PALEM O N. Daphné ne cherche point le crystal des fontaines, Soupirs que j'ai poussés, doux tourmens, tendres peines Souviens-toi de quel air Philis entre en la danse, Daphné danse encor mieux, et n'en est pas si sûre : Aux soupirs d'Alcidon Philis étoit sensible; Mais quel est mon bonheur, de voir que chaque jour PALEM O N. Je n'ai point le plaisir de rendre méprisable Alcidon l'autre jour au milieu d'une foule, PALEM O N. En ma faveur Daphné ne s'est point déclarée, Non pas que j'en jurasse encor par Cythérée : ARCA S. Ma Philis fait des vers d'un tendre caractère ; Elle en fera pour moi, je l'ai trop mérité : C'est toujours le berger qui chante la bergère; PALEM O N. De la voix de Daphné que le doux son me touche !! ARCAS. Tu dois bien t'offenser, Philis; on te compare, PALEM O N. Daphné, quoiqu'en ces lieux nulle autre ne l'égale, Punis de Palemon l'insupportable audace; PALEM O N. Daphné, n'entreprends pas une telle vengeance; Tes rigueurs vaudroient mieux que l'amour de Philis. Bergers, c'en est assez, je vois que votre zèle Vous ne parleriez bientôt plus Du mérite de l'une et de l'autre bergère ; Ecoutez-moi, bergers; voici mon jugement. Ah! Timante ! PALEM O N. TIMAN T E. Ecoutez, bergers, tranquillement. Mais je crois Daphné plus aimable. ARCAS. Et c'est ainsi... TIMANT E. Bergers, je me sers de mes droits; Et mon autorité doit être ici suivie. Il vaudroit mieux aimer Philis pour quelques mois, Vous, Arcas, préparez quelque chant pour Daphné. L'air L'air sera tendre et doux, les fleurs seront nouvelles ; A MONSIEUR. LE berger (1) qui jadis hérita le hautbois » Et dont même aujourd'hui la muse que » Moi qui voudrois rendre dignes d'un sage, » Pourquoi non cependant? Ces sages de la Grèce, כג L'emportent-ils pour la sagesse » Sur nos Tyrsis et nos Damons? J'en doute. Dans nos champs la vertu toute pure Agit sans dessein d'éclater; Tout l'art de la raison ne sauroit imiter » Un bien imaginaire aux dépens l'un vrai bien : Il leur manque des mots, un sévère maintien » Encore un grand défaut, ils sont toujours amans; » De je ne sais quels feux qui leur semblent charmans, » Leur ame est sans cesse re.nplie. Mais quoi! tous les humains sont foux par quelque endroit. » Ft l'amour n'est-il pas la plus sage folie » Dont on puisse payer le tribut que l'on doit ? » Vous donc que la sagesse admet dans ses mystères ; » Qui, simple spectateur des passions vulgaires, » De leurs ressorts en nous considérez le jeu, כן » Prenez des yeux qui ne soient point austères » Pour un berger qui vous ressemble peu. Ne riez pas de voir sa raison égarée » Par tant d'états divers passer en un seul jour. amant est chose sacrée • כל Un » Et qui par un vrai sage est toujours révérée ; Le sage tant qu'il vit est en prise à l'amour. LES Es oiseaux qui du jour annoncent la naissance, |