Mais c'eft un jeune Fou, qui fe croit tout permis, Et croit regler le monde au gré de fa cervelle. REMARQUES. C'eft ce que La Frefnaie Vauquelin a paraphrafé de cette forte dans la première Satire de fon quatrième Livre, en ajoûtant de nouvelles idées celles de fon original. -Gardez-vous, car ce toreau-la porte Du foin de Jus la corne, il frape en mainte forte : Qui dit aux approchans, il frape, qu'on s'en guette. La Frefnaie Vauquelin, & peut loit au Palais que pour obferver les manières de plaider des autres Avocats & pour les contrefaire quand il êtoit avec fes amis. Il en faifoit autant à l'égard des Prédicateurs & des Comédiens. VERS 128. N'est qu'un gueux revéu des dépouilles d'Horace, &c. 1 Saint Pavin reprochoit à l'Au teur, qu'il n'êtoit riche que des Avant lui Juvenal avoit dit en Latin, 130 Qu'on eft affis à l'aise aux Sermons de Cotin. Il cherche à se couvrir de ces noms glorieux. J'ai peu lû ces Auteurs: mais tout n'iroit que mieux, Voilà comme on vous traitte : & le Monde effrayé REMARQUES. dépouilles d'Horace, de Juvenal L'Abbé Cotin appuïoit forte- VERS 136. Iroit la telle en bas rimer dans la riviere. ] L'auftère vertu, dont M. le Duc de Montanzier faifoit profeffion, lui fit regarder les Satires de l'Auteur, comme des médifances affreufes, qu'on ne devoit pas autori. fer. De forte qu'un jour il dit dans un mouvement de colère qu'il faudroit envoïer Boileau & tous les Satiriques rimer dans la rivière. Cependant on fçait que ce Duc, qui s'êtoit mêlé de Poefies dans fa jeunefle, avoit luimême compofé des Satires, qui paffoient pour vives & piquantes. Ménage, en lui dédiant fes Poëfies, en fait le fujet d'une partie des louanges, qu'il lui donne dans l'Epitre dédic, Teftes dit-il, vivida illa atque acres Satire que nobile & generofum illud tuum quodam modo pra fe ferunt....Tefles mi ra rotunditatis Epigrammata, &c. 145 N'entendrai-je qu'Auteurs fe plaindre & murmurer? Jufqu'à quand vos fureurs doivent-elles durer ? Répondez, mon Esprit, ce n'eft plus raillerie : Et qui voyant un Fat s'aplaudir d'un Ouvrage, Eft-ce donc là médire, ou parler franchement? REMARQUES. IMIT. Vers 159. Si l'on vient à chercher pour quel fecret myftere, &c.] Horace Mentio fi qua Livre I. Satire De Capitolini furtis injecta Petilli VERS 160. Alidor à fes frais blie à Paris en 1661. L'Abbé Furetière avoit fait une Epigramme contre ce Partifan fous le même nom d'Alidor. Nicolas Raulin, Chancelier de Bourgogne, décrié par fes concuffions, avoit fondé un Hôpital: furquoi Louis XI. dit ce bon mot; que Raulin aïaut fait 165 Alidor, dit un Fourbe, il eft de mes Amis. Et qui veut rendre à Dieu, ce qu'il a pris au monde, Voilà jouer d'adresse & médire avec art; Et c'eft avec refpect enfoncer le poignard. Un Esprit né fans fard, fans baffe complaifance, Fuit ce ton radouci que prend la Médisance. Mais de blâmer des vers ou durs, ou languiffans; 170 De choquer un Auteur, qui choque le bon fens : De railler d'un Plaisant, qui ne fçait pas nous plaire ; C'est ce que tout Lecteur eut toûjours droit de faire. Tous les jours à la Cour un Sot de qualité Peut juger de travers avec impunité: 175 A Malherbe, à Racan, préferer Théophile REMARQUES. une infinité de pauvres, il étoit bien Ce n'êtoit pas à celui-là que VERS 165. VERS 173. un Sot de qua- Comme cet homme de qualité foutenoit fon fentiment avec beaucoup de hauteur, M. Defpréaux ne voulant point l'offenfer par la réponse, fe contenta de lui dire: Vous avez bien que j'ai raison: Or, dites-vous à vousmême ce que vous me diriez, fi vous êtiés à ma place. VERS 176. Et le clinquant du Taffe, &c.] Poëte Italien trèscélèbre qui a vécu dans le XVI. fiécle. Plufieurs Auteurs, & particulièrement des Italiens, n'ont point fait de difficulté de mettre le Taffe en parallèle avec Virgile: Balzac même a dit, que la Jérufalem délivrée êtoit l'Ouvrage le plus riche & le plus achevé que l'on eût encore vû depuis le fiécle d'Augufte; & qu'en ce geure d'écrire, Virgile cft caufe que le Taffe n'eft pas le premier: & le Taffe, que Virgile n'eft pas le feul. Un Clerc, pour quinze fous, fans craindre le hola Peut aller au Parterre attaquer Attila : REMARQUES. Le Marquis Orf,qui a entrepris de défendre le Taffe & les autres Ecrivains de fon Pais contre les reproches, que le P. Bouhours leur fait, effaie autfi de juftifier le Taffe au fujet du Jugement, que M. Defpréaux en a fait, en oppofant fon clinquant à l'or de VIRGILE, Ed appunto non è un ferio giudizio, dit-il, ma una Scherzevole licenza poëtica fu quella ch' egli usò contra IL TASSO. Ce n'eft pas un jugement ferieux, mais une plaifanterie, une li,, cence poetique,,. Ce même Auteur ajoûte, Dial. VI. page 506. que cette plaifanterie de M. Defpréaux contre le Taffe, n'a êté dite que d'après le Cavalier Salviati, à qui il eft échappé d'écrire dans fon Infarinato fecondo page 385. que la Jerufalem délivrée n'eft précisement que du clinquant ou de l'oripeau, en comparaifon d'un autre Poëme Italien qu'il nomme : Che la : L'Ouvrage du Marquis Orfi a pour titre Confiderazioni fopra un famofo Libro Francefe, intitolato, la Manière, &c. Cioè, la Maniera di ben penfare ne componimenti. Ce Livre a été imprimé à Boulogne en 1703. VERS 177. Un Clerc, pour quinze fous, fans craindre le hola, &c.] M. Dejpréaux êtant en 1666. à la première répréfentation d'Agefilas, qui eft une des dernières Tragédies du grand Corneille. fentit que cette Pièce êtoit bien au-deffous de celles qui l'avoient précédée, & que l'Auteur commençoit à baifler. Sur cela il fir l'Epigramme fuivante, qui eft peut-être la plus courte des Epigrammes Françoifes J'ai vu l'Agefilas, Hélas! L'année fuivante, Corneille donna la Tragédie d'Attila où la décadence de fon génie fe faifoit encore mieux fentir. M. C'est à cela que nôtre Auteur a fait allufion dans ces Vers, que M. Corneille prenoit pour un éloge, quoiqu'ils puiflènt être interprétés d'une manière bien différente; mais l'Auteur y avoit mis à deffein un peu d'ambiguité. Une Note de l'Edition de Paris 1740. ajoute que quoi qu'Attila foit fort inférieur aux belles Tragédies de Corneille, on y reconnoît pourtant l'Auteur d'Heraclius & de Nicoméde. Voïés la Défenfe de Corneille par le P Fournemine, |