Pour guérir cette maladie, Aux enfans trop commune, hélas ! Il prend sa fille entre ses bras, Et faisant approcher son fils, Contre son sein aussi le presse, Puis donne à tous deux cet avis.
Mes enfants, puissiez-vous sans cesse, Avoir les yeux sur le miroir ! Consultez-le matin et soir; En te rendant la douce image De la bonté de ton visage, Mon fils, qu'il te dise de fuir Le vice qui peut t'enlaidir. Tu peux de son avis fidelle Te bien trouver dans tous les temps. Ma fille, si tu n'es pas belle,
Embellis-toi par les talents.
Calumny cannot long tarnish Virtue.
Un cygne au cou d'albâtre, au corps plus blanc que neige, Sur un beau lac flottait négligemment :
On le voyait jouir de l'heureux privilége
De marcher sur les eaux, tel qu'un vainqueur charmant. Tournant avec noblesse et nageant avec grâce, Il paraissait des flots caresser la surface. Un essaim de corbeaux au fond d'un marécage, Critiquait de l'oiseau l'air gracieux et doux ; Ces messieurs étaient noirs, et tous étaient jaloux De la beauté du cygne et de son blanc plumage. Insultant les vivants et déchirant les morts, Ils voyaient que le cygne, au-dessus de l'envie, De leur perfide calomnie
Bravait en paix les coupables efforts.
Et l'un d'eux, irrité de ce noble silence, Aux corbeaux réunis inspira son courroux. Du cygne, disait-il, punissons l'arrogance, Qu'il devienne aussi noir que nous.
Il dit et remplissant son bec de fange impure, Sur l'oiseau innocent fit pleuvoir mainte ordure. Le cygne, peu surpris de l'outrage nouveau, Se tait, plonge à leurs yeux, et reparaît plus beau. Vils ennemis, dit-il, en vain par cette injure Vous outragez les dons que me fit la nature : Je brave des méchants la stupide fureur, Vous vous êtes salis sans ternir ma couleur.
Grâces, Vertus, Talens, Génie,
Méprisez les corbeaux, ne les craignez jamais. Laissez parler la Calomnie,
Sur elle tôt ou tard retomberont ses traits.
44. A Prohibition is sometimes an Incentive. Voyez ce puits fatal....c'est là qu'un de vos frères, En voulant essayer ses aîles téméraires, S'est lui-même jeté dans les bras de la mort. Si vous en approchez, craignez le même sort. Dame poule autrefois adressa ce langage Au coq son fils. Il promet d'être sage, Tandis que dans son cœur il forme le désir De s'approcher du puits, et de désobéir. A quoi bon l'ordre de ma mère ? Dit-il; elle est vieille, elle a peur.
Mais dois-je respecter une vaine terreur ? Un coq doit-il trembler comme une âme vulgaire ? Le beau conseil ! suis-je un lâche à ses yeux ? A-t-elle contre moi des soupçons odieux ?
Peut-être aussi qu'ayant du grain de reste, Ma mère l'a caché dans le fonds de ce puits, Et qu'elle le destine à ses plus jeunes fils. Volons, volons vers ce lieu si funeste. Il dit, il vole: il arrive d'abord
Au puits fatal, et, perché sur le bord, Il se baisse, il voit son image.
Que vois-je ? C'est un coq! Vraiment il se nourrit Des grains cachés. Oh! je l'avais bien dit.
Voyons qui de nous deux en aura davantage.
A l'instant il s'élance, et trouve, au lieu de grain, Jeune étourdi qu'on avertit en vain, Cette fable est pour vous; tâchez d'en faire usage.
45. The High rest on the Low.
Oses tu t'égaler à moi !
Disait au socle une fière statue ;
Je porte mon front dans la nue, Et je pose le pied sur toi,
Encore trop heureux qu'un jour je ne t'écrase ! -Plus de douceur et moins d'emphase :
Il te sied bien de m'insulter,
Etre faible, injuste et superbe!
Si je cessais de te porter,
Je te verrais bientôt sous l'herbe.
46. The Wicked must sleep.
Un soir sous un berceau quelqu'un voyant dormir Un tyran qui passait sa vie A tourmenter autrui pour l'unique plaisir De contenter sa barbarie,
Ne put s'empêcher d'en gémir :
Ce scélérat, dit-il, dort d'un aussi bon somme Que pourrait faire un honnête homme : Dans ce repos si doux et si peu mérité
Je ne reconnais point la céleste équité.
Un vieillard l'entendit : Tremble qu'il ne s'éveille, Lui dit tout bas cet homme, et rends grâces aux dieux De ce qu'en attendant, la paix règne en ces lieux :
Le crime dort tandis que le tyran sommeille. Les dieux, lorsque la nuit brunit l'émail des champs, Et noircit les palais des villes,
Accordent quelquefois le sommeil aux méchants, Afin que les bons soient tranquilles.
47. Innocence the softest Pillow.
Fléau de ses états, un farouche sultan
Ne dormait plus. Tant pis,-le sommeil d'un tyran, Dit un sage par excellence,
Fait le repos de l'innocence.
Un jour, las de chercher un sommeil qui le fuit, De son palais il sort sans bruit,
Vole au désert: peut-être un remords salutaire Dirige-t-il ses pas vers ce lieu solitaire.. Là, vivait loin du monde, un derviche pieux; Détaché des biens de la terre.
Déjà, par la pensée, il habitait les cieux, Et reposait alors couché sur une pierre. "Ce misérable! il dort, dit le sultan, et moi !.... "Moi, qui puis à mon gré disposer de sa vie,
Il faut que je lui porte envie ! Il soupire à ces mots. 'Holà ! réveille-toi ! "Ecoute, et-réponds à ton maître : "En te voyant dormir ainsi,
'Il est aisé de reconnaître
Que tu vis exempt de souci :
"Mais ton lit, c'est la pierre, et couché de la sorte, "Comment peux tu dormir aussi bien?"..Eh! qu'importe Dit le dervis, de sommeiller
Sur le duvet ou sur la dure;
J'ai fait un peu de bien, ma conscience est pure, Est-il un plus doux oreiller?
Pleasures grow on Thorns.
Un jeune enfant se plaignait autrefois Que quand il cueillait une rose
Il se piquait toujours les doigts. En vérité, c'est une étrange chose! Disait-il en colère,, et la nature a tort De placer une fleur si belle
Sur un buisson. De quoi s'avise-t-elle ? Pour moi je la blâme très-fort.
-Taisez-vous, jeune homme peu sage, Lui répondit la rose en son langage (Car tout parlait alors, fruits, arbrisseaux et fleurs); Le plaisir ne va point sans peine ;
Il exige des soins; cette règle est certaine. Vous dois-je mon éclat et mes belles couleurs ? Je vous les cède sans murmure ;
Mais permettez au moins que la nature,
En vous comblant de ses faveurs, Mette un léger obstacle à vos vives ardeurs.
The Sufferer not the greatest Criminal. Un rat trottait, emportant dans son trou Un fromage...Il allait le manger en cachette, Lorsque survient une belette
Qui dévore aussitôt le vol et le filou.
Le renard l'aperçoit ; il la trouve grassette.
Quel mets! dit-il, vraiment je ne veux pas "M'en faire faute à mon repas.
Croquer d'ailleurs cette bête insolente,
"De l'innocent raton c'est venger le trépas. Il s'en donne à cœur joie. A l'instant se présente Un loup...Le renard eut son fait,
Car maître loup, casuiste sévère,
Voulait en lui punir plus d'un forfait. Ce renard et ce loup nous offrent, trait pour trait, Maint héros couronné des lauriers de la guerre, Maint redresseur de torts, qui, le glaive à la main, On le sait ravagent la terre
Pour le bonheur du genre humain.
50. The World sometimes a Cure for Arrogance. Une linote avait un fils
Qu'elle adorait selon l'usage:
C'était l'unique fruit du plus doux mariage, Et le plus beau linot qui fût dans le pays. Sa mère en était folle, et tous les témoignages Que peuvent inventer la tendresse et l'amour Etaient pour cet enfant épuisés chaque jour. Notre jeune linot, fier de ces avantages, Se croyait un phénix, prenait l'air suffisant, Tranchait du petit important
Avec les oiseaux de son âge :- Persiflait la mésange ou bien le roitelet, Donnait à chacun son paquet,
Et se faisait haïr de tout le voisinage.
« PreviousContinue » |