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A son mauvais destin laissez un misérable,
Et ne vous joignez point au remords qui l'accable.
Souhaitez bien plutôt que son cœur, en ce jour,
Au sein de la vertu fasse un heureux retour;
Qu'il corrige sa vie en détestant son vice,
Et puisse du grand prince adoucir la justice;
Tandis qu'à sa bonté vous irez, à genoux,
Rendre ce que demande un traitement si doux.

ORGON.

Oui, c'est bien dit. Allons à ses pieds avec joie
Nous louer des bontés que son cœur nous déploie :
Puis, acquittés un peu de ce premier devoir,
Aux justes soins d'un autre il nous faudra pourvoir,
Et par un doux hymen couronner en Valère
La flamme d'un amant généreux et sincère.

FIN DU TARTUFFE.

AMPHITRYON,

COMÉDIE

EN TROIS ACTES.

11. Molière.

8

ACTEURS DU PROLOGUE.

MERCURE.

LA NUIT.

ACTEURS DE LA COMÉDIE. JUPITER, sous la figure d'Amphitryon. MERCURE, sous la figure de Sosie. AMPHITRYON, général des Thébains. ALCMÈNE, femme d'Amphitryon.

CLÉANTHIS, suivante d'Alcmène, et femme de

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(La scène est à Thèbes, dans le palais
d'Amphitryon.)

PROLOGUE.

MERCURE, sur un nuage; LA NUIT, dans un char traîné dans l'air par deux chevaux.

OUT

MERCURE.

Tour beau, charmante Nuit, daignez vous arrêter.
Il est certain secours que de vous on désire;
Et j'ai deux mots à vous dire
De la part de Jupiter.

LA NUIT.

Ah! ah! c'est vous, seigneur Mercure! Qui vous eût deviné là dans cette posture?

MERCURE.

Ma foi! me trouvant las pour ne pouvoir fournir
Aux différens emplois où Jupiter m'engage,
Je me suis doucement assis sur ce nuage,

Pour vous attendre venir.

LA NUIT.

Vous vous moquez, Mercure, et vous n'y songez pas; Sied-il bien à des dieux de dire qu'ils sont las?

MERCURE.

Les dieux sont-ils de fer?

LA NUIT.

Non, mais il faut sans cesse

Garder le décorum de la divinité.

Il est de certains mots dont l'usage rabaisse
Cette sublime qualité,

Et que, pour leur indignité,

Il est bon qu'aux hommes on laisse.

MERCURE.

A votre aise vous en parlez;

Et vous avez,

la belie, une chaise roulante

Où, par deux bons chevaux, en dame nonchalante,
Vous vous faites traîner partout où vous voulez.
Mais de moi ce n'est pas de même :
Et je ne puis vouloir, dans mon destin fatal,
Aux poëtes assez de mal

De leur impertinence extrême,
D'avoir, par une injuste loi
Dont on veut maintenir l'usage,
A chaque dieu, dans son emploi,
Donné quelque allure en partage,
Et de me laisser à pied, moi,
Comme un messager de village;

Moi qui suis, comme on sait, en terre et dans les cieux,
Le fameux messager du souverain des dieux;

Et qui, sans rien exagérer,

Par tous les emplois qu'il me donne,
Aurais besoin plus que personne

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