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que instant. Cette forme de versification ne peut s'associer qu'à une poésie philosophique (1) tellement élevée au dessus de la région habituelle de la pensée, que l'on reconnaît l'inspiration à la nature des idées, et d'une impassibilité assez dédaigneuse des intérêts de la vie pour qu'aucun sentiment égoïste n'en vienne jamais altérer la cadence. Il n'y a donc qu'un seul système qui convienne à l'agitation du sentiment comme à la contemplation de la pensée, et satisfasse à toutes les destinations de la poésie: c'est celui qui combine ensemble la rime et les accents. En séparant les rimes, les autres syllabes accentuées en affaiblissent l'impression purement musicale, et la consonnance qui termine le vers lui donne une harmonie véritable.

Loin donc de mériter les dédains qu'on affecte de lui prodiguer au nom de la pensée, la versification se recommande au respect par une valeur essentielle. Dans des formes où la réflexion n'aperçoit qu'une disposition toute matérielle, adoptée par hasard et conservée par une imitation servile, le philosophe découvre une conséquence de l'inspiration et un rapport nécessaire entre la cadence de l'expression et la nature de la pensée. L'historien trouve à son tour dans les moyens par lesquels cette harmonie se réalise de précieux renseignements sur le caractère primitif de la poésie, sur les développements de la langue, et sur un fait bien négligė encore malgré sa haute importance pour l'histoire de l'Humanité, sur l'influence qu'un peuple exerce sur l'imagination des autres. Pour le poëte enfin, la versification n'est pas seulement, comme on l'a si souvent répété, un stérile embarras; c'est une véritable force, mais une force dont il ne peut se servir qu'à la condition de faire une étude approfondie de l'expression du rhythme, et de choisir dans ses inspirations celles qui s'accordent plus intimement avec elle.

qu'il est le seul où la pause soit régulière et rigoureusement nécessaire.

(1) Dans le sens le plus large du mot,

car le Messias et le Paradise lost doivent certainement une partie de leur beauté à l'absence de la rime. .

ADDITIONS ET CORRECTIONS.

1

P. 6, note 2, 1.6, ajoutez: Voyez aussi Neapolis ad Ovide, Fastorum 1. III,

V. 556.

P. 30, note 1, ajoutez : L'ignorance où l'on est de la manière dont se forme la voix a fait recourir aux hypothèses les plus différentes. A l'instrument à cordes de Ferrein Savart substituait un appeau, M. Cagniard-Latour préfère une flute, et il résulterait d'un travail de M. Manuel Garcia, auquel l'Académie des Sciences vient de donner son ap. probation, que la voix humaine réunirait les effets de plusieurs instruments différents.

P. 40, note 4, à la fin, ajoutez : On évitait cependant que cette dissemblance put rien avoir de blessant; ainsi, par exemple, les Comiques latins, qui jouissaient cependant d'une bien grande liberté, n'admettaient l'anapeste que lorsque le pied précédent n'était pas un dactyle.

P. 41. l. 11, au lieu de La lisez : Quelquefois la

P. 41, note 1, ajoutez: Bernardino Baldi a écrit (vers 1600) l'Il Lauro en vers de quatorze syllabes, et il en a fait qui en ont jusqu'à dix-huit:

Non da terrena musa, non da fallace imagi

nato nume

Come già feci errante, cheggio, Signor, la sospirata aita; Solo in te suo principio, fine havrà in te de le mie labre il suono. Ap. Crescembeni, Commentary intorno alla sua istoria della volgar poesia, t. I, p. 21.

P. 45, note 1, l. 18, au lieu de hypermétrique lisez hypermetro

P. 43, note 2, ajoutez: Voilà pour quoi plusieurs critiques ont voulu qu'il y eut une sorte de parallélisme dans tous les vers. Atque scias oportet a veteribus doctis in quibus magna est auctoritas, illud superius genus non esse versuim appellatum, sed hunc et definitum et Vocatum esse versum, qui duobus quasi membris constaret, certa mensura et ratione conjunctis; saint Augustin, De re musica, I. III, ch. 2. Cette raison

n'est probablement pas restée sans influence sur la division en hémistiches de nos alexandrins.

P. 44, note 5, ajoutez : Ainsi, quand Sénèque admettait un dactyle au premier pied d'un de ses vers, il commençait également le suivant par un dactyle; voyez Heinsius, Adversariorum 1. III, ch. vi, p. 439.

P. 46, notes, col. 2, 1. 5, au lieu de ar lisez: «vro, et ajoutez, 1. 8: ap. Mai, Iliadis frugmenta antiquissima, Exolex eis 'oduce, p. 14, col. 2.

P. 47, 1. 7, au lieu de du période lisez de la période

:

P. 48, notes, col. 2, 1. 7, ajoutez : Dans le Chi King, le recueil des plus anciennes poésies chinoises, on trouve déjà un emploi assez fréquent du refrain, sur. tout dans le Taya (la 2o partie) et le Seaouya (la 3a partie).

P. 58, notes, col. 1, deruière ligne,,

au lieu de saturnius lisez

saturniens

P. 59, note 4, ajoutez: Cependant, s'il existait une langue où la quantité fùt une nécessité matérielle qui dominât la prononciation, le contraire y serait vrai.

P. 65, notes, col. 1, 1. 37, au lieu de Spencer lisez : Spenser

P. 64, notes, col. 1, l. 5, ajoutez : Lorsque deux voyelles appartenant à deux mots différents se suivent immédiatement, il n'y en a pas moins synalèphe. Quelquefois même on eu réunit trois dans une syllabe métrique, comme dans ces vers:

Mas aunque muera por ti,

No te lo daré a entender.

La prononciation des E non accentués P. 64, notes, col. 2, 1. 20, ajoutez : était même autrefois si marquée dans quelques patois français, qu'elle empê chait l'élision, et marquait suffisamment l'hémistiche:

Qui des peines d'enfer scet ances sermoner, Il puet les devoies a voie ramener : Si com vous puis dire, s'el volez escouter, Dame, entendez moi, je veul a vos parler. vie de sainte Thasie, ap, Mémoires de l'A cadémie des Inscriptions, t. XXIII, p. 254.

3

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P. 96, notes, col. 2, 1. 36, lisez l'Evangelien Harmonie (le Heljand de Schmeller),

P. 97, notes, col. 1, l. 3, lisez du Heljand; l'introduction commence par

ce vers:

P. 104, notes, col. 2, 1. 6, et p. 105, notes, col. 1, 1. 9, au lieu de Valfprudnis mal, lisez : Vafprudnis-mal.

P. 107, note 2, ajoutez : Dans le vieux poëme scandinave Rimur af Karl og Grym, ap. Biörner, Nordiska Kampa daler, il y avait aussi association de la rime avec l'allitération :

Landid vytt og Lyda fiold,
Lofdung hafde at styra,
Mest er oll af Monnum vold',
Mildings sveitenn dyra.

Il est même fort remarquable que les ri

mes soient croisées,

P. 108, notes, col. 1, 1. 28, au lieu de Garcilaso: lisez Garcilasso de la Vega: P. 108, notes, col. 1, 1. 55, ajoutez : Sannazaro a plusieurs fois employé cette espèce de vers:

P. 108, notes, col. 2, 1. 6, au lieu de Frederich lisez Friedrich

P, 112, notes, col. 2, 1, 24; p. 144, notes, col. 1, 1. 31, et p. 145, note 1, 1. 8, au lieu de Bede lisez : Beda

P. 115, 1. 1, au lieu de exigeaiant lisez exigeaient

P. 115, notes, col. 2, 1. 20, ajoutez : En anglais, on a même conservé des rimes que les changements de la prononciation empêchent de satisfaire l'oreille, et que l'on appelle conventio nal rhimes. Nous avons aussi en français quelques rimes de convention (humain et hymen, mer et aimer); mais les consonnances sont trop nécessaires au rhythme pour que les bons poëtes ne doivent pas s'en abstenir.

P. 116, I, 1, au lieu de Ainsi lisez : Aussi

P. 125, notes, col. 2, l. 11, ajoutez : Le nom qu'on leur donnait, sciallo, suelto (délié), prouve que l'instinct du peuple les avait bien appréciés; il ne voyait dans de pareils vers qu'une espèce de soluta oratio, que de la prose.

P. 128, note 2, 1. 9, ajoutez Il y a
cependant un madrigal de Marini où
deux vers liés par la rime sont séparés
par sept lignes dont les consonnances fi-
nales sont différentes :
Pietoso quanto accorto

Fosti, o d'Adria felice illustre ingegno,
Quando nel crudo legno

Festi esangue e non viva la figura
Del re de la natura,

Che se vivo il facevi; il tuo colore
Dato li havria col senso anco'l dolore.
Pur tale è la pittura,
Che per nostro conforto
Spireria, parleria, si non ch'è morto.

P. 129, notes, col. 1, 1..1, au lieu de consonne lisez coupure

P. 134, note 1, ajoutez: Lebeuf a même cité un vieux cantique sur saint Landry, où les rimes sont croisées,, quoique le poëte n'en distinguât pas deux espèces :

Au tans Clovis, fils du roy Dagobert,
Fut saint Landry, eveque de Paris:
Dieu fit pour lui maint miracle en appert
Sur les malades qui s'en alloient gueris.
Dissertations sur l'histoire de l'église de
Paris, t. II, p. LXXXVIII.
" P. 137, l. 9, au lieu de unit lisez :
unisse

Menando un giorno gli agni presso un fiu-.

me

Vidi un bel lume in mezo di quell' onde
Che con due bionde trecce allor mi strinse,
E mi dipinse un volto in mezo'l core,
Che di colore avanza latte e rose,
Poi si nascose in modo dentro à l'alma
Che d'altra salma non m'aggrava il peso, etc.

P. 160, note 1, à la fin, ajoutez: E quinci il petto e le mammelle e de la Sua forma infin, dove vergogna cela.

Gerusalemme liberata, ch. XIV, st. LX.

Quelquefois même le rhythme est brisé rie aussi; les rimes sont croisées dans la.
par des pauses intérieures :

Dio messaggier mi manda: Io ti rivelo
La sua mente in suo nome. O quanta spene
Aver d'alta vittoria ! O quanto zelo
De l'oste a te commessa or ti conviene!

Gerusalemme liberata, ch. I, st. xvir.

première partie et se suivent deux à
deux dans la seconde; mais le principe
véritable de la poésie scandinave était
l'allitération.

P. 167, n. 2, avant-dernière ligne
au lieu de n'avaient pas lisez n'y a-
vaient pas

P. 165, note 2, ajoutez: Dans le Ri- P. 168, notes, col. 1, l. 1, après av v→
mur af Karl og Grym, le rhythme va-θέσεως ajouter : όνομάτων

TABLE DES MATIÈRES.

FIN

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