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Elle est jaune, Iris brune, et sans doute l'emploi
De cueillir cette fleur ne regardoit que moi.
Peut-être dans les jeux elle eût bien voulu prendre
Le moment d'un regard mystérieux et tendre,
Qu'avec un air timide elle m'eût adressé,
Et de tous mes tourmens j'étois récompensé.
Peut-être qu'à l'écart si je l'eusse trouvée,
D'une troupe jalouse un peu moins observée,
Elle m'eût, en fuyant, dit quelque mot tout bas,
Avec sa douce voix et son doux embarras.
Elle l'a déjà fait aux noces de Sylvie,
Ce plaisir imprévu pensa m'ôter la vie ;
Mon cœur se trouble encore à ce seul souvenir.
Quel moment! ah! grands Dieux, s'il pouvoit revenir!
Alcandre, que dis-tu? La bergère est absente,
Peut-être pour long-temps, peut-être peu constante;
Et jusqu'à ses faveurs tu portes ton espoir ?
Tu serois trop heureux seulement de la voir.

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Je traverse la plaine,

Et vais même monter la colline prochaine.

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LICIDA S.

» Ah! s'il étoit besoin;

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כל

Qui viendroit me les défendre,

» Je finirois-là mes jours.

» Au hameau d'où je suis tout le monde s'engage » En aucun autre lieu l'amour n'est mieux servi:

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Bergères et bergers nous lui rendons hommage; » Il n'est point parmi nous d'usage

Plus ancien ni mieux suivi.

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AT IS.

Et n'est-ce pas chez nous la même chose? » Un berger rougiroit de n'être pas amant; » Au doux péril d'aimer de soi-même on s'expose. Qu'il arrive un événement,

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» Il n'en faut pas chercher bien loin la cause;

» C'est l'amour, c'est lui sûrement.
> Par nos Iris et nos Sylvies,

> Tous nos destins sont décidés.

Les troupeaux, il est vrai, sont assez mal gardés:

» Mais les belles sont bien servies.

LICID A S.

» Dans tout notre hameau nous ne pouvions compter

>> Qu'une jeune beauté qui fût indifférente;

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» Maintenant ç'en est fait, Silvanire est amante L'amour n'a point voulu qu'on la pût excepter.

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ATISI

AT IS.

>> Dis-moi, berger, par quelle voie
» Il l'a soumise à son pouvoir:

» Je suis curieux de savoir

» Les divers moyens qu'il emploie. >> Aussi bien je suivrai la route que tu tiens » Pendant un assez long espace; » Dans de semblables entretiens, »Tu sais comme le temps se passe. LICIDA S.

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» Mais, berger, tu me conteras

>> De ton hameau quelque histoire pareille.

AT IS.

J'y consens; ce seroit une grande merveille » S'il ne nous en fournissoit pas. >>

LICIDA S.

SILVANIRE Vivoit sans avoir de tendresse,
Elle perdoit le temps d'une aimable jeunesse ;
Et, ce qui méritoit de plus grands châtimens
Elle le faisoit perdre à deux ou trois amans.
Souvent contre l'amour, même contie sa mère,
Contre l'aimable troupe adorée en Cythère,
Elle tint des discours offensans et hardis;
Je serois bien fàché de les avoir redits.
Elle quitta pourtant sa fierté naturelle

Non sur de nouveaux soins qu'un amant eut pour elle;
L'amour n'en fit pas tant, et la réduisit bien :

Toute cette fierté cessa presque sur rien.

Un jour elle épia Mirène avec Zélide:

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Tome V

Tandis le soleil brûloit la terre aride,

que

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Sous un ombrage épais ces amans retirés, Du reste des mortels se croyoient délivrés. Un buisson les trahit aux yeux de Silvanire; D'un entretien d'amans elle eut dessein de rire, Plaisir qui lui devoit sans doute être interdit. Dieux! quels discours charmans Silvanire entendit! Devine-les, Atis, toi qui sais comme on aime; C'étoient de ces discours dictés par l'amour même, Que les indifférens ne peuvent imiter, Qu'un amant hors de là ne sauroit répéter. Ils étoient quelquefois suivis par un silence; Au défaut de la voix, les yeux d'intelligence Confondoient des regards vifs, quoique languissans, Et craintifs et flatteurs, doux ensemble et perçans. Zélide en rougissoit; et cette honte aimable Exprimoit mieux encore un amour véritable Et Mirène charmé lisoit, dans sa rougeur, Des secrets qu'à demi cachoit encor son cœur. Tantôt de leurs amours l'histoire est retracée : La rencontre où d'abord leur ame fut blessée Le lieu, même l'habit que Zélide avoit pris; Rien n'est indifférent à des cœurs bien épris. Les premières rigueurs qu'eut à souffrir Mirène, Dont la bergère alors ne convenoit qu'à peine, Mille riens amoureux pour eux seuls importans Quels sujets d'entretien à des amans contens? Ils s'occupent tantôt d'un simple badinage

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>

Qui des tendres amours est le charmant partage,
Que le respect pourtant accompagne toujours;
Doux respects, qui lui-même aide aux tendres amours.
Mais pour les amuser ce qui pouvoit sufire,

Iar quel art, cher Atis, se pourroit-il décrire ?

Quelque débat entre eux survenu pour un chant,
Que chacun croyoit rendre encore plus touchant,
Quelque fleur que Mirène arrachoit à la belle,
Et dans le mouvement que causoit la querelle,
Une main de Zélide ou bien un bras baisé,
Un vain courroux d'amante aussi-tôt appaisé :
Que sais-je ? mille jeux que l'amour autorise,
Une innocente offense, une feinte surprise,
D'une liberté douce effets pleins d'agrémens,
Voilà ce qui changeoit leurs heures en momens.
Silvanire conçut qu'elle étoit moins heureuse;
De ce lieu solitaire elle sortit rêveuse :

Les plus beaux de ses jours, quoiqu'exempts de souci,
Tranquilles, fortunés, ne couloient point ainsi.

Elle croyoit toujours voir Zélide et Mirène,
Toujours de leurs discours sa mémoire étoit pleine,
Présage d'une ardeur qui s'alloit allumer;
Elle sentit enfin qu'il lui manquoit d'aimer.
Bientôt de ses amans Lisis le plus aimable,
A ses vœux empressés la trouva favorable ;
Bientôt.... mais qu'ai-je encore, Atis, à te conter ?
Silvanire en chemin ne doit pas s'arrêter;
Bientôt sur tous les soins que la tendresse inspire,
On ne distingua plus Zélide et Silvanire.
De l'amour cependant admire les attraits;
Le mal se prend à voir des amans de trop près.

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tu ne saurois croire

Quel plaisir m'a fait ton histoire.

Je suis ravi, lorsque j'entends

Que notre commun maître obtient une victoire:

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