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J'attendois désormais la neige et la froidure :

Aurons nous le printemps deux fois ?

TIRCI S.

Chimène est de retour, berger; et la nature
L'apprend à nos oiseaux, à nos prés, à nos bois.
Vois comme en ces climats elle se renouvelle

Elle n'a jamais eu d'appas plus éclatans ;
Elle en veut faire autant pour cette belle
Qu'elle en feroit pour le printemps.

ALCIDO N.

Ah! je ne devois pas attendre

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Qu'on m'apprêt qu'elle est de retour;

Et ne sentois-je pas qu'en ce charmant séjour,
Il vient de se répandre

Un air plus amoureux, plus tendre ?
TIRCI S.

Aimons, en ce charmant séjour

On ne respire plus qu'amour.

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'Tous les cours enchantés se rendront à leur tour, 20

TOUS DEUX.

Aimons, en ce charmant séjour
On ne respire plus qu'amour.

SCENE I I.

ALCIDON, TIRCIS, THAMIRE.

ENTENDRAI-JE

THAMIR E.

NTENDRAI-JE toujours retentir nos bocages

De ces vaines chansons ?

Pourquoi rendre à l'amour ces indignes hommages?
Il trouble seul, par ses cruels ravages
Le repos dont nous jouissons.
S'il n'étoit point d'amour au monde
Que les bergers seroient heureux :
Les charmes d'une paix profonde

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Les innocens plaisirs n'étoient fait que pour eux.
S'il n'étoit point d'amour au monde
Que les bergers seroient heureux!
Ne souffrons point qu'il nous enchaîne ;
Qui résiste d'abord, en triomphe toujours.

TIRCI S.

Berger, vous cesserez de tenir ce discours;
Vous n'avez jamais vu Climène.

THAMIR E.

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J'ai vu mille beautés qui ne m'ont point surpris;
J'ai vu Sylvie, Aminte, et Lisette, et Doris,
Attaquer mon repos dont leur fierté s'offense ;
Mon cœur s'est éprouvé contre tous leurs appas :
Je suis sorti de ces divers combats
Plus assuré de mon indifférence.

Que puis-je avoir à redouter?

S'il faut combattre encor, ma victoire est certaine.

ALCIDO N.

Berger, tout cet orgueil se laissera dompter,
Vous n'avez jamais vu Climène.

THAMIR E.

Et bien, qu'elle paroisse avec tous ses attraits;
Elle n'a jamais vu Thamire

Elle apprendra qu'on peut braver ses traits;
J'insulterai ces yeux dont l'éclat vous attire
En conservant une profonde paix.

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ALCID ON ET TIR CIS

Ah! ne poursuivez pas, vous vous rendez coupable; De son pouvoir l'amour est trop jaloux

Quelle vengeance effroyable

Vous prépare son courroux ?

Nous en frémissons pour vous.

THAMIR E.

Ne craignez rien pour moi, je saurai me défendre.
L'empire de l'amour auroit peine à s'étendre,
Si de l'indifférence on savoit mieux le prix.
Tout son pouvoir se borne à prendre
De foibles cœurs qui veulent être pris.

SCÈNE II I.

TIRCIS, ALCIDON.

TIRCIS E T ALCIDO N.

N'IMITONS point ce téméraire ; Craignons toujours l'amour, évitons sa colère.

ALCID O N..

L'amour, le plus grand. des vainqueurs:

Soumet tout à ses loix, et l'univers l'adore ;
Mais les cœurs des bergers lui doivent plus encore
Que tous les autres cœurs.

SCENE IV.

TIR GIS, ALCIDON, FLORISE;

FLORIS E.

JE cours de toutes parts, le désespoir dans l'amé a

Bergers, on ne doit plus se fier aux sermens

Le plus tendre des amans

Philène, a trahi ma flâme.

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Doux noeuds qu'avoient formés d'innocentes amours;
Que nous prenions plaisir à serrer tous les jours

T

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Par une tendresse nouvelle,

Hélas! ne pouviez-vous, avec tous vos attraits
Arrêter plus long-temps un amant infidelle,
Vous qui m'engagiez pour jamais ?
TIRCIS.

Mais, bergère, avez-vous une entière assurance
De ce funeste changement?

Souvent un cœur jaloux en croit trop aisément
La plus foible apparence.

FLORIS E.

Mon malheur n'est que trop certain, Une agréable erreur ne peut flatter ma peine. Je me déguiserois en vain

Le crime de Philène ;

Je viens de voir sur le sein de Climène
Des fleurs qu'il tenoit de ma main.

ALCIDO N.

Je ne suis point surpris que Climène l'engage ;
Il faut aimer Climène, il faut lui rendre hommage,
Dût-on quitter l'objet dont on avoit fait choix.

Tous les cœurs sont faits pour ses loix; L'amour en sa faveur permet qu'on soit volage. Il faut aimer Climène, il faut lui rendre hommage Dut-on quitter l'objet dont on avoit fait choix.

FLORIS E.

Est-ce là, juste ciel! dans mes douleurs pressantes Le soulagement que j'attends ?

TIRCIS E T ALCIDO N.

4

Climène est de retour; que nous verrons d'amantes Pleurer des amans inconstans!

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