MARIANE. Vos tendresses pour lui ne me font point de peine; ORGON. Ah! voilà justement de mes religieuses, Lorsqu'un père combat leurs flammes amoureuses! Debout. Plus votre cœur répugne à l'accepter, Plus ce sera pour vous matière à mériter. Mortifiez vos sens avec ce mariage, Et ne me rompez pas la tête davantage. Mais quoi!... DORINE. ORGON. Taisez-vous, vous. Parlez à votre écot. Je vous défends, tout net, d'oser dire un seul mot. CLEANTE. Si par quelque conseil vous souffrez qu'on réponde... ORGON. Mon frère, vos conseils sont les meilleurs du monde; Ils sont bien raisonnés, et j'en fais un grand cas: Mais vous trouverez bon que je n'en use pas. ELMIRE, à Orgon. A voir ce que je vois, je ne sais plus que dire; C'est être bien coiffé, bien prévenu de lui, Que de nous démentir sur le fait d'aujourd'hui ! ORGON. Je suis votre valet, et crois les apparences. Du trait qu'à ce pauvre homme il a voulu jouer. Est-ce qu'au simple aveu d'un amoureux transport ORGON. Enfin, je sais l'affaire, et ne prends point le change. ELMIRE. J'admire, encore un coup, cette faiblesse étrange: Mais que me répondrait votre incrédulité Si je vous faisais voir qu'on vous dit vérité? Mais quoi! si je trouvais manière De vous le faire voir avec pleine lumière...? Contes en l'air. ORGON. ELMIRE. Quel homme! Au moins, répondez-moi. Je ne vous parle pas de nous ajouter foi; Mais supposons ici que,d'un lieu qu'on peut prendre, On vous fit clairement tout voir et tout entendre, Que diriez-vous alors de votre homme de bien? ORGON. En ce cas, je dirais que... Je ne dirais rien, ELMIRE. L'erreur trop long-temps dure, Et c'est trop condamner ma bouche d'imposture. Il faut que, par plaisir, et sans aller plus loin, De tout ce qu'on vous dit je vous fasse témoin. ORGON. Soit. Je vous prends au mot. Nous verrons votre adresse. Et comment vous pourrez remplir cette promesse. ELMIRE, à Dorine. Faites-le-moi venir. DORINE, à Elmire." Son esprit est rusé, Et peut-être à surprendre il sera malaisé. Non: on est aisément dupé par ce qu'on aime, Ah! mon Dieu !laissez faire; J'ai mon dessein en tête, et vous en jugerez. Mettez-vous là, vous dis-je ; et quand vous y serez, Gardez qu'on ne vous voie et qu'on ne vous entende. ORGON. Je confesse qu'ici ma complaisance est grande; Mais de votre entreprise il vous faut voir sortir. ELMIRE. Vous n'aurez, que je crois, rien à me repartir. (à Orgon, qui est sous la table.) Au moins, je vais toucher une étrange matière, Que mon âme à ses vœux va feindre de répondre, TARTUFFE, ELMIRE, ORGON, sous la table. TARTUFFE. On m'a dit qu'en ce lieu vous me vouliez parler. 1. Molière. 6 |