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Xerxès, roi de Perse, écrivit à Léonidas, roi de Lacé"Viens les prendre," ré

démone: "Rends les armes.

pondit le prince Spartiate.

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XLVI. True Honesty needs no Bribe.

UN homme très-pauvre trouva une bourse qui contenait cent pièces d'or. "Cet argent n'est point à moi, se ditil à lui-même cherchons quel est son maître.' Et aussitôt il fit publier que si quelqu'un avait perdu une bourse, il pouvait s'adresser à lui. Le propriétaire se présenta bientôt, se faisant connaître à des signes non équivoques : Je vous la rends, lui dit le pauvre, et je me félicite qu'elle soit tombée entre mes mains.’

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Cet homme, plein de joie et de reconnaissance, le prie d'accepter vingt pièces d'or, comme une preuve de sa gratitude le pauvre les refuse; il lui en offre dix: il les refuse encore. Enfin, le maître de la bourse la jette à terre: " Puisque vous ne voulez rien accepter, je n'ai rien perdu," s'écrie-t-il. Le pauvre prit alors une pièce d'or pour satisfaire le maître de la bourse; mais il la donna aussitôt à des mendians qui passaient par-là.

XLVII, Humanity is of no Party.

EN 1755, le Prince Charles Edouard, fils aîné du prétendant au trône d'Angleterre, ayant perdu dans ce royaume une bataille décisive, fut poursuivi de très-près. Il erra long-temps seul, toujours sur le point de tomber entre les mains de ceux qui le cherchaient. Ayant, un jour, fait dix lieues à pied, excédé de fatigue, épuisé de faim, il entra dans la maison d'un gentilhomme qu'il savait bien n'être pas de son parti.

Ce gentilhomme, n'écoutant cependant que sa générosité, lui prodigua tous les secours que sa situation exigeait, et garda sur son asile un secret inviolable. Au bout de quelque temps il fut accusé à ce sujet, et cité devant les juges.

Il se présenta à eux avec fermeté : "Souffrez qu'avant de subir l'interrogatoire, leur dit-il, je vous demande lequel d'entre vous, si le fils du prétendant se fût réfugié dans sa maison, eût été assez vil et assez lâche pour le

livrer?" A cette question, le tribunal se sépara de luimême, en renvoyant l'accusé absous.

XLVIII. The Unfortunate are the Kindest.

UN homme honnête, infortuné veuf, et chargé de onze enfans, à l'existence desquels il devait pourvoir avec un modique revenu de quatre cents florins que lui rapportait une charge, présenta un placet à Joseph II, pour le supplier d'augmenter ses appointemens. L'empereus lui demanda où il logeait, et lui promit de penser à lui.

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En effet, après s'être fait rendre un compte exact de la conduite de cet homme, il se transporta chez lui, accompagné d'un seul chambellan. le trouva assis, et réCe malheureux, reconses pieds. Le prince Ils arrivent, le prince

fléchissant tristement sur son sort. naissant son souverain, se jette à le relève, et demande ses enfans. les compte, et est surpris d'en trouver douze : "Pourquoi, dit-il, n'en avez-vous marqué qu'onze dans votre placet ?

Votre majesté saura qu'on mit devant ma porte, il y a peu de temps, un enfant que personne ne voulait recevoir; mon cœur s'ouvrit à la compassion, et je lui ai fait partager le pain de mes propres enfans." L'empereur, touché de cet acte d'humanité si conforme aux sentimens de son cœur, assura sur-le-champ au vieillard une pension de dix-huit cent florins.

XLIX. Ugliness taxed by the Ancients.

PHILOPOMEN, le plus grand homme de guerre qui de son temps fût dans la Grèce, qui illustra si fort la république des Achéens par son rare mérite, et que les Romains mêmes ont appelé par admiration le dernier des Grecs; Philopomen était pour l'ordinaire vêtu fort simplement, et marchait assez souvent sans suite et sans train.

Il arriva seul en cet état dans la maison d'un ami qui l'avait invité à prendre un repas chez lui. La maîtresse du logis, qui attendait le général des Achéens, le prit pour un domestique, et le pria de vouloir bien l'aider à

faire la cuisine, parce que son mari était absent. Philopœmen quitta sans difficulté son manteau, et se mit à fendre du bois.

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Le mari étant survenu dans cet instant, s'écria, dans la surprise que lui causa un tel spectacle : Qu'est-ce donc, seigneur Philopomen, et que veut dire ceci ?— C'est, répliqua le général en souriant, que je paie l'intérêt de ma mauvaise mine."

L'état actuel de la société ne permet peut-être pas une telle simplicité; mais nous devons au moins retenir de l'exemple des anciens, de jouir des commodités de la vie sans affectation, et avec une parfaite tranquillité d'âme. N'aimons le luxe que pour les artistes et les artisans qu'il fait vivre, et que notre cœur reste simple au milieu de l'éclat dont le monde nous environnera.

L. Simplicity of Ancient Etiquette.

Les anciens se faisaient honneur de la simplicité de leurs mœurs; et, en effet, c'était peut-être à elle que les peuples les plus renommés d'entre eux devaient leur plus grande force.

Pendant la guerre que l'empereur Probe fit aux Perses, comme il s'était assis à terre sur l'herbe pour y prendre son repas, qui n'était composé que d'un plat de pois cuits la veille, et de quelques morceaux de porc salé, on vint lui annoncer l'arrivée des ambassadeurs de Perse.

Sans changer ni de posture, ni d'habit, qui consistait en une casaque, non de pourpre, mais de laine, et en un bonnet, qu'il portait parce qu'il n'avait pas un cheveu, il commanda qu'on les fît approcher, et il leur dit, qu'il était l'empereur, et qu'ils pouvaient dire à leur maître que, s'ils ne pensaient à lui, il allait rendre en un mois toutes ses campagnes aussi nues d'arbres et de grains que sa tête l'était de cheveux; et en même temps il ôta son bonnet, pour leur faire mieux comprendre ce qu'il disait.

Il les invita ensuite à prendre part à son repas, s'ils avaient besoin de manger; sinon, qu'ils n'avaient qu'à se retirer à l'heure même. Les ambassadeurs firent leur rapport à leur prince, qui fut effrayé, aussi bien que ses

soldats, d'avoir affaire à des gens si ennemis des délices et du luxe. Il vint lui-même trouver l'empereur, et accorda tout ce qu'on lui demandait.

LI. A Swedish Cure for Duelling.

GUSTAVE Adolphe, le conquérant du Nord, regardoit les combats particuliers comme la ruine de la discipline. Dans le dessein d'abolir dans son armée cette coutume barbare, il avoit prononcé la peine de mort contre tous ceux qui se battroient en duel. Quelque temps après que cette loi eut été portée, deux officiers supérieurs, qui avoient eu quelques démêlés ensemble, demandèrent au roi la permission de vider leur querelle l'épée à la main.

Gustave fut d'abord indigné de la proposition: il y consentit néanmoins; mais, il ajouta, qu'il vouloit être témoin du combat, dont il assigna l'heure et le lieu. Il s'y rend avec un corps d'infanterie, qui environne les deux champions. Ensuite il appelle le bourreau de l'armée, et lui dit : "Dans l'instant qu'il y en aura un de tué, coupe devant moi la tête de l'autre."

A ces mots les deux officiers restèrent quelque temps immobiles; mais, reconnoissant bientôt la faute qu'ils avoient faite, ils se jetèrent aux pieds du roi, lui demandèrent pardon, et se jurèrent l'un à l'autre une éternelle amitié.

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LII. To live well is to live long.

THEODOSE le Grand avoit commis des juges à l'examen d'une conspiration qu'on prétendoit formée contre sa personne Comme il les exhortoit à procéder avec équité & avec douceur : "Notre premier soin, dit un des commissaires, doit être de songer à la conservation du prince." Songez plutôt à sa réputation, répond Théodose; l'essentiel pour un empereur n'est pas de vivre long-temps, mais de

bien vivre.

LIII. Generosity its own Reward.

DANS un débordement de l'Adige le pont de Verone fut emporté, une arcade après l'autre. Il ne restoit que

celle du milieu, sur laquelle étoit une maison & dans cette maison une famille entière. Du rivage on voyoit cette famille éplorée tendre les mains, demander du secours. Cependant la force du torrent détruisoit à vue d'œil les piliers de l'arcade.

Dans ce péril le comte Spolverini propose une bourse de cent louis à celui qui aura le courage d'aller sur un bateau délivrer ces malheureux. Il y avoit à courir le danger d'être emporté par la rapidité du fleuve, ou de voir, en abordant au-dessous de la maison, crouler sur soi l'arcade ruinée : le concours du peuple étoit innombrable, & personne n'osoit s'offrir.

Dans ce moment passe un villageois. On lui dit quelle est l'entreprise proposée, & quel sera le prix du succès. Il monte sur un bateau, gagne à force de rames le milieu du fleuve, aborde, attend au bas de la pile que toute la famille, père, mère, enfants & vieillards, se glissant le long d'une corde, soient descendus dans le bateau. Courage, dit-il, vous voilà sauvés.

Il rame, surmonte l'effort des eaux, & regagne enfin le rivage. Le comte Spolverini veut lui donner la récompense promise: Je ne vends point ma vie, lui dit le villageois, mon travail suffit pour me nourrir, moi, ma femme & mes enfants; donnez cela à cette pauvre famille, qui en a besoin plus que moi.

LIV. Avarice rebuked by a Radish.

UN paysan de Bourgogne, chez lequel Louis XI. avoit quelquefois mangé, pendant qu'il n'étoit que Dauphin, se présenta à lui, après qu'il fut monté sur le trône, & lui fit présent d'une rave-d'une grosseur extraordinaire, comme lui rendant une sorte d'hommage par la rareté de cette racine. Louis la reçut avec beaucoup de bonté & fit même payer la rave fort généreusement.

Le seigneur du village, à qui le paysan raconta sa bonne fortune, s'imagina que la sienne étoit faite, s'il donnoit à Louis quelque chose de plus digne d'un prince. Il alla à la cour, & lui présenta un des plus beaux chevaux qu'il

eut.

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