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qu'ils s'aiment avec autant de pureté & de bonne foi qu'aujourd'hui, la nobleffe & la fortune fe réuniront en faveur du mérite & de l'amour.

On peut faire pis, on peut faire mieux. Quant à mon avis, c'est qu'à la vérité, dans ce monde, la vertu eft de ces femmes qui ne font ni mal ni bien, mais toujours paffables; & je ferois fâché que Monfieur l'Abbé se fcandalisât de cette conclufion de mon Conte.

Note fur l'Auteur du premier Ouvrage (1).

LAURENT Bordelon, né à Bourges en 1653, mourut à Paris, en 1730, chez le Président de

(1) Nous déclarons qu'elle eft copiée du Nouveau Dictionnaire_Hiftorique de tous les hommes qui fe font fait un nom par des talens, des vertus, &c. &c.

Lorfque l'on trouve une note toute faite, & qu'on n'a rien à y ajouter, il eft permis fans doute de prendre le parti que nous prenons. Il faut cependant le déclarer au Public; & c'est ce que tout le monde ne fait pas.

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Lubert, dont il avoit été Précepteur. Il étoit Docteur de Bourges; il n'en travailla pas moins pour le Théâtre de Paris. On a de lui pulfieurs Pièces entièrement oubliées: Misogine, ou la Comédie fans Femmes... Scènes du Clàm & du Coràm..... Monfieur de Monte-en-Trouffe, &c. &c. &c. Le Théâtre convenant peu à fon état, il fe jeta dans la morale, & il la traita comme il avoit fait la Comédie, écrivant, d'un ftyle plat & bizarre, des chofes extraordinaires. De tous les Ouvrages, ni le Mital, ni le Voyage forcé de Becafort, hypocondriaque, ni le Gengam, ou l'Homme prodigieux transporté en l'air, fur la terre, & fur les eaux, ni le Titatutefnofy, ni le Supplément de Taffe-RouffiFriou-Titave, &c. ; il ne reste plus que fon Hiftoire des Imaginations extravagantes de M. Oufle, fervant de préfervatif contre la lecture des Livres qui traitent de la magie, des démoniaques, des forciers, &c. On a réimprimé cet Ouvrage en 1754. (Il est néanmoins affez rare. Il refte fur-tout très-peu d'exemplaires de la première édition faite en 1710. Les eftampes n'en font pas fans mérite, tant pour deffin que pour la gravure. 11 s'en trouve un exemplaire à notre bureau, que l'on pourra fe procurer en s'adreffant au chef dudit bureau.)

le

Bordelon ne raconte pas les extravagances de fon Héros avec le même efprit que Cervantes a mis dans le récit de celles de Don Quichotte (on a pu aifément s'en apercevoir). Son ftyle eft fi diffus & fi affominant, que les compilateurs les plus lourds trouveroient de quoi s'y ennuyer. (Sans être fort légers peutêtre, nous avouons qu'il nous a fallu tout notre zèle pour conduire notre travail à fon terme, fans nous endormir plus d'une fois.) Bordelon difoit qu'il écrivoit pour fon plaifir, mais il ne travailloit pas pour celui de fes Lecteurs. Ayant dit un jour que fes Ouvrages étoient fes péchés mortels, un plaisant lui répliqua que le Public en faifoit pénitence. Ses Dialogues des Vivans (Paris 1717) font recherchés par quelques curieux, tout infipides qu'ils font, parce qu'ils furent fupprimés dans le temps, fur les plaintes de quelques perfonnes qu'on y faifoit parler.

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QUATRIÈME CLASSE

ROMANS D'AMOUR.

LYSIGERASTE,

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LES DÉDAINS DE LYSIDE; Antipathie d'amitié arrivée de ce temps fous les noms d'Euthamas & de Lyfide, de Terfandre & Alexinde.

Œuvre enrichie de belles moralités; par M. TURPIN, Chevalier, Sieur de Longchamp.

Quod tibi fieri non vis, alteri ne feceris.

Un Vol. in-8°. de 486 pages. Paris, chez Melchior Mondière, 1629.

V

CC

OICI encore un Roman inconnu à l'Abbé Lenglet Dufresnoy..

Il eft dédié à Efther de Poix, feinine de Pierre de Vieux-Pont, Chevalier des Ordres du Roi.

Cette Dédicace eft fuivie d'une Elégie, d'une Ode, d'une Confolation, d'une Complainte pour le pauvre Euthamas, d'un Sonnet, par M. de Vieux-Pont, d'un autre par Favier, & de quelques Stances par un Anonyme.

L'AUTEUR plaint d'abord les amans malheureux, & les exhorte à lire avec fruit fa propre hiftoire, pour les détacher des ingrates beautés qui les dédaignent.

Ce n'eft pas toujours le mérite, l'efprit, ni même une figure agréable qui infpirent l'amour. Euthamas avoit tous ces avantages au printemps de fa vie, fans parler d'un beau nom, d'un caractère loyal & franc, de tout ce qui eft en droit de commander l'eftime. Né dans le noble château de fes pères, près de ces belles plaines que le Cher arrofe, il vit couler fon. enfance dans le bonheur; & pour

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