Cours d'instruction d'un sourd-muet de naissance: et qui peut être utile à l'éducation de ceux qui entendent et qui parlent

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Le Clere, 1803 - Deaf - 488 pages
 

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Popular passages

Page xvi - Tel est le sourd« muet dans son état naturel; le voilà tel que l'habitude de l'observation , « en vivant avec lui , m'a mis à même de le dépeindre. » — M. Paulmier, instituteur renommé de l'école de Paris , appelé devant la cour d'assises de la Seine pour servir d'interprète à un sourd-muet accusé de vol , s'exprima «le la manière suivante : « Se fait-on bien une idée de la disgrâce d'un sourd...
Page 312 - Revenez-y encore , c'est un plaisir qui ne s'use point ; plus on le goûte , plus on se rend digne de le goûter : on s'accoutume à sa prospérité propre, et on y devient insensible; mais on sent toujours la joie d'être l'auteur de la prospérité...
Page 482 - Je prends l'homme voleur par sa veste, je le retiens fortement, il devient pâle, blême et tremblant. Je fais signe à un soldat de venir, je montre le porte-feuille au soldat, en lui faisant signe que cet homme a volé mon porte-feuille. Le soldat prend l'homme voleur et le mène ici, je l'ai suivi, je vous demande de nous juger. Je jure Dieu qu'il m'a volé ce porte-feuille; lui n'osera pas jurer Dieu.
Page xii - Borné aux seuls mouvements physiques, il n'a pas même, avant qu'on ait déchiré l'enveloppe sous laquelle sa raison demeure ensevelie, cet instinct sûr qui dirige les animaux à n'avoir que ce guide.
Page xii - Le sourd-muet est seul dans la nature , sans aucun exercice possible de ses facultés intellectuelles , qui demeurent sans action, sans vie à moins qu'une main bienfaisante ne parvienne à le tirer de ce sommeil de mort..... Quant au moral, il n'en soupçonne pas même l'existence.
Page xxxv - L'une de ses deux parties peut subsister sans l'autre : mais une langue qui n'aurait que la première ne présenterait que des images isolées , sans enchaînement et sans liaisons ; chaque mot peindrait un objet, sans doute, mais on manquerait de ce mot dont l'absence prive ceux qu'on écrit les uns à la suite des autres , de cette couleur qui leur donne la vie , en formant de cette suite de mots une phrase complette.
Page 483 - N'espérez pas que vos élèves puissent jamais rendre, par écrit, leurs idées. Notre langue n'est pas leur langue: c'est celle des signes. Qu'il vous suffise qu'ils sachent traduire la nôtre avec la leur, comme nous traduisons nous-mêmes les langues étrangères, sans savoir ni penser, ni nous exprimer dans ces langues; que vos élèves sachent, comme les miens, écrire sous la dictée des signes.
Page 330 - Je pense : il ya donc en moi un principe simple corrtfne la pensée , immatériel comme elle , indestructible de sa nature , et par cela même , immatériel. C'est ce principe qui fait le privilège de l'homme ; son caractère distinctif, la dignité de son être , et qui l'élève au-dessus de tout ce qui existe autour de lui , en le plaçant à une distance immense de la brute. Il faut sans doute révéler ce mystère au sourd-muet ; car c'en est un pour lui , et un bien grand , et le consoler...
Page 312 - Toute cette vaine montre qui vous environne est pour les autres } ce plaisir est pour vous seul : tout le reste a ses amertumes } ce plaisir seul les adoucit toutes : la joie de faire du bien est tout autrement douce et touchante que la joie de le recevoir : revenez-y encore, c'est un plaisir qui ne s'use point} plus on le goûte, plus on se rend digne de...
Page xxxvi - ... course que de se contenter du premier , ou de ne pas chercher -à perfectionner le second. Le célèbre inventeur trouva dans les différentes combinaisons des signes, l'équivalent de chaque idée physique et morale : ainsi tous les mots de la langue française eurent leurs correspondans dans celle des sourds-muets; rien ne fut plus facile que de faire passer dans leur mémoire les mots et les signes à-la-fois.

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