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bas-reliefs de diamant. Il entra dans plusieurs chambres dont les tapisseries étaient admirables on y voyait des chasses, des combats, etc. » Tous ces détails font mieux comprendre, ils nous font voir pour ainsi dire la magnificence du palais, la beauté des tapisseries; c'est là ce qu'on appelle développer une pensée.

6. En développant les pensées, on leur donne plus de charme; par exemple, dans la fable le Renard puni de sa curiosité, si l'on disait simplement : Le palais était beau, cela ne nous intéresserait nullement; mais en faisant la description des colonnes, des portes, des tapisseries, celui qui raconte pique notre curiosité et nous amuse. Il est donc bon de développer ses pensées toutes les fois que ces détails peuvent plaire et amuser.

QUESTIONS.

1. Quels sont les développements qu'il faut donner à la narration? 2. Donnez un exemple de la peinture d'un personnage? 3. Est-ce qu'on doit dépeindre seulement l'extérieur des personnages? -4. Donnez un exemple de la peinture du caractère des personnages, et dites ce que vous remarquez dans cet exemple ? 5. Donnez un exemple du développement d'une pensée ? - 6. Pourquoi est-il bon de développer les pensées?

IV.

COMMENT IL FAUT FAIRE PARLER LES PERSONNAGES DANS UNE NARRATION.

1. Au lieu de toujours raconter, au lieu de dire, on a fait ceci, on a dit cela, ensuite on a fait ceci, puis on a dit cela, il y a un moyan de rendre le récit plus amusant, c'est de faire parler les personnages dont on raconte les actions.

2. Dans la fable l'Abeille et la Mouche,1 l'auteur

(1) Première partie des Vrais Ornements de la Mémoire.

VRAIS ORN,

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ne dit pas L'abeille demanda à la mouche ce qu'elle venait faire, et elle lui dit qu'elle était un vil animal. La mouche lui répondit qu'elle avait raison, qu'on avait tort de s'approcher d'une nation aussi fougueuse, etc. En racontant de cette manière on ennuie presque toujours ceux qui écoutent.

3. Comme on le voit dans la fable l'Abeille et la Mouche, il vaut beaucoup mieux faire parler les personnages eux-mêmes. Alors on croit entendre ces personnages et on s'amuse comme si l'on voyait réellement ce qui est raconté. Dans cette fable, excepté les deux premières et les deux dernières lignes, c'est toujours l'abeille qui parle et la mouche qui lui répond.

4. Dans la fable des Deux Renards,1 les deux personnages, le jeune et le vieux, parlent aussi, et c'est là ce qui contribue beaucoup à rendre la fable amusante. Toutes les fois qu'on le peut, il faut faire parler les personnages dont on raconte l'histoire; mais on doit avoir soin de les faire parler, chacun selon son caractère.

5. Dans la fable le Loup et l'Agneau, par exemple, 2 le loup parle avec méchancet ses phrases sont courtes, ses paroles sont dures, et il fallait · faire comme cela, parce que le loup est un animal méchant et cruel. L'agneau, au contraire, se sert de paroles flatteuses, ses discours sont pleins de timidité, on voit qu'il redoute le loup, qui cher che à l'apaiser. C'est comme cela qu'il fallait faire parler l'agneau, parce que c'est un animal faible, doux et timide. Chaque personnage a donc une manière de parler qui lui est propre.

6. Quand on fait parler un personnage, il faut

(1) Première partie des Vrais Ornements de la Mémoire. (2) Ibid.

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au temps où vivaient ceux dont on raconte l'histoire. Par exemple, en racontant le passage de la MerRouge, en disant que Pharaon poursuivait les Israélites avec toute son armée, il serait ridicule de parler de l'artillerie, des canons que traînaient à leur suite les soldats de Pharaon; parce qu'il n'y avait pas de canons du temps de Pharaon les canons n'ont été inventés que trois mille ans après Pharaon.

4. Les fautes de ce genre sont ridicules, c'est comme si l'on disait qu'on a volé des prunes sur les arbres d'un jardin, pendant l'hiver, ou bien qu'on est allé à cheval en Angleterre. L'Angleterre est une île; il faut traverser la mer pour y aller, et on ne peut pas courir à cheval sur l'eau, pas plus qu'on ne peut prendre des prunes sur les arbres, en plein hiver.

QUESTIONS.

1 et 2. Montrez par exemple qu'il est ridicule de faire parler un enfant comme un vieillard, ou de faire parler un domestique comme un prince? 3. Faut-il faire attention à l'époque où vivaient les personnages dont on parle dans la narration? 4 Les fautes que l'on fait pour n'avoir pas réfléchi au temps où vivaient les personnages, sont-elles de grosses fautes ?

VI.

LES NARRATIONS DOIVENT TOUJOURS ÊTRE

VRAISEMBLABLES.

1. Une narration doit toujours être vraisemblable, c'est-à-dire semblable à la vérité. Cela ne veut pas dire qu'on ne puisse raconter que des choses vraies; mais seulement qu'on doit toujours raconter de telle sorte que ceux qui écoutent ne disent point: C'est impossible, c'est ridicule, la chose n'a pas pu se passer comme on le dit.

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