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Et s'en formant en terre une divinité,

Penfent aller par Elle à la félicité.

125 C'eft Elle, difent-ils, qui nous montre à bien vivre.
Ces difcours, il eft vrai, font fort beaux dans un livre.
Je les eftime fort; mais je trouve en effet,
Que le plus fou fouvent eft le plus fatisfait.

REMARQUES.

avoir intérêt de le décrier, com
paroient fes talens avec ceux de
Molière; & difoient que Molière
êtoit plus grand Prédicateur, &
M. Joli plus grand Comédien.

On a fait plufieurs Editions
de fes Prônes qui font eftimés.
Ils font en 8. Volumes in-12. &
l'on en eft redevable à Jean Ri-
chard, natif de Verdun, lequel
après avoir étudié à Paris en
Théologie & en Droit, fe fit
recevoir Avocat, & fe maria.
Mais par un goût particulier,
au lieu de fuivre fa Profeffion,
il ne s'occupa toute fa vie que
de l'Eloquence de la Chaire. On
a de fa compofition plus de vingt
Volumes in-12. de Sermons, ou
Difcours fur toutes les parties de

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Outre

la Morale Chrétienne
un Dictionnaire Moral, ou de la
Science univerfelle de la Chaire, le-
quel contient par ordre Alpha-
bétique, ce que les Prédicateurs
François, Italiens, Efpagnols,
Allemands, &c. ont dit de plus
curieux. C'eft encore à fon zèle
pour la forte d'Eloquence, qui
l'occupoit, qu'on doit l'Edition
des Sermons & autres Ouvrages
Oratoires de M. de Fromentières.
Evêque d'Aire, du Carème & des
Penfées extraites des autres Ser-
mons de l'Abbé Boileau, de l'A-
cadémie Françoife; & d'un Re-
cueil de Panegyriques choifis. 11
mourut à Paris en 1719. âgé de
plus de 75. ans, & fut enterré
à faint Medard.'

M.

DESPREAUX fe propofe dans la cinquiéme Satire faite en 1665. de montrer que la VERITA BLE NOBLESSE, confifte bien moins dans la naissance que dans la vertu. JUVENAL, dans fa huitiéme Satire & Sénèque, dans fa quarante-quatriéme Epitre à Lucilius, ont traité la même matière.

Dans la première Compofition, la cinquiéme Satire finiffoit par ce Vers:

D'Hozier lui trouvera cent ayeux dans l'Histoire. Mais M. le Marquis de Dangeau, à qui la Pièce eft adreffée, fut d'avis que M. Defpréaux la terminat par quelques Vers à la loüange du Roi, pour qu'elle fût mieux reçue à la Cour. Avant qu'elle fut imprimée, ce Marquis en fit la lecture à quelques Seigneurs dans une falle où joüoit le Roi, qui, s'en apercevant, quitta fon jeu, pour se la faire live. C'est le premier Ouvrage de notre Poëte, que ce Prince ait connu. Quelque tems après, on lui lut le Difcours au Roi, compofé dans la même année.

A peu près dans le tems que l'Auteur fit ces deux Pièces, Philippe de Courcillon, Marquis de Dangeau, fut fait Colonel du Régiment du Roi. Il fut enfuite Gouverneur de Touraine, & de la Ville & Château de Tours; Aide de Camp du Roi dans les Campagnes de 1672. & 1674. emploïé près de divers Princes étrangers pour des occafions importantes; Menin de Monfeigneur le Dauphin, Chevalier d'honneur de Madame la Dauphine, & enfuite de Madame la Ducheffe de Bourgogne; Chevalier des Ordres du Roi; Grand-Maître de l'Ordre de NotreDame du Mont- Carmel, & de faint Lazare; & Confeiller d'Etat d'Epée. Il fut reçu à l'Académie Françoife en 1668. & Honoraire de l'Académie des Sciences en 1704. Il mourut à Paris le 13. Mai 1720. âgé de 84. ans. L'Abbé de Dangeau, auffi de V'Académie Françoise, étoit fon Frère,

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5

LA Noblesse, Dangeau, n'est pas une chimere,

Quand fous l'étroite loi d'une vertu fevere,
Un homme iffu d'un fang fecond en Demi-Dieux,
Suit, comme toi, la trace où marchoient ses ayeux.

Mais je ne puis fouffrir qu'un Fat, dont la mollesse
N'a rien pour s'appuyer qu'une vaine noblesse

Se pare infolemment du merite d'autrui,

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Et me vante un honneur qui ne vient pas de Lui.

REMARQUES.

IMIT. Vers 8. Et me vante un SENEQUE le Tragique, dit, Her bonneur qui ne vient pas de Lui.] cul. Fur. A&t. II. Sc. II. v. 340. •Qui genus jailat fuum

Aliena laudat.

Et

2

Je veux que la valeur de ses ayeux antiques Yo Ait fourni de matiere aux plus vieilles chroniques que l'un des Capets, pour honnorer leur nom Ait de trois fleurs de lis doté leur écuffon. Que fert ce vain amas d'une inutile gloire ? Si de tant de Heros celebres dans l'Histoire, Il ne peut rien offrir aux yeux de l'Univers, Que de vieux parchemins qu'ont épargnez les vers Si tout forti qu'il eft d'une fource divine, Son cœur dément en lui fa fuperbe origine : Et n'ayant rien de grand qu'une fotte fierté, 20 S'endort dans une lâche & molle oifiveté ?

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Cependant, à le voir avec tant d'arrogance
Vanter le faux éclat de sa haute naissance;
On diroit le Ciel eft foumis à fa loi,
que

Et
que Dieu l'a paiftri d'autre limon que moi.
25 Enyvré de lui-mefme, il croit dans fa folie,
que devant lui d'abord tout s'humilie.

Qu'il faut

REMARQUES.

VERS 11. Et que l'un des Capets...... Ait de trois fleurs de lis, &c.] Philippe- Augufte, defcendant de Hugues Capet, aïant, êté renversé de deflus fon cheval à la bataille de Bouvines, Adeodat d'Estaing, l'un des vingt-quatre Chevaliers commis à la garde de ce Prince, le tira du danger, qu'il couroit, & lui fauva fon Ecu. Pour l'en récompenfer, le Roi lui donna pour lui & fa poftérité, les Armes de France brifées d'un chef d'or.

Dans le tems que l'Auteur

2

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Aujourd'hui toutefois, fans trop le ménager,
Sur ce ton un peu haut je vais l'interroger.

Dites-moi, grand Heros, Efprit rare & fublime,
30 Entre tant d'Animaux qui font ceux qu'on eftime?
On fait cas d'un Courfier, qui fier & plein de cœur
Fait paroiftre en courant fa boüillante vigueur;
Qui jamais ne fe laffe, & qui dans la carriere
S'eft couvert mille fois d'une noble pouffiere:
35 Mais la postérité d'Alfane & de Bayard,

Quand ce n'eft qu'une roffe, eft venduë au hazard,

REMARQUES.

VERS 29. Dites-moi, grand Héros, &c.] Les quatre Vers qui précèdent celui-ci ont êté ajoutés par l'Auteur dans l'Edition de 1713. commencée à la fin de fa vie. Il les ajouta, pour empêcher que l'on ne crût que l'Apoftrophe contenue dans ce

Vers, s'adreffe à M. de Dangean lui-même. Bien des gens s'y êtoient trompés.

IMIT. Ibid. Dites-moi, grand Héros, &c.] Ce Vers & les neuf fuivans, font une imitation de ceux-ci de Juvenal, Sat. VIII. v. 56. &c.

cujus

Dic mihi, Teucrorum proles; animalia muta
Quis generofa putet, nifi fortia? nempe volucrem
Sic laudamus Equum, facili cui plurima palma
Fervet, & exfultat rauco victoria Circo.
Nobilis hic , quocumque venit de gramine
Clara fuga ante alios, & primus in aquore pulvis.
Sed venale pecus, Corytha pofteritas,&
Hirpini, firara jugo victoria fedit,
Nil ibi Majorum refpectus, gratia nulla
Umbrarum, dominos pretiis mutare jubentur
Exiguis, tritoque trahunt epirhedia collo
Segnipedes, dignique molam verfare Nepotis.
VERS 35.
Mais la postérité lui faire fignifier en général une
Alfane, &c.] Cheval du Roi Jument; & c'est dans ce fens que
Gradaffe dans l'Ariofle, DE S P. l'Ariofte l'emploie à l'endroit
même que M. Defpréaux avoit
en vue. Voici ce qu'il dit dans
fon Orlando furiofo Chant II.

Alfana eft un mot originaire-
ment Efpagnol, qui fignifie une
Cavalle fauvage ou étrangère. Les
Poëtes Italiens l'ont adopté pour Stance 51.
Il grave fcontro fa chinar le groppe
Sul verde prato a la gagliarda Alfana.
Gradaffo havea una Alfana la più bella
E la miglior che mai porta fella.

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