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DE

MESDAMES DE VILLARS,

DE LA FAYETTE ET DE TENCIN,

ET

DE MADEMOISELLE AÏSSE.
[Charlotte Elisabet

Précédées d'une Notice et accompagnées de

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BLIOTHEGLE CANTONA! LAUS NE UNIVERSITAIRE

51395

NOTICE

SUR

M.ES DE VILLARS,

DE LA FAYETTE ET DE TENCIN,

ET SUR

MADEMOISELLE AÏSSÉ.

On pourroit croire que la supériorité des

femmes dans le genre épistolaire n'est établie et reconnue que depuis madame de Sévigné, et même qu'en cette occasion,comme en beaucoup d'autres, on s'est un peu empressé de conclure du particulier au général, et de poser, en quelque sorte, comme un principe, ce qui n'étoit qu'un fait à peu près isolé. Celui qui penseroit ainsi nous paroîtroit dans l'erreur. Sans doute madame de Sévigné a fait décider irrévocablement cette question de la prééminence des femmes sur les hommes en ce qui regarde le talent d'écrire des lettres; mais, avant que les siennes parussent, cet.

avantage avoit déjà été accordé à son sexe par le nôtre. Le recueil de madame de Sévigné ne fut publié qu'en 1724. Jusque-là, les Lettres qui le composent étoient restées dans la famille de M. de Grignan, et fort peu de personnes en avoient connoissance. Cependant La Bruyère avoit écrit vers la fin du siècle précédent, c'est-à-dire, plus de 30 ans avant la publication de ce recueil, le passage que nous allons rapporter (1). « Les Lettres de Balzac, de Voi»ture, sont vides de sentimens qui n'ont » régné que depuis leur temps, et qui doi>> vent aux femmes leur naissance. Ce sexe » va plus loin que le nôtre dans ce genre » d'écrire elles trouvent sous leur plume >> des tours et des expressions, qui, souvent » en nous, ne sont l'effet que d'un long » travail et d'une pénible recherche : elles sont heureuses dans le choix des termes qu'elles placent si juste, que, tout connus

:

(1) Les Lettres de madame de Maintenon n'étoient pas non plus connues du public, lorsque La Bruyère composa ses Caractères.

» qu'ils sont, ils ont le charme de la nou» veauté, et semblent être faits seulement » pour l'usage où elles les mettent. Il n'ap

partient qu'à elles de faire lire dans un >> seul mot tout un sentiment, et de rendre >> délicatement une pensée qui est délicate. » Elles ont un enchaînement de discours ini» mitable, qui se suit naturellement et qui n'est lié que par le sens. Si les femmes » étoient toujours correctes, j'oserois dire » que les Lettres de quelques-unes d'entre »elles seroient peut-être ce que nous avons » dans notre langue de mieux écrit (1) ». Il n'y a rien à ajouter à ce suffrage si flatteur, donné aux femmes par un aussi bon juge; mais il n'y a rien non plus à en retrancher.

Les Lettres de madame de Sévigné sont dans toutes les bibliothèques, et même partout où il n'y a pas de bibliothèques. Nous avons cru faire une chose agréable au public, en lui donnant un recueil qui fasse,

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(1) Caractères de La Bruyère, chap. Ier, des Ouvrages de l'Esprit.

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