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Celle qui de fon chat fait fon feul entretien,
Celle qui toûjours parle, & ne dit jamais rien?
Il en eft des milliers: mais ma bouche enfin laffe,
Des trois quarts, pour
le moins, veut bien te faire grace.
J'entens. C'eft pouffer loin la moderation.
Ah! finiffez, dis-tu, la déclamation.

Penfez-vous qu'ébloui de vos vaines paroles, J'ignore qu'en effet tous ces difcours frivoles 695 Ne font qu'un badinage, un fimple jeu d'efprit

D'un Cenfeur, dans le fond, qui folaftre & qui rit,
Plein du mefme projet qui vous vint dans la teste,
Quand vous plaçastes l'Homme au deffous de la Beste ?
Mais enfin vous & moi c'eft affez badiner.

700 Il eft tems de conclure; & pour tout terminer,
Je ne dirai qu'un mot. La Fille qui m'enchante,
Noble, fage, modefte, humble, honnefte, touchante
N'a pas un des defauts que vous m'avez fait voir.
Si par un fort pourtant qu'on ne peut concevoir,

REMARQUES.

VERS 687. Celle qui de fon chat fait fon feul entretien.] C'est une Soeur de l'Auteur, laquelle fe reconnut d'abord, & fe fâcha bien férieufement.

VERS 695. Ne font qu'un badinage, un fimple jeu d'efprit, &c.] L'Auteur fait entendre par-là, qu'il ne faut pas expliquer à la rigueur tout ce qu'il a dit contre les Femmes dans cette Satire, ni ce qu'il a dit contre les Hommes dans la Satire VIII. Il écrivoit à M. Broffette dans une Letare du 5. Juillet 1706. (c Quoi,, que j'aye compofé animi gra

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70s La Belle tout à coup renduë infociable,

D'Ange, ce font vos mots, fe transformoit en Diable:
Vous me verriez bien-toft, fans me desesperer,

Lui dire : Hé bien, Madame, il faut nous feparer. Nous ne fommes pas faits, je le voy, l'un pour l'autre. 710 Mon bien fe monte à tant: Tenez, voilà le vostre. Partez: Délivrons-nous d'un mutuel fouci.

Alcippe, tu crois donc qu'on fe fepare ainfi ?
Pour fortir de chez toy, fur cette offre offensante,
As-tu donc oublié qu'il faut qu'elle y consente?
715 Et crois-tu qu'aifément elle puiffe quitter
Le favoureux plaifir de t'y perfecuter?
Bien-toft fon Procureur, pour elle ufant fa plume)
De fes pretentions va t'offrir un volume.
Car, grace au Droit receu chez les Parifiens,
720 Gens de douce nature, & Maris bons Chreftiens,
Dans fes pretentions une Femme eft fans borne.
Alcippe, à ce difcours je te trouve un peu morne.

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Il eft riche, & de plus il demeure à Paris,

Où des Dames, dit-on, eft le vrai Parodis:

Et, ce qui vaut bien mieux que toute ces richesses
Les Maris y font bons, & les Femmes maîtreffes.

Tome I.

Ο

Des Arbitres, dis-tu, pourront nous accorder. Des Arbitres.... Tu crois l'empefcher de plaider ? 725 Sur ton chagrin déja contente d'elle-mesme?

Ce n'eft point tous les droits, c'est le procez qu'elle aime, Pour elle un bout d'arpent, qu'il faudra disputer, Vaut mieux qu'un fief entier aquis fans contester : Avec elle il n'eft point de droit qui s'éclairciffe, 730 Point de Procez fi vieux qui ne fe rajeuniffe,

REMARQUES.

,,

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,, pourtant elles n'apportene
prefque rien que le bonheur de
leur fexe, & la faveur de nos
Coûtumes. Enfin à bien par-
ler, elles font les principales
héritières de leurs Maris,,.
VERS 726.
c'est le procez
qu'elle aime, ] Ce Portrait de la
Femme Plaideufe, eft fait fur
la Comteffe de Criffé, dont on
a parlé ci-devant fur le Vers
10. de la Satire III. L'Antiqui-
té a produit auffi des Monftres
de cette espèce: témoin la fa-
meufe Afrania, Femme du Sé-
nateur Licinius Buccio laquelle,
dit Valere - Maxime, Liv. VIII.
Ch. III. N. 2. êtoit" toûjours
prête à faire des Procès, &
plaidoit toujours elle-même
fes Caufes devant le Préteur,
,, non qu'elle manquât d'Avo-
cats, mais parce qu'elle abon-
doit en impudence. C'est pour-
,, quoi, fatiguant continuelle-
,, ment les Tribunaux de cris,
,, auxquels ils n'êtoient point

Ce que M. Defpréaux ajoute, que grace au Droit reçu chés les Parifiens , une Femme eft fans borne dans fes pretentions, eft fondé fur ce qu'il n'y a peut-être aucune Coutume dans le Roïaume,qui foit auffi favorable aux Femmes que celle de Paris. Dans le cas de féparation, s'il n'y a point de Communauté, le Mari eft obligé de rendre à la Femme tout ce qu'il a reçu d'elle, & qu'on a fouvent eltimé dans le Contrat le double ou le triple de fa jufte valeur. Sorte d'eftimation qu'un Mari Parifien trouve plus que légitime. Si ce qu'elle reprend, ne lui fuffit pas pour vivre, il lui faut,fur les biens de fon Ma-,, ri, une penfion, que les Juges fixent felon le rang & la fortune des Perfonnes. S'il y a ComImunauté & que la Femme l'accepte, elle emporte, outre la moitié de la Communauté tout ce qui n'y eft point entré, & le Mari doit de même fuppléer à ce qui peut lui manquer pour vivre. Après la mort du Mari, la Femme a bien d'autres prétentions.

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accoutumés, elle devint un exemple très célèbre, de ce ,, que c'eft que l'efprit de chicaParmi nous dit PATRU; ,, ne dans les Femmes ; enforte Plaid. IX. les Femmes ont des ,. que depuis elle on appliqua, Douaires & des Préciputs:elles, comme une espèce de note ,, partagent la Communauté, où

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d'infamie, le nom d'Afrania à

Et fur l'art de former un nouvel embarras

Devant elle Rolet mettroit pavillon bas.

Croy-moy, pour la fléchir trouve enfin quelque voye
Ou je ne répons pas dans peu qu'on ne te voye
735 Sous le faix des procez abbatu, consterné,
Trifte, à pié, fans Laquais, maigre, fec, ruiné ;
Vingt fois dans ton malheur refolu de te pendre,
Et, pour comble de maux, reduit à la reprendre,

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neur. Elle fut compofée à l'occafion d'un Procès, que le Commis à la recherche des Ufurpateurs du titre de Nobleffe, avoit intenté à M. Gilles Boileau', Paieur des rentes de l'Hôtel de Ville de Paris, en exécution de la Déclaration du Roi du 4. de Septembre 1696. M. l'Abbé Boileau, Docteur de Sorbonne, Chanoine de la Sainte-Chapelle, & M. Boileau Defpréaux fon Frère, intervinrent dans ce Procès, auquel ils avoient le même intérêt que M. Gilles Boileau leur Coufin. Ils produifirent des titres inconteftables, par lesquels ils prouvèrent leur Nobleffe depuis Jean Boileau, Secretaire du Roi, anobli avec Jean fon Fils, en l'année 1371. & ils furent maintenus en la qualité de Nobles & d'Ecuiers par Arrêt du 10. d'Avril 1699.

Ce Procès excita la mauvaise humeur de M. Def préaux, qui ne pouvoit fouffrir l'injustice ni les vexations des Partifans. Il en vouloit fur tout à ce Traitant fi fameux, Paul Poiffon de Bourvalais, qui étoit un des principaux Intéreffés à la recherche des faux Nobles: & ce fut prefque uniquement pour fe vanger de lui, que M. Defpréaux entreprit cette Satire. Il commença à la compofer au mois de Novembre 1698. dans la chaleur des poursuites de ce Procès; & il avoit deffein de peindre l'Auteur de cette injufte recherche avec de terribles couleurs. Mais quand il eut obtenu un Arrêt favorable, content de Ja victoire, il oublia fa vangeance, & crut même ne devoir pas relever la nobleffe de fon origine, après en avoir parlé fi modeftement en d'autres endroits de fes Ouvrages. Voiés Epit. V. Vers 112. Epit. X. Vers

96.

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