Elle est jaune, Iris brune, et sans doute l'emploi Je traverse la plaine, Et vais même monter la colline prochaine. LICIDA S. » Ah! s'il étoit besoin; כל Qui viendroit me les défendre, » Je finirois-là mes jours. » Au hameau d'où je suis tout le monde s'engage » En aucun autre lieu l'amour n'est mieux servi: Bergères et bergers nous lui rendons hommage; » Il n'est point parmi nous d'usage Plus ancien ni mieux suivi. AT IS. Et n'est-ce pas chez nous la même chose? » Un berger rougiroit de n'être pas amant; » Au doux péril d'aimer de soi-même on s'expose. Qu'il arrive un événement, » Il n'en faut pas chercher bien loin la cause; » C'est l'amour, c'est lui sûrement. > Tous nos destins sont décidés. Les troupeaux, il est vrai, sont assez mal gardés: » Mais les belles sont bien servies. LICID A S. » Dans tout notre hameau nous ne pouvions compter >> Qu'une jeune beauté qui fût indifférente; » Maintenant ç'en est fait, Silvanire est amante L'amour n'a point voulu qu'on la pût excepter. ATISI AT IS. >> Dis-moi, berger, par quelle voie » Je suis curieux de savoir » Les divers moyens qu'il emploie. >> Aussi bien je suivrai la route que tu tiens » Pendant un assez long espace; » Dans de semblables entretiens, »Tu sais comme le temps se passe. LICIDA S. » Mais, berger, tu me conteras >> De ton hameau quelque histoire pareille. AT IS. J'y consens; ce seroit une grande merveille » S'il ne nous en fournissoit pas. >> LICIDA S. SILVANIRE Vivoit sans avoir de tendresse, Non sur de nouveaux soins qu'un amant eut pour elle; Toute cette fierté cessa presque sur rien. Un jour elle épia Mirène avec Zélide: Tome V Tandis le soleil brûloit la terre aride, que Sous un ombrage épais ces amans retirés, Du reste des mortels se croyoient délivrés. Un buisson les trahit aux yeux de Silvanire; D'un entretien d'amans elle eut dessein de rire, Plaisir qui lui devoit sans doute être interdit. Dieux! quels discours charmans Silvanire entendit! Devine-les, Atis, toi qui sais comme on aime; C'étoient de ces discours dictés par l'amour même, Que les indifférens ne peuvent imiter, Qu'un amant hors de là ne sauroit répéter. Ils étoient quelquefois suivis par un silence; Au défaut de la voix, les yeux d'intelligence Confondoient des regards vifs, quoique languissans, Et craintifs et flatteurs, doux ensemble et perçans. Zélide en rougissoit; et cette honte aimable Exprimoit mieux encore un amour véritable Et Mirène charmé lisoit, dans sa rougeur, Des secrets qu'à demi cachoit encor son cœur. Tantôt de leurs amours l'histoire est retracée : La rencontre où d'abord leur ame fut blessée Le lieu, même l'habit que Zélide avoit pris; Rien n'est indifférent à des cœurs bien épris. Les premières rigueurs qu'eut à souffrir Mirène, Dont la bergère alors ne convenoit qu'à peine, Mille riens amoureux pour eux seuls importans Quels sujets d'entretien à des amans contens? Ils s'occupent tantôt d'un simple badinage > Qui des tendres amours est le charmant partage, Iar quel art, cher Atis, se pourroit-il décrire ? Quelque débat entre eux survenu pour un chant, Les plus beaux de ses jours, quoiqu'exempts de souci, Elle croyoit toujours voir Zélide et Mirène, tu ne saurois croire Quel plaisir m'a fait ton histoire. Je suis ravi, lorsque j'entends Que notre commun maître obtient une victoire: |