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scs exhortations étoient inutiles, et que le jeune homme persistoit toujours dans le dessein de sa vengeance, il lui dit: Au moins, mon ami, prions Dieu ensemble avant que vous exécutiez votre résolution.

En même temps il commença sa prière de cette sorte: "Il n'est plus nécessaire, mon Dieu, que vous preniez notre défense, et que vous vous déclariez notre protecteur, s'il est vrai, comme le prétend ce jeune homme, que nous puissions et que nous devions nous venger nousmêmes." Le jeune homme fut si frappé et si effrayé de ce début, qu'il se jeta aux pieds de l'hermite, demanda pardon à Dieu, et protesta de ne vouloir jamais de mal à celui contre lequel ilavoit été irrité.

XXV. What ever is, is right.

UN homme, se promenant un jour dans la campagne, regardoit les chênes, qui sont de grands arbres, qui portent un petit fruit qu'on nomme gland, et qui n'est pas plus gros que le pouce : il remarqua, en même temps, une petite plante, qui touchoit à la terre, et qui portoit des citrouilles quatre fois grosses comme sa tête. Cet homme dit en lui-même : "Il me semble que si j'avois été en la place du Créateur, j'aurois mieux arrangé les choses: la citrouille auroit dû venir sur ce grand arbre, et le gland sur cette petite plante."

Pendant que cet homme raison noit ainsi, il se trouva très-disposé à dormir, et, comme il faisoit fort chaud, il se coucha à l'ombre sous un grand chêne. Lorsqu'il dormoit, il vint du vent, qui fit tomber un gland sur le bout de son nez, ce qui le réveilla. Alors cet homme s'écria: "J'avoue que je ne suis qu'un sot, et que Dieu a raison d'avoir arrangé les choses telles qu'elles sont ; que serois-je devenu si la citrouille eût été sur le chêne? elle m'eût écrasé la tête en tombant.'

XXVI. A Friend in need.

M. FRIEND, premier médecin de la reine d'Angleterre,

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avoit assisté au parlement en 1772, comme député du bourg de Launceston, et s'étoit élevé avec force contre le ministère. Cette conduite ayant indisposé la cour, on suscita à Friend un crime de haute trahison, et il fut enfermé, au mois de Mars, dans la Tour de Londres.

Environ six mois après, le ministre tomba malade, et envoya chercher Richard Mead, autre médecin, et intime ami de Friend. Après s'être instruit à fond de la maladie du ministre, il lui dit qu'il lui répondoit de sa guérison, mais qu'il ne lui donneroit pas seulement un verre d'eau, que Friend, son ami, ne fût sorti de la Tour.

Le ministre, quelques jours après, voyant sa maladie augmentée, fit supplier le roi d'accorder la liberté au prisonnier. L'ordre expédié, le malade crut que Mead alloit ordonner ce qui convenoit à son état ; mais ce médecin persista dans sa résolution jusqu'à ce que son ami fût rendu à sa famille.

Après cet élargissement, Mead traita le ministre, et lui procura en peu de temps une guérison parfaite. Le soir même, il porta à Friend environ trois mille guinées, qu'il avoit reçues, pour ses honoraires, en traitant les malades de son ami pendant sa détention, et l'obligea à recevoir cette somme, quoiqu'il eût pu la retenir légitimement, puisqu'elle étoit le fruit de ses peines,

XXVII. Filial Love the Charm of Youth.

FREDERIC II, étant un jour très-affairé dans son appartement, sonna à plusieurs reprises, et personne ne vint. Il ouvrit sa porte, et trouva son page endormi dans un fauteuil. Il avança vers lui, et alloit le réveiller, lorsqu'il aperçut un bout de billet qui sortoit de sa poche. Il fut curieux de savoir ce que c'étoit ; il le prit, et le lut.

C'étoit une lettre de la mère du jeune homme, qui le remercioit de ce qu'il lui envoyoit une partie de ses gages pour la soulager dans sa misère. Elle finissoit par lui dire, que Dieu le béniroit pour cette bonne conduite. Le roi, après avoir lu, rentra doucement dans sa chambre, prit une bourse de ducats, et la glissa avec la lettre dans la poche du page. 2*

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Rentré dans sa chambre, il sonna si fort, que le page se réveilla, et entra. "Tu as bien dormi !" luidit le roi. Le page voulut s'excuser. Dans son embarras il mit par hasard la main dans sa poche, et sentit avec étonnement la bourse. Il la tire, pâlit, et regarde le roi, en versant un torrent de larmes, sans pouvoir prononcer une seule parole. Qu'est-ce?" dit le roi; “qu'astu ?” "Ah! sire," dit le jeune homme, en se précipitant à genoux, on veut me perdre; je ne sais ce que c'est que cet argent que je trouve dans ma poche." "Mon ami," dit Frédéric, "Dieu nous envoie souvent le bienen dormant; envoie cela à ta mère, salue-la de ma part, et assure-la que j'aurai soin d'elle et de toi."

XXVIII. Malice answered by Silence.

UN paysan chargé de fagots, criait par les rues : 66 Gare! gare!" afin qu'on se rangeât de son passage. Un petit-maître, vêtu de soie, n'ayant point obéi à l'avertissement, eut son habit déchiré. Il courut aussitôt faire sa plainte au commissaire. Le rustique est interrogé ; mais il ouvre la bouche sans proférer une seule parole.

Etesvous muet, mon ami? lui dit le commissaire. Non, non, monsieur, interrompit le plaignant, c'est belle malice parce qu'il ne peut se défendre, il fait le muet; mais quand je l'ai trouvé en mon chemin, il criait comme un possédé, Gare! gare !—Eh bien, dit le commissaire, que ne vous rangiez-vous ?

XXIX. A Teacher should be free.

ARISTIPPE demandait cent drachmes pour élever le fils d'un citoyen très-riche. Cet homme, qui était avare, se récria beaucoup sur cette somme: Je pourrais, dit-il, à moins de frais, avoir un esclave habile dans les lettres, qui instruirait mon fils.-Eh bien, répondit le philosophe, achetez cet esclave: il fera bientôt de votre fils un autre lui-même, par le cœur et par les sentimens voyez quel profit! Au lieu d'un esclave, vous en aurez deux.

XXX. Actions must be judged by Motives.

LE Loup prêt à rendre les derniers soupirs, jettoit un regard sur sa vie passée, & examinoit ses actions. Je suis vraiment un pécheur, disoit-il: cependant, sans me flatter, je crois qu'il y en a de plus grands que moi. fait du mal; mais j'ai fait aussi du bien.

J'ai

Un jour, je m'en souviens, un agneau écarté de son troupeau, vint, en bêlant, se jetter près de moi; je pouvois l'étrangler; rien n'étoit plus facile ; je n'y touchai pas. Précisément vers le même tems, j'eus la patience d'écouter les railleries & les propos outrageans d'une brebis, avec une indifférence d'autant plus digne d'admiration, que je n'avois rien à craindre, n'y ayant aucun chien qui la gardât

Je puis attester tous ces faits, interrompit un renard de ses amis, qui le disposoit à la mort : toutes les circonstances en sont encore présentes à ma mémoire. C'étoit dans le tems où tu manquas d'être étranglé si misérablement, par cet os que la Grue eut ensuite la bonté de te tirer du gosier.

XXXI. Self-Interest a false Standard of Judgement. UNE dispute sur la préséance s'étoit élevée parmi les animaux. Que l'homme en soit le juge, dit le Cheval . il n'est pas intéressé dans la querelle; il sera impartial. Mais a-t-il l'intelligence nécessaire? dit la taupe. Saura-t-il discerner notre mérite que les meilleurs yeux ne découvrent pas toujours ? En effet, reprit l'âne je ne croirai jamais que l'homme ait assez de penétration. Taisezvous, interrompit le cheval. Le moins fondé à croire sa cause bonne, est toujours le premier à révoquer en doute les lumières de son juge.

L'homme est pris pour juge. Homme, s'ecrie le lion, d'après quelle regle comptes-tu apprécier notre mérite? D'après le plus ou le moins d'utilité que je retire de vos services, répliqua l'homme. A merveille! dit le lion, piqué de la réponse; combien serais-je alors au dessous de l'âne.

Notre différend, continua le Lion, est, si j'en juge bien, une dispute absolument inutile. Regardez moi comme le plus considérable ou comme le moindre de tous, la chose m'est égale : je me connois, et c'est assez. Cela dit, il quitta l'assemblée. Le sage eléphant, le tigre hardi, l'ours toujours grave, le cheval avec son air noble, le Renard content de sa finesse; en un mot, tous ceux qui sentoient ou croyoient sentir leur mérite, suivirent bientôt son exemple.

Ceux qui se retirèrent les derniers, et qui murmurèrent le plus de la rupture de l'assemblée, furent-la taupe et l'âne.

XXXII.

Better to be put to Death for Innocence than for
Guilt.

Le plus vertueux des païens, Socrate, fut accusé d'impiété, et immolé à la fureur de l'envie et du fanatisme. Lorsqu'on lui rapporta qu'il avoit été condamné à mort par les Athéniens et eux, dit il, le sont par la nature. Mais, c'est injustement, s'écria sa femme. Voudrois-tu, reprit-il, que ce fût justement ?

XXXIII. An Enemy an incompetent Witness.

GUSTAVE III, signala les commencemens de son règne par plusieurs traits de générosité entre lesquels on peut encore placer celui-ci. Une personne, ayant demandé à lui parler, dit qu'elle venoit l'avertir qu'un homme en place formoit des projets contre sa majesté. Le roi, n'ignorant pas que le dénonciateur étoit ennemi du prétendu coupable, le renvoya, en lui disant: "Allez vous réconcilier avec votre ennemi, et je pourrai ensuite vous écouter et vous croire."

XXXIV. True Nobility not inconsistent with Labor. HATEMTAI était le plus libéral des Arabes de son temps. On lui demanda s'il avait jamais connu quelqu'un qui eût le cœur plus noble que lui; il répondit : "Un jour, après

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