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que

celui de la suite totale des nombres naturels. Mais alors l'attraction, qui se lie si bien, à ce qu'on croit, avec le vuide, et qui est mutuelle entre tous les corps, agiroit perpétuellement sur eux, pour les rapprocher les uns des autres, quelque dispersés qu'ils fussent d'abord; et elle agiroit sans avoir aucun obstacle à surmonter, puisque l'espace ou le vuide n'a aucune force, ni attractive, ni répulsive. Les vuides semés originairement, si l'on veut, entre tous les corps, disparoîtroient donc en plus ou moins de temps, et il ne resteroit plus qu'un grand vuide total au-dehors de tous les corps violemment appliqués les uns contre les autres. Il est visible que, pour la vérité de cette idée, il n'est pas nécessaire que le rapport de l'infini de l'espace à celui de la matière, soit de 2 à 1, comme il a été posé dans l'exemple des nombres. Tout autre rapport, pourvu que l'espace soit le plus grand, fera le

même effet.

XVII.

Dans ce même cas, les tourbillons Cartésiens ne réussiroient pas non plus. Il faut, pour les mettre en action continue, qu'ils tendent toujours par euxmêmes à s'agrandir, et qu'ils s'en empêchent toujours les uns les autres. Or, il est aisé de voir que des vuides semés entre eux les détruiroient, en les empêchant d'être comprimés de toutes parts; que

quelques-uns étant détruits les premiers, les autres le seroient plus facilement, et toujours plus facilement, &c. Dans le cas précédent, le monde se pétrifioit; dans celui-ci, il s'évapore.

XVIII.

Comme on ne lui voit absolument aucune disposition à l'un ni à l'autre de ces deux accidens, il s'ensuit que l'espace réel ou le vuide n'existe pas, même dans le systême Newtonien, où il est cependant si établi et si dominant. Je puis ajouter qu'il n'est pas besoin pour l'action perpétuelle et réciproque des tourbillons Cartésiens, que la matière soit infinie; car, ne le fût-elle pas, les derniers tourbillons et les plus extérieurs de ce grand tout, n'auroient pas plus de facilité à s'étendre, puisqu'il n'y auroit pas d'espace au-delà d'eux.

HISTOIRE

DES

ORACLES.

PREFACE.

289

IL y a long-temps qu'il me tomba entre

les mains un livre latin sur les Oracles des Payens, composé depuis peu par VanDale, docteur en médecine, et imprimé en Hollande. Je trouvai que cet auteur détruisoit, avec assez de force, ce que l'on croit communément des oracles rendus par les démons, et de leur cessation entière à la venue de Jésus-Christ; et tout l'ouvrage me parut plein d'une grande connoissance de l'antiquité, et d'une érudition très-étendue. Il me vint en pensée de le traduire, afin que les femmes, et ceux même d'entre les hommes qui ne lisent pas volontiers du latin, ne fussent point privés d'une lecture si agréable et si utile. Mais je fis réflexion qu'une traduction de ce livre ne seroit pas bonne pour l'effet que je prétendois. Van-Dale n'a écrit que les pour savans, et il a eu raison de négliger des agrémens dont ils ne feroient Tome II.

T

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