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souffrir la mort avec satisfaction, pour soutenir l'innocence de son ami.

Quelques interrogations qu'on lui fît, il gardoit toujours un silence profond : et s'il le rompoit, ce n'étoit que pour attester le zèle et la fidélité de Châteauneuf. Monté sur l'échafaud, n'attendant plus que le coup mortel, le chevalier entend crier : "Grâce! grâce!" Alors, un juge s'approche, et lui faisant valoir la clémence du roi, l'exhorte à lui révéler les desseins coupables du garde des

Sceaux.

Je vois," lui dit le chevalier, "votre bas et criminel artifice. Vous prétendez tirer avantage de la frayeur que le péril de la mort peut m'avoir causée. Connoissez mieux vos gens. Je suis aussi maître de moi-même que je l'ai jamais été.

M. de Châteauneuf est un fort honnête homme, qui a toujours bien servi le roi." Richelieu, auteur de la disgrâce de Châteauneuf, eût souhaité, sans doute, au milieu de sa fortune, d'avoir un pareil ami.

LXXXIII. An upright Judge is no Respecter of Persons.

UN des domestiques du Prince Henri, fils aîné du roi, avoit été accusé au Banc du Roi, et saisi par ordre de ce tribunal. Le jeune prince, qui aimoit beaucoup cet homme, regarda cette entreprise comme une manque de respect pour sa personne; et n'ayant que trop de flatteurs autour de lui, qui enflammèrent encore son ressentiment par leurs conseils, il se rendit lui-même au siége de la justice, où, se présentant d'un air furieux, il donne ordre aux officiers de rendre sur-le-champ la liberté à son domestique.

La crainte fit baisser les yeux à tous ceux qui l'entendirent, et leur ôta l'envie de répondre. Il n'y eut que le lord chef de justice (Sir William Gascoigne) qui se leva sans aucune marque d'étonnement, et qui exhorta le prince à se soumettre aux anciennes lois du royaume : 'Ou, du moins," lui dit-il, "si vous êtes résolu de sauver votre domestique des rigueurs de la loi, adressez-vous au roi votre père, et demandez-lui grâce pour le coupable. C'est le seul moyen de satisfaire votre inclination, sans donner atteinte aux lois, et sans blesser la justice,"

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Ce sage discours fit si peu d'impression sur le jeune prince, qu'ayant renouvelé ses ordres avec la même chaleur, il protesta que, si l'on différoit un moment à les suivre, il alloit employer la violence. Le lord chef de justice, qui le vit disposé sérieusement à l'exécution de cette menace, leva la voix avec beaucoup de fermeté et de présence d'esprit, et lui commanda, en vertu de l'obéissance qu'il devoit à l'autorité royale, de se retirer à l'instant de la cour, dont il troubloit les exercices par des procédés si violens c'étoit attiser le feu et souffler sur la flamme.

La colère du prince éclata d'une manière terrible: il s'approcha du juge avec un air furieux, et crut peut-être l'épouvanter par ce mouvement hardi. Mais Sir William, se rendant maître de lui-même, soutint parfaitement la majesté d'un siége sur lequel il représentoit le roi. "Prince," s'écria-t-il d'une voix ferme, "je tiens ici la place de votre souverain seigneur, de votre roi, de votre père vous lui devez une double obéissance à ces deux titres.

Je vous ordonne, en son nom, de renoncer à votre dessein, et de donner désormais un meilleur exemple à ceux qui doivent être un jour vos sujets; et, afin de réparer la désobéissance et le mépris que vous venez de marquer pour la loi, vous vous rendrez vous-même dès ce moment en prison, où je vous enjoins de demeurer, jusqu'à ce que le roi, votre père, vous fasse déclarer sa volonté."

La gravité du juge, et la force de l'autorité, produisirent un coup de foudre. Le prince en fut si frappé, que, remettant aussitôt son épée à ceux qui l'accompagnoient, il fit une profonde révérence au lord chef de justice; et, sans répliquer un seul mot, il se rendit droit à la prison du même tribunal. Les gens de sa suite allèrent aussitôt faire ce rapport au roi, et ne manquèrent pas d'y joindre toutes les plaintes qui pouvoient le prévenir contre Sir William.

Ce sage monarque se fit expliquer jusqu'aux moindres circonstances: ensuite il parut rêver un moment; mais levant tout d'un coup les yeux et les mains au ciel, il

s'écria, dans une espèce de transport: "O Dieu ! quelle reconnoissance ne dois-je pas à ta bonté ! tu m'as fait présent d'un juge qui ne craint pas d'exercer la justice, et d'un fils, qui non-seulement sait obéir, mais qui a la force de sacrifier sa colère à l'obéissance."

LXXXIV. Extracts from the Sermon on the Mountain. Vous avez entendu qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et pricz pour ceux qui vous outragent et qui vous persécutent ; afin que vous soyez enfans de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchans et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

Car si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous? les péagers même n'en fontils pas autant? Et si vous ne faites accueil qu'à vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les péagers même n'en font-ils pas autant? Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait.

Er quand tu prieras, ne fais pas comme les hypocrites; car ils aiment à prier en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues, afin d'être vus des hommes. Je vous dis en vérité, qu'ils reçoivent leur récompense. Mais toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, et ayant fermé la porte, prie ton père qui est dans ce lieu secret ; et ton père qui te voit dans le secret te le rendra publiquement.

Or, quand vous priez, n'usez pas de vaines redites, comme les païens; car ils croient qu'ils seront exaucés en parlant beaucoup. Ne leur ressemblez donc pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.

Vous donc priez ainsi : Notre Père qui es aux cieux, ton nom soit sanctifié ; ton règne vienne; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel; Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien; pardonne-nous nos pé

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chés, comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; et ne nous abandonne point à la tentation, mais délivre-nous du malin. Car à toi appartient le règne,

la puissance, et la gloire à jamais: Amen.

Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs offenses, votre Père ne vous pardonnera pas non plus les vôtres.

pour votre

NE soyez point en souci de votre vie, de ce que vous mangerez, ou de ce que vous boirez; ni corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux de l'air; car ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni n'amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit: n'êtes-vous pas beaucoup plus excellens qu'eux ?

Et qui est-ce d'entre vous qui par son souci puisse ajouter une coudée à sa taille ? Et pour ce qui est du vêtement, pourquoi en êtes-vous en souci? Apprenez comment les lis des champs croissent; ils ne travaillent ni ne filent. Cependant je vous dis que Salomon même dans toute sa gloire n'a point été vêtu comme l'un d'eux.

Si donc Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui est aujourd'hui, et qui demain sera jetée dans le four, ne vous revêtira-t-il pas beaucoup plutôt, ô gens de petite foi? Ne soyez donc point en souci, disant que mangeronsnous ? que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous vêtus ? car ce sont les païens qui recherchent toutes ces choses, et votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses-là.

Mais cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-desBus. Ne soyez donc point en souci pour le lendemain, car le lendemain aura soin de ce qui le regarde : à chaque jour suffit sa peine.

QUICONQUE donc entend ces paroles que je dis, et les met en pratique, je le comparerai à un homme prudent, qui a bâti sa maison sur le roc. Et la pluie est tombée,

les torrens se sont débordés, et les vents ont soufflé, et sont venus fondre sur cette maison-là; elle n'est point tombée, car elle étoit fondée sur le roc.

Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera comparé à un homme insensé, qui a bâti sa maison sur le sable: et la pluie est tombée, les torrens se sont débordés, et les vents ont soufflé, et sont venus fondre sur cette maison-là; elle est tombée, et sa ruine a été grande.

LXXXV. The Unfortunate our Neighbour.

ALORS un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus pour l'éprouver: Maître, que faut-il que je fasse pour hériter la vie éternelle? Jésus lui dit : qu'est-ce qui est écrit dans la loi ; et qu'y lis-tu ? Il répondit: tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. Et Jésus lui dit: tu as bien répondu; fais cela, et tu vivras. Mais cet homme, voulant paroître juste, dit à Jésus: et qui est mon prochain ?

Et Jésus prenant la parole lui dit : Un homme descendit de Jérusalem à Jérico, et tomba entre les mains des voleurs, qui le dépouillèrent; et après l'avoir blessé de plusieurs coups, ils s'en allèrent, le laissant à demi mort.

Un

Or il se rencontra qu'un sacrificateur descendoit par ce chemin-là, et ayant vu cet homme, il passa outre. Lévite étant aussi venu dans le même endroit, et le voyant, passa outre.

Mais un Samaritain passant son chemin, vint vers cet homme, et le voyant, il fut touché de compassion. Et s'approchant, il banda ses plaies, et il y versa de l'huile et du vin; puis il le mit sur sa monture, et le mena à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, en partant, il tira de l'argent, et le donna à l'hôte, et lui dit : Aie soin de lui; et tout ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour.

Le

Lequel donc de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui étoit tombé entre les mains des voleurs? docteur dit c'est celui qui a exercé la miséricorde envers lui. Jésus lui dit: va, et fais la même chose.

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