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des grandeurs et de l'abondance: elles manquent aujourd'hui de tout; et sans être complices de ce qu'on me reproche, elles partagent ma disgrâce et mes malheurs. Tu vas à la cour rendre compte de ta commission: tu trouveras les Dolgorouski et Asterman à la tête des affaires; dis-leur que je souhaite qu'ils possèdent tous les talens nécessaires pour rendre l'empire des Russes heureux et florissant.

Flatte leur vengeance en leur disant que tu nous a trouvés sur la route; que les fatigues d'un long et pénible voyage pendant lequel nous avons toujours éte exposés aux injures de l'air, n'ont point altéré notre santé ; qu'elles semblent au contraire l'avoir fortifiée ; enfin, que je jouis, dans ma captivité, d'une liberté d'esprit et d'une tranquillité que je n'ai jamais connues dans le cours de mes prospérités."

CONTINUATION. DOMESTIC ECONOMY OF THE EXILE.

ARRIVE au lieu de son exil, Menzikoff fit tout ce qu'il fallait pour diminuer l'horreur de l'espèce de désert où lui et sa famille devaient, suivant toute apparence, passer le reste de leurs jours. A l'aide de huit domestiques qui l'avaient accompagné, il défricha un assez grand espace de terrain, et y sema des grains et des légumes. Abattant des bois propres à bâtir, il agrandit sa cabane.

En peu de temps il eut une maison assez commode. Elle était composée d'un oratoire et de quatre chambres. Il prit la première pour lui et pour son fils; ses filles occupèrent la seconde ; il abandonna la troisième à ses domestiques, et la quatrième fut destinée pour les provisions.

Sa fille aînée, qui avait été fiancée avec l'empereur, se chargea du soin de la cuisine; l'autre du linge et de raccommoder les hardes.

Elles abandonnaient aux domestiques le plus pénible de l'ouvrage. Peu de temps après son arrivée, on luì amena un taureau et quatre vaches pleines, un bélier et plusieurs brebis; on lui apporta en même temps une assez grande quantité de volailles, pour former une basseMenzikoff ne sut jamais à qui il était redevable de ce bienfait. La plus grande régularité régnait dans

cour.

sa maison.

Tous les matins, on allait à l'oratoire, où il faisait la prière on y allait encore le soir et à minuit. Menzikoff commençait à se faire à son sort, lorsque la perte d'un de ses enfans vint déchirer son cœur. Sa fille aînée fut at

taquée de la petite vérole. Il fit auprès d'elle les fonctions de garde et de médecin mais ses soins furent inutiles; bientôt l'infortunée fut à l'article de la mort. Alors il quitta l'office de médecin pour prendre celui de prêtre.

Dès qu'elle fut morte, il colla son visage sur le sien, et le baigna de larmes. Il paraissait livré au désespoir le plus affreux, lorsque sentant qu'il devait se conserver pour ses deux autres enfans, il fit un effort pour surmonter sa douleur, et dit à son fils et à sa fille : “ Apprenez de votre sœur à mourir."

Il chanta ensuite avec ses enfans et ses domestiques les prières du rit grec pour les morts; les recommença plusieurs fois pendant vingt-quatre heures ; fit enterrer sa fille dans l'oratoire qu'il avait construit, et marqua à ses deux enfans la place où il voulait qu'on l'enterrât luimême c'était à côté d'elle. Il lui survécut peu, et mourut le 2 novembre 1729.

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CONCLUSION OF THE EXILE OF SIBERIA.

APRES sa mort, ses enfans furent moins étroitement resserrés. L'officier qui les surveillait leur permit d'aller à l'office à la ville, le dimanche, mais pas ensemble: l'un allait un dimanche, et l'autre le dimanche suivant. Un jour que la fille revenait, elle s'entendit appeler par un paysan qui se tenait à la lucarne d'une cabane, et reconnut avec le plus grand étonnement, dans ce paysan, Dolgorouski, le persécuteur de sa famille. Celui-ci avait éprouvé à son tour les vicissitudes de la fortune.

Elle vint apprendre cette nouvelle à son frère. Tous deux s'en réjouirent d'abord; mais ils en revinrent bientôt à plaindre leur ennemi et à désirer de pouvoir le secourir. Peu de temps après, ils furent rappelés à Pétersbourg par la czarine Anne. Ils laissèrent à Dolgorouski leur cabane et tout ce qu'ils possédaient. Le jeune Menzikoff fut capitaine des gardes, et reçut le cinquième

des biens de son père.

Sa sœur devint dame d'honneur

de l'impératrice, et fut avantageusement mariée.

XC. Authentic History of Joan of Arc.

HER CHARACTER AND MISSION.

JEANNE D'ARC, née près des rives de la Meuse, à Dom Remy, village de Lorraine, avait reçu de ses parens pauvres, mais honnêtes, une éducation conforme à la médiocrité de leur fortune; mais on l'entretenait dans un grand amour de la patrie, et elle priait fréquemment le ciel la délivrance de la France, alors presque entièrement occupée par les Anglais.

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Elle possédait toutes les vertus qui honorent son sexe, en y ajoutant celles dont le nôtre peut s'enorgueillir. La vie agreste avait encore fortifié son corps naturellement robuste. Tout en elle décelait un courage extraordinaire.

A peine âgée de dix-sept ans, elle se présenta devant le seigneur de Baudricourt, gouverneur de Vaucouleurs, petite ville voisine. Elle se prétendait désignée par Dieu pour rendre à la France sa gloire et son indépendance.

"Capitaine messire,* dit-elle à Baudricourt, sachés que Dieu depuis aucun temps en ça, m'a plusieurs fois fait à savoir et commandé que j'allasse devant le gentil dauphin, qui doit être, et est vrai roi de France, et qu'il me baillât des gens d'armes, et que je leverais le siége d'Orléans, et le mènerais sacrer à Reims.”

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Baudricourt hésita long-temps, car il avait commencé par regarder Jeanne d'Arc comme une folle. Cependant, à force d'importunités, il l'arma de toutes pièces, lui donna deux gentilshommes avec leurs domestiques pour la conduire, et la congédia en lui disant: "Va, et advienne tout ce qu'il pourra.' Lorsqu'elle fut arrivée à Chinon, où était le roi, on délibéra pendant deux jours si on l'écouterait. On l'admit par curiosité.

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JOAN IS ADMITTED TO THE KING.

CHARLES VII, sans aucune marque de dignité, s'était mêlé dans la foule des courtisans, à dessein de l'éprouver. *The ancient phraseology and orthography are preserved.

Jeanne le distingua et le désigna, assurant le reconnaître d'après une vision qu'elle avait eue. On lui dit vainement qu'elle se trompait. "C'est lui! s'écriait-elle ; c'est lui!" On admirait sa noble hardiesse, on la considérait avec curiosité et étonnement; Charles lui-même se sentait ému et interdit.

"Gentil dauphin, lui dit la jeune villageoise sans se déconcerter, j'ai nom Jeanne la Pucelle; le roi du ciel m'a envoyée pour vous secourir. S'il vous plaît me donner gens de guerres, par grâce divine et force d'armes je ferai lever le siége d'Orléans, et vous mènerai sacrer à Reims, malgré tous vos ennemis; c'est ce que le roi du ciel m'a commandé de vous dire, et que sa volonté est que les Anglais se retirent en leur pays, et vous laissent paisible en votre royaume, comme en étant le vrai, unique et légitime héritier.”

Jeanne d'Arc persuada. Après quelque examen, le roi lui fit remettre une armure complète, lui donna un étendard, des écuyers, des pages, un intendant, un chapelain, une suite conforme à l'état d'un chef de guerre.

SHE RAISES THE SIEGE OF ORLEANS.

La nouvelle amazone, pour premier exploit, se mit à la tête d'un convoi considérable destiné pour Orléans. Elle arriva, le 29 avril, 1429, à la vue de la place, et y entra glorieusement. Bientôt elle se fut fait connaître dans des combats dont elle sortit toujours victorieuse. Les Anglais ne tardèrent pas à trembler au seul nom de Jeanne d'Aic.

Le mercredi, 4 de mai, elle choisit un corps de troupes, fondit sur les forts ennemis, et les emporta après un assaut de quatre heures. Elle songea ensuite à s'emparer du boulevard et du fort des Tourelles, où l'élite de l'armée Anglaise s'était logée.

Aux premiers rayons du jour, elle donna le signal, après avoir employé toute la nuit à faire les préparatifs nécessaires. Le choc fut terrible; en un moment les Français furent sur les brèches. Ils allaient triompher, lorsque Jeanne, blessée à la gorge, fut contrainte de se retirer pour faire mettre le premier appareil à sa bles

surc.

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Les Anglais reprirent un moment le dessus, mais Jeanne reparaît bientôt voyant le désordre des assaillans, elle se jette au milieu d'eux, court au pied du fort et y plante son étendard; chacun se précipite sur ses pas, et en un moment le boulevard est emporté.

Le lendemain les vaincus se rangèrent en bataille du côté de la Beauce; mais ils n'y furent pas plus heureux qu'ils ne l'avaient été du côté du boulevard. Défaits de nouveau, ils s'éloignèrent précipitamment, abandonnant leurs malades, leurs bagages, leurs vivres, leur artillerie, et près de cinq mille morts. La ville d'Orléans fut ainsi délivrée, le 8 de mai, dix jours après l'arrivée de Jeanne d'Arc.

SHE CROWNS THE KING, AND IS TAKEN prisoner.

Il s'agissait après cela de conduire le roi à Reims. Jeanne d'Arc y réussit encore, en livrant une multitude de combats glorieux. Accompagnée du duc d'Alençon, elle alla assiéger Jargean. Après qu'on eut emporté les faubourgs : "Avant, gentil duc! dit la Pucelle ; à l'assaut!" Les guerriers la suivent; on plante les échelles le combat devient affreux. Jeanne brave l'ennemi et anime les Français.

"Ne craignez rien, dit-elle au duc; ne savez-vous pas la promesse que j'ai faite à votre épouse de vous ramener sain et sauf!" Cependant du haut des remparts on fait pleuvoir une grêle de traits sur elle sa bannière est déchirée au moment où elle l'arborait au haut de son échelle; elle est atteinte à la tête et renversée au pied de la muraille.

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Elle se relève avec intrépidité, et s'écrie, en plantant une nouvelle échelle : Or, sus, amis ! amis, sus! sus! Notre Seigneur a condamné les Anglais, ils sont à nous ! bon courage!" Aux cris de la guerrière, les Français deviennent des lions; ils gagnent la brèche, pénètrent dans la ville, et tuent tout ce qui ne s'empresse pas de se rendre.

Ce fut par de telles actions que Jeanne parvint à s'ouvrir le chemin de Reims, où Charles VII fut sacré en 1429. L'héroïne assista à cette cérémonie, son étendard à la main.

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