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Et mille autres qu'icy je ne puis faire entrer,

A leurs traits delicats fe laiffent penetrer.

Et pleuft au Ciel encor, pour couronner l'Ouvrage, 100 Que Montauzier vouluft leur donner fon fuffrage!

REMARQUES.

Il êtoit né le 15. de Juin 1634. & mourut le 12. de Janvier 1714. âgé de près de 80. ans. C'eft de lui qu'il eft parlé dans la Remarque fur le Vers 120. de la Satire X.

Simon Arnauld, Marquis de Pompone, Fils de Robert Arnauld d'Andilli, Confeiller d'Etat, fi connu par fes excellentes Traductions, Petit Fils du célèbre Antoine Arnauld, Avocat au Parlement & Procureur Général de la Reine Catherine de Médicis; Neveu de M. Arnauld le Docteur; fut en 1671. rappellé de Suede, où il venoit de conclure un Traité important, pour fuccéder au Marquis de Lyonne dans la Charge de Secretaire d'Etat pour les affaires Etrangères. Peu propre aux intrigues de la Cour, il quitta fa Charge en 1679. pour vivre dans la retraite. Mais en 1691. le Roi lui fit prendre place dans fon Confeil en qualité de Miniftre d'Etat. Il continua d'y fervir jufqu'à fa mort arrivée le 26. de Septembre 1699.

VERS 99. Et pleul au Ciel encor, &c.] Cette Exclamation eft particulièrement imitée de celle d'Horace rapportée ci-deffus : & hæc utinam Vifcorum laudet uterque ! Nôtre Poëte y fuppofoit une fineffe, dont perfonne ne s'êtoit apperçu. "Il y a appa ,, rence, difoit-il, que les deux Vifcus êtoient ordinairement oppofés dans leurs fentimens; , c'eft-à-dire, que l'un êtoit

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d'un goût raifonnable, & l'aul,, tre d'un goût bizarre & parti. culier; ainfi Horace, en fouhaitant de plaire à ces deux hommes, donne une marque de fon efprit, Puifqu'il n'y a jamais que les chofes, qui font d'une beauté folide & immuable, qui foient approuvées par toutes fortes de gens,,. BROSS.

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VERS 100. Que Montauzier von. luft lui donner fon fuffrage. ] Le fouhait obligeant & Hatteur contenu dans ces Vers, fit fur le cœur du Duc de Montauzier l'effet, que l'Auteur defiroit. Ce Duc commença dès lors à s'adoucir en fa faveur. Quelque tems après il l'aborda dans la grande Gallerie à Verfailles, & lui fit compliment fur la mort de M. Boileau de Puimorin fon frère, en lui difant qu'il aimoit beaucoup feu M. de Puimorin. "Je fai qu'il faifoit grand cas de l'amitié dont vous l'avés ho. noré, répondit M. De/préaux, mais il en faifoit encore plus de vôtre vertu ; & il m'a dit plufieurs fois, qu'il êtoit trèsfâché que je n'eufle pas pour ami le plus honnête homme de la Cour,,. Ce fut là le moment de la reconciliation. M. de Montauzier changea dès-lors l'eftime, qu'il avoit pour nôtre Auteur, en une amitié, qui a duré toute fa vie,& fur le champ il l'emmena diner avec lui, BROSS.

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Charles de Sainte-Maure, Duc C'eft

C'eft à de tels Lecteurs que j'offre mes escrits. Mais pour un tas groffier de frivoles Efprits, Admirateurs zelez de toute œuvre infipide, Que non loin de la Place où Brioché préfide, 105 Sans chercher dans les Vers ni cadence ni fon, Il s'en aille admirer le fçavoir de Pradon.

REMARQUES.

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Phédre de Pradon, comme vou lant infinuer que cette Pièce ne méritoit d'être jouée, que par des Marionettes. Fanchon oll François Erioché, êtoit fils de Jean Brioché, Arracheur de dents, que l'on regarde comme l'inventeur des Marionettes, quoiqu'il n'ait fait que les perfectionner. De fon tems un Anglois avoit trouvé le fecret de les faire mouvoir par des refforts & fans cordes; mais l'on préféra celles de brioché à caufe des plaifanteries qu'il leur faifoit dire. Fanchon Brioché fe rendit encore plus célèbre que fon Père dans ce noble métier.

IMIT. Vers 105. Sans chercher dans les Vers ni cadence ni fon. ] C'eft ce qu'Horace,dans fon Art Poët. Vers 263. appelle immodulata poëmata.

VERS 106. Il s'en aille admirer lefçavoir de Pradon.] Ce Poëte êtoit très-ignorant. Un jour au fortir d'une de fes Tragédies, M. le Prince de Conti l'aîné, lui dit, qu'il avoit mis en Europe une Ville d'Afie. Je prie votre Alteffe de m'excuser, répondit PRADON car je ne fais pas trop bien la Chre nologie.

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Uoique l'Epître IV. fur la Campagne de Hollande, eut êté faite peu de tems après que le Roi eut gratifié l'Auteur d'une Penfion, & qu'il l'eut compofée pour marquer fa reconnoiffance envers Sa Majefté; il crut lui devoir encore adreffer l'Epître VIII. pour le remercier plus particulièrement de fes bienfaits. C'est pour cela qu'il appelloit celle-ci fon Remercîment. Il la fit en 1675. & la récita luimême au Roi; mais il ne la laiffa paroître que l'année fuivante pour les raisons, que l'on dira dans la Remarque fur le Vers 1. Au reste cette Pièce, quant au fonds, est toute de l'invention de l'Auteur. Ily foutient ingénieufement le personnage d'un Satirique, chagrin de fe voir forcé de loüer, & qui feignant de ne favoir comment s'y prendre, n'en trouve que mieux le moien de louer d'une manière auffi déli cate que neuve.

1

C'Eigen f

EPISTRE VIII.

AURO Y.

GRAND ROI, ceffe de vaincre, ou je cefse d'écrire.
Tu fçais bien que mon stile eft né pour la Satire :
Mais mon Efprit contraint de la desavoüer,
Sous Ton Regne étonnant ne veut plus que loüer.

REMARQUES.

VERS 1. Grand Roi, ceffe de vaincre, on je ceffe d'écrire.] Ce Vers fut caufe que cette Epitre ne fut pas donnée au Public en 1675. La fin de la Campagne de cette année ne fut pas heureufe. Le Maréchal de Turenne fut tué d'un coup de canon le 27. de Juillet, après quoi nos Troupes furent obligées de repafler le Rhin, & de revenir en Alface. Le 12. d'Août le Maréchal de Crequi perdit la Bataille de Confarbrieck, & s'êtant fauvé dans Treves qui êtoit affiégé, la Ville

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5 Tantoft dans les ardeurs de ce zele incommode,
Je fonge à mesurer les fyllabes d'une Ode :
Tantoft d'une Eneïde Autheur ambitieux,
Je m'en forme déja le plan audacieux.
Ainfi tousjours flatté d'une douce manie,
10 Je fens de jour en jour déperir mon genie;
Et mes Vers en ce ftile
ennuyeux, fans
appas,
Deshonorent ma plume, & ne T'honorent pas.
Encor, fi Ta valeur à tout vaincre obstinée,
Nous laiffoit pour le moins refpirer une année :
15 Peut-eftre mon Efprit, prompt à reffufciter,
Du temps qu'il a perdu fçauroit fe r'aquiter.

Sur fes nombreux defauts, merveilleux à décrire,
Le Siecle m'offre encor plus d'un bon mot à dire.
Mais à peine Dinan & Limbourg font forcez,
20 Qu'il faut chanter Bouchain & Condé terraffez.

REMARQUES.

CHANG, Vers 17. Sur les nombreux defauts, merveilleux à décrire.] Au lieu de ce Vers & du

fuivant, il y avoit ceux-ci dans
toutes les Editions, qui ont pré-
cédé celle de 1713.

Le Parnaffe François non exempt de tous crimes,
Offre encore à mes vers des fujets & des rimes.

On fit entendre à l'Auteur, &
lui-même le fentit, que le pre-
mier Vers êtoit exprimé dure-
ment, & que d'ailleurs c'êtoit
borner trop la Satire, que de la
renfermer dans la cenfure des
mauvais Auteurs. Il fit au moins
quarante Vers pour en trouver

deux autres qui lui pluffent, & s'en tint enfin à ceux qui font ici. Voïés le Bolaana. Nomb. CVII.

CHANG. Vers 19. Mais à peine Dinan & Limbourg font forcez &c. ] Il y avoit dans la première compofition: Mais à peine Salins & Dole font forcez, Qu'il faut chanter Dinan & Limbourg terrassez. Salins & Dole avoient êté conquis en 1674. avec le refte de la Franche-Comté. Dinan & Lim

bourg furent pris l'année fuivante au commencement de la cam pagne. Ces quatre Villes êtans

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