Page images
PDF
EPUB

Aussi de ses amours en tous lieux signalés,
Telle fut la gloire éclatante,

Que quand la déesse charmante,

Qui sous ses loix tient les enfans allés, Perdit un des Pigeons à son char attelés, Notre Macreuse eut la place vacante.

SUR ce qu'en écrivant à une personne, on n'avoit osé écrire le mot d'amour, et qu'on l'avoit laissé en blanc.

HIER peut-être, Amour, je te parus coupable,

Même en implorant ton pouvoir,

Je n'osai prononcer ton nom, ce nom aimable
Que jamais l'univers n'entend sans s'émouvoir.
J'eus trop d'égard pour une indifférente,
Je craignis plus de l'offenser que toi:
Mais d'un respect poussé plus loin que je ne doi,
Le moyen que je me repente ?

N'est-ce pas toi, grand Dieu, qui m'en as fait la loi?
La seule criminelle est la beauté que j'aime.
De ton nom outragé venge l'honneur suprême ;

La peine que tu dois choisir,

C'est que bientôt avec plaisir
Elle le prononce elle-même.

[graphic]

Où une personne n'avoit écrit

d'un sentiment qu'on lui demandoit. CERTAIN chiffre tracé par une main charmante

Tourmentoit un jour mes esprits :

J'eus recours au fils de Cypris ;

Il n'est déchiffreur que l'on vante
Autant que lui pour ces sortes d'écrits.
Il me lut tout courant l'adorable grimoire:
Jentendis... juste Ciel! quelle seroit ma gloire.
Quel destin seroit aussi beau!

Mais, hélas! il ne lut qu'à travers son bandeau,
Et je n'ose presque l'en croire.

SUR UN CLAIR DE LUNE.

Qu U AND l'Amour nous fait éprouver
Son premier trouble avec ses premiers charmes,
Contre soi-même encor c'est lui prêter des armes,
Que d'être seul et de rêver.

La dominante idée, à chaque instant présente,
N'en devient que plus dominante ;
Elle produit de trop tendres transports;
Et plus l'esprit rentre en lui-même,
Libre des objets du dehors,

Plus il retrouve ce qu'il aime.

[ocr errors]

Je conçois ce péril, et qui le connoît mieux ?
Tous les soirs cependant une force secrète
M'entraîne en d'agréables lieux,

Ou je me fais une retraite

Qui me dérobe à tous les yeux.

[ocr errors]

Là, vous m'occupez seule, et dans ce doux silence,
Absente je vous vois, je suis à vos genoux;

Je vous peins de mes feux toute la violence;
Si quelqu'un m'interrompt, j'ai le même courroux
Que s'il venoit par sa présence

Troubler un entretien que j'aurois avec vous.
Le Soleil dans les mers vient alors de descendre

Sa sœur jette un éclat moins vif et moins perçant ;
Elle répand dans l'air je ne sais quoi de tendre,
Et dont mon ame se ressent.

Peut-être ce discours n'est guère intelligible,

[ocr errors]

Vous ne l'entendrez point, je sais ce que j'y perds;
Un cœur passionné voit un autre univers,

Que le cœur qui n'est pas sensible.

SUR un portrait de feu Madame la duchesse de Mantoue.

Tor

Or que pour son rival Apollon même avoue
Immortel cygne de Mantoue *

Quoique pour vivre ici le destin t'ait marqué
Le plus beau temps de la grandeur romaine,
Que je te plains d'avoir manqué

Ce sujet pour tes chants, et cette souveraine !

A MADAME

LA D... DE M...

Sur son mariage, qui fut consommé dans une hôtellerie d'une petite ville.

[graphic]

DU

U beau sang dont vous êtes née,

Un souverain vous est dû pour époux;

Mais vos appas aussi donnent des droits sur vous

A l'ennemi de l'Hymenée.

*Virgile.

Le sérieux Hymen, par un grave décret,

Vous met entre les bras d'un prince d'Ausonie

L'autre pour donner un trait

Qui tienne de son génie,

Sans pompe, et presque en secret
Conclut la cérémonie

Dans un méchant cabaret.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

SUR UNE PETITE

SUR le sujet de la gente femelle,

[ocr errors]

VÉR O L E.

Qui rend mon cœur aussi tendre qu'il est,
Grace et beauté sont ensemble en querelle;
Car beauté dit : c'est par moi qu'elle est belle,
Grace répond: c'est par moi qu'elle plaît.
Dame beauté, toujours fière et hautaine,
D'esprit quinteux, et qui veut qu'on apprenne
Combien ses dons doivent être chéris,

Vous prend congé du visage d'Iris.

Mais d'autre part sa gentille rivale,

Pour la confondre et lui clorre le bec,
Grace demeure, et tous nos cœurs avec ;
D'enfans aîlés troupe toujours égale,
Aux pieds d'Iris se rend avec respect.

www

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]

MA

Psyché.

PSYCHÉ à Iris.

[ocr errors]

chère sœur nous ne nous devons rien,
En même cas nous sommes l'une et l'autre ;
Votre amant fait parler le mien,
Et le mien fait parler le vôtre.

JE

MADRIGA L.

E veux chanter en vers la beauté qui m'engage.

J'y pense, j'y repense et le tout sans effet;

[ocr errors]

Mon cœur s'occupe du sujet,
Et l'esprit laisse-là l'ouvrage.

A UTR E.

[graphic]

Tu sais quel est l'objet, Amour, dont j'ai fait choix.
Fais que de ses beaux yeux j'éprouve seul les armes ;
Ne crains point d'être injuste à l'égard de ses charmes,
En ne soumettant pas
Mon cœur est assez tendre, il est assez fidelle

Pour t'acquitter envers elle

De tout ce que tu lui dois.

[graphic]
« PreviousContinue »