auteur de celui-ci n'ayant d'autre but, d'autre espoir que de faire le moins imparfait, le moins incomplet, s'était donc déterminé, d'après ces annonces de Dictionnaires successivement toujours meilleurs, au sacrifice de ses travaux qu'il regarderait comme nuls, s'il le fallait, prêt à les recommencer pour abandonner la routine et suivre la bonne route : il a, dans cette ferme intention, fait une étude particulière des nouveaux Dictionnaires; il a d'abord recueilli toutes les additions utiles, et profité quelquefois des mille à douze cents phrases critiques, et de même formule (mot que l'on trouve dans un Dic-tionnaire (celui-ci) où on lui fait signifier, etc.), phrase dirigée par l'un d'eux contre des mots offerts aux LECTEURS seulement du français, et non à ses'ÉCRIVAINS; distinction indispensable, négligée par les Lexicographes; puis s'apercevant 1o que He Rédacteur du nouveau Dictionnaire oubliait que les mots, « les ensembles de lettres représentant une idée, » n'ont par eux-mêmes aucun sens naturel; que leurs significations, leurs acceptions sont de simple convention, et que d'après

19

cet oubli, souvent ce Rédacteur changeait leur sens, leur signification, leur acception; ce qui les rend nuls, inintelligibles, même dangereux; le lecteur ne pouvant imaginer, par exemple, entre plusieurs, que le verbe ERIGER Signifiat, dans le nouveau Dictionnaire, changer en mieux la nature des choses que le HASARD soit une combinaison de circonstances; et la LUMIÈRE, ce au moyen de quoi les objets sont visibles, ce qui fait le jour, ce qui fait que nous voyons; 2°, que ce Rédacteur oubliant encore, ainsi que son successeur, qu'un Dictionnaire doit offrir tous les mots; tous les ensembles de lettres représentant une idée, et n'offrir que ces mots, supprimait aussi des mots employés même par La Fontaine, tels que Cuider; puis admettait des mots allemands qui pour des Français ne sont représentants d'aucune idée; voyant que du reste, il avait pris la même route que tous les Lexicographes antérieurs, parce qu'il n'y a réellement qu'une seule marche, l'ordre alphabétique des mots, leurs définitions, leurs acceptions usitées, en bon français: reconnaissant que ce Rédacteur, pour s'écarter de l'ancienne routine, notamment de celle de l'Académie (édit. de 1765, 1778, 1798 et 1801), avait souvent changé les définitions, et toujours remplacé les exemples par des fragments de phrases quelquefois fautives empruntées à des Auteurs modernes et qu'il peut être permis de ne pas préférer toujours aux premiers Rédacteurs du Dictionnaire de l'Académie; l'Auteur de celui-ci crut pouvoir, avec sécurité, reprendre pour base la 5° édition rédigée sur le plan, avec les matériaux, de tous les bons Dictionnaires anciens et nouveaux, et les améliorations exigées par d'ALEMBERT, VOLTAIRE, etc., etc. (Voyez page 8); mais obligé, par son plan même, de signaler le néologisme de définitions, d'acceptions, il a, dans cette édition, indiqué par des †† réprobatrices, les définitions du nouveau Dictionnaire, qu'il croit, sauf erreur, inexactes, inusitées, laissant aux Lecteurs le soin de les apprécier eux-mêmes.

* Sans doute l'Auteur, malgré ses nouveaux efforts, ne se flatte pas de donner le meilleur Dictionnaire, même après trente années de travail assidu, de tous les jours pendant plusieurs heures, mais peut-être le plus habituellement utile, le plus français, le plus réellement universel; enfin celui qui comprend le plus de choses en moins de mots; et le plus de mots représentant des choses, des idées. La réunion et la combinaison de ses divers genres d'utilité, dans un format portatif, pouvaient occasioner beaucoup de confusion, augmenter les difficultésau lieu de les résoudre ; l'Auteur croit avoir évité cetinconvénient en adoptant la méthode la plus claire, la plus précise: il s'est astreint à l'ordre le plus régulier dans la disposition de ses matériaux; il a soigneusement séparé, à l'aide do signes (VOYEZ LA TABLE), ceux qui conviennent aux AUTEURS, de ceux qui sont nécessaires à l'universalité des LECTEURS du français.

Aux AUTEURS, il donne, dégagés de tous signes particuliers, de toutes citations, les Mots, Acceptions, Définitions qui forment le corps de la Langue française, prise dans sa pureté académique, et recueillis dans les bonnes éditions du Dictionnaire de l'Académie ou dans les Écrivains les plus corrects, avec la citation de leurs noms; il y a joint la Concordance, l'Orthographe, la Synonymie, le Latin et l'Étymologie des mots, l'indication des divers Styles auxquels ils sont consacrés, celle de leur plus ou moins d'usage, et des observations critiques, lorsqu'ils en ont été l'objet : il offre ainsi les modèles à suivre et les fautes à éviter."

Aux LECTEURS, il donne, dans une nomenclature immense, mais bien caractérisée par des signes distinctifs et des citations, tous les mots du langage ancien et moderne, de l'Archaiologie, de la Néologie et du Néologisme; tous les termes de Sciences, Arts, Métiers, Manufactures, etc., qui peuvent les arrêter dans la lecture des livres écrits en français, ou dans celle des feuilles périodiques: il les a fait suivre de leurs définitions et acceptions: il indique les mots qui, rigoureusement parlant, ne sont pas français; et, soit pour les AUTEURS, soit pour les LECTEURS, il devient, sous ces deux rapports, véritablement indispensable.

Tome I.

« PreviousContinue »