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nous autres savans nous appelons humeurs peccantes, c'est-à-dire..... humeurs peccantes; d'autant que les vapeurs, formées par les exhalaisons des influences, qui s'élèvent dans la région des maladies venant..... pour ainsi dire.....à..... Entendez-vous le latin?

Gér. En aucune façon.

Sgan. (rising hastily.) Vous n'entendez point le latin?

Gér. Non.

Sgan. (with enthusiasm.) * Cadricias arci thuram, catalamus, singulariter, nominativo; hæc musa, la muse, bonus, bona, bonum. Deus sanctus, est-ne oratio latinas? Etiam, oui. Quare, pourquoi? Quia substantivo et adjectivum concordat in generi, numerum et casus. Gér. Ah! que n'ai-je étudié ?

Lucas. Oui, c'est si beau, que je n'y entends goutte. Sgan. Or, ces vapeurs, dont je vous parle, venant à passer du côté gauche, où est le foie, au côté droit, où est le cœur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave, que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l'omoplate; et parce que lesdites vapeurs..... Comprenez bien ce raisonnement, je vous prie ; et parce que lesdites vapeurs ont certaine malignité..... Ecoutez bien ceci, je vous conjure.

Gér. Qui.

Sgan. Ont une certaine malignité qui est causée..... Soyez attentif, s'il vous plaît.

Gér. Je le suis.

Sgan. Qui est causée par l'âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs... Ossabandus, nequei, nequer potarium, quipsa milus. Voilà justement ce qui fait que votre fille est

muette.

Lucas. Que n'ai-je la langue aussi bien pendue ! Gér. On ne peut pas mieux raisonner sans doute. n'y a qu'une seule chose qui m'a choqué : c'est l'endroit

* It may be well to inform the young pupil that these hardly Latin words have no connexion with each other, and of course no meaning.

du foie et du cœur. Il me semble que vous les placez autrement qu'ils ne sont; que le cœur est du côté gauche, et le foie du côté droit.

Sgan. Oui, cela étoit autrefois ainsi; mais nous avons changé tout cela, et nous faisons maintenant la médecine d'une méthode toute nouvelle.

Gér. C'est ce que je ne savois pas ; et je vous demande pardon de mon ignorance.

Sgan. Il n'y a point de mal, et vous n'êtes pas obligé d'être aussi habile que nous.

Gér. Assurément. Mais, monsieur, que croyez-vous qu'il faille faire à cette maladie ?

Sgan. Ce que je crois qu'il faille faire ?

Gér. Oui.

Sgan. Mon avis est qu'on la remette sur son lit, et qu'on lui fasse prendre, pour remède, quantité de pain trempé dans le vin.

Gér. Pourquoi cela, monsieur ?

Sgan. Parce qu'il y a dans le vin et le pain, mêlés ensemble, une vertu sympathique qui fait parler. Ne voyez-vous pas bien qu'on ne donne autre chose aux perroquets, et qu'ils apprennent à parler en mangeant de cela?

Gér. Cela est vrai. Ah! le grand homme! Vîte, quantité de pain et de vin.

Sgan. Je reviendrai voir, sur le soir, en quel état elle

sera.

Exit Géronte, and enter Martine.

SCENE FOURTH.

Mart. RENDS-MOI grâce d'être médecin; c'est moi qui t'ai procuré cet honneur.

Sgan. Oui, c'est toi qui m'as procuré je ne sais combien de coups de bâton.

Mart. L'effet en est trop beau pour en garder du ressentiment.

Sgan. Soit. Je te pardonne ces coups de bâton en faveur de la dignité où tu m'as élevé ; mais prépare-toi désormais à vivre dans un grand respect avec un homme de ma conséquence, et songe que la colère d'un médecin est plus à craindre qu'on ne peut croire.

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The Ruling Passion strong in Love.

HARPAGON, The Miser.

FROSINE, An intriguing Woman employed by him. Harp. CERTES, ce n'est pas une petite peine de garder chez soi une grande somme d'argent; bienheureux qui a tout son fait bien placé, et ne conserve seulement que ce qu'il faut pour sa dépense. On n'est pas peu embarrassé à inventer dans toute une maison une cache fidèle; car, pour moi, les coffres forts me sont suspects, et je ne veux jamais m'y fier. Je les tiens justement une franche amorce à voleurs ; et c'est toujours la première chose que l'on va attaquer.

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Harp. Hé bien, qu'est-ce, Frosine?

Frosine. Ah, mon Dieu ! que vous vous portez bien,

et que vous avez un vrai visage de santé !

Harp. Qui, moi ?

Frosine. Jamais je ne vous vis un teint si frais.
Harp. Tout de bon ?

Frosine. Comment? vous n'avez de votre vie été si jeune que vous êtes; et je vois des gens de vingt-cinq ans qui sont plus vieux que vous.

Harp. Cependant, Frosine, j'en ai soixante bien comptés.

Frosine. Hé bien, qu'est-ce que cela? Soixante ans ? voilà bien de quoi: c'est la fleur de l'âge, et vous entrez maintenant dans la belle saison de l'homme.

Harp. Il est vrai; mais vingt années de moins, pourtant, ne me feroient point de mal, que je crois.

Frosine. Vous moquez-vous ? Vous n'avez pas besoin de cela; et vous êtes d'une pâte à vivre jusqu'à cent ans. Harp. Tu le crois ?

Frosine. Assurément. Vous en avez toutes les marques. Tenez-vous un peu. Oh! que voilà entre vos deux yeux un signe de longue vie !

Harp. Tu le connois à cela?

Frosine. Sans doute. Montrez-moi votre main. Ah! mon Dieu, quelle ligne de vie !

Harp. Comment ?

Frosine. Ne voyez-vous pas jusqu'où va cette ligne

là ?

T

Harp. Hé bien, qu'est-ce que cela veut dire ? Frosine. Par ma foi, je disois cent ans, mais vous passerez les six vingts.

Harp. Est-il possible?

Frosine. Il faudra vous assommer, vous dis-je; et vous mettrez en terre et vos enfans et les enfans de vos enfans.

Harp. Tant mieux.

Comment va notre affaire ? Frosine. Faut-il le demander, et me voit-on mêler de rien dont je ne vienne à bout? J'ai, surtout pour les mariages, un talent merveilleux; et je crois, si je me l'étois mis en tête, que je marierois le grand Turc avec la république de Venise. Il n'y avoit pas sans doute de si grandes difficultés à cette affaire-ci. Comme j'ai commerce chez elles je les ai à fond l'une et l'autre entretenues de vous, et j'ai dit à la mère le dessein que vous avez conçu pour Mariane, à la voir passer dans la rue, et prendre l'air à sa fenêtre.

Harp. Qui a fait réponse.....

Frosine. Elle a reçu la proposition avec joie; et quand je lui ai témoigné que vous souhaitiez fort que sa fille assistât ce soir au repas que vous devez donner, elle y a consenti, et me l'a confiée pour cela.

Harp. C'est que je suis obligé, Frosine, de donner à souper au seigneur Anselme, et je serai bien aise qu'elle soit du régal.

Frosine. Vous avez raison. Elle doit après dîner rendre visite à votre fille d'où elle fait son compte d'aller faire un tour à la foire, pour venir ensuite au souper.

Harp. Hé bien, elles iront ensemble dans mon carrosse, que je leur prêterai.

Frosine. Voilà justement son affaire.

Harp. Mais, Frosine, as-tu entretenu la mère touchant le bien qu'elle peut donner à sa fille? Lui as-tu dit

qu'il falloit qu'elle s'aidât un peu, qu'elle fît quelque effort, qu'elle se saignât pour une occasion comme celleci? car encore n'épouse-t-on point une fille sans qu'elle apporte quelque chose.

Frosine. Comment ? c'est une fille qui vous apportera douze mille livres de rente.

nourrie et éle

C'est une fille fromage et de

Harp. Douze mille livres de rente ! Frosine. Oui. Premièrement, elle est vée dans une grande épargne de bouche. accoutumée à vivre de salade, de lait, de pommes, et à laquelle, par conséquent, il ne faudra ni table bien servie, ni consommés exquis, ni orges mondés perpétuels, ni les autres délicatesses qu'il faudroit pour une autre femme, et cela ne va pas à si peu de chose, qu'il ne monte bien tous les ans à trois mille francs pour le moins. Outre cela, elle n'est curieuse que d'une propreté fort simple, et n'aime point les superbes habits, ni les riches bijoux, ni les meubles somptueux, où donnent ses pareilles avec tant de chaleur, et cet article-là vaut plus de quatre mille livres par an; de plus, elle a une aversion horrible pour le jeu, ce qui n'est pas commun aux femmes d'aujourd'hui : j'en sais une de nos quartiers qui a perdu, au trente et quarante, vingt mille francs cette année; mais n'en prenons rien que le quart. Cinq mille francs au jeu par an, quatre mille francs en habits et bijoux, cela fait neuf mille livres ; et mille écus que nous mettons pour la nourriture, ne voilà-t-il pas par année vos douze mille francs bien comptés ?

Harp.

Oui, cela n'est pas mal; mais ce compte-là n'a rien de réel.

Frosine. Pardonnez-moi. N'est-ce pas quelque chose de réel, que de vous apporter en mariage une grande sobriété, l'héritage d'un grand amour de simplicité de parure, et l'acquisition d'un grand fonds de haine pour le jeu ?

Harp. C'est une raillerie que de vouloir me constituer sa dot de toutes les dépenses qu'elle ne fera point. Je n'irai pas donner quittance de ce que je ne reçois pas. Mais, Frosine, il y a encore une chose qui m'inquiète. La fille est jeune, comme tu vois ; les jeunes gens d'or

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