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SECTION VIII.

Du Tourbillon environné par d'autres Tourbillons.

'115. Il n'y a dans tout notre tourbillon

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soleil, centre de ce tourbillon, qui ait la lumière par lui-même celle de toutes les planètes vient certainement de lui. Nous voyons de tous côtés autour de nous un très-grand nombre d'étoiles, qu'on appelle fixes, lumineuses aussi par ellesmêmes; et les Cartésiens croient, avec beaucoup d'apparence, que ces étoiles sont des soleils, centres d'autant de tourbillons dont le nôtre est environné. Nous ne considérons ici que ceux dont il l'est immédiatement, inégaux entre eux tous selon toutes les apparences.

Ces tourbillons, semblables au nôtre, ont chacun leur force expansive en tout sens de leur centre à leur circonférence; et par conséquent, en touchant notre tourbillon, ils ne peuvent manquer d'y trouver une tendance directement contraire à la leur. Il tend à s'étendre, et ils tendent tous à le comprimer.

J'ai dit en touchant notre tourbillon, car étant rond il ne peut pas être touché dans tous ses points par d'autres corps de même figure. Quelque différens

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en grandeur qu'on les supposât, il restera néces◄ sairement des vuides que la matière éthérée remplira, grands ou petits.

116. Il est presque absolument impossible, pour ne pas dire absolument, que les tourbillons environnans tendent tous, avec des forces précisément égales, à comprimer le nôtre, sans quoi il ne peut demeurer exactement sphérique, tel que nous l'avons supposé jusqu'ici, quoiqu'il ne le soit pas. Nous allons donc rentrer dans le vrai, et admettre les forces comprimantes inégales.

117. Pour éviter la confusion, je conçois, comme dans l'article 68, le tourbillon solaire sphérique divisé en quatre parties égales par les deux diamètres est et ouest, et nord et sud, ou E O et N S. Le centre du tourbillon sera C. Les pressions du tourbillon environnant, qui se feront de E vers C, seront directement opposées à celles de O

et de même celles de N en Cà celles de S en C. Je suppose que les inégalités de toutes les autres pressions collatérales, étant comparées et combinées ensemble, se réduisent à ces quatre principales. Cela posé, il est aisé de voir ce qui pourra

arriver.

Si les deux pressions de E vers C et de O en C étant égales entre elles, sont moins fortes que les deux pressions de N en C, et de S en C, égales aussi, le tourbillon ne peut plus demeurer sphé

rique; son diamètre N C S deviendra plus petit que le diamètre E C O. Si on avoit supposé le contraire, ce ne seroit que la même chose renversée.

118. On peut imaginer que, dans ces deux cas-là, le tourbillon devient elliptique, puisqu'il a ses deux diamètres ou axes inégaux.

119. Le soleil qui étoit au centre de la sphère, est encore au centre de l'ellipsoïde; car, selon la supposition, il n'a été poussé inégalement d'aucun côté, et par conséquent il n'a pu être déplacé.

120. Mais si les deux pressions opposées d'un même axe, si celle de N en C, par exemple, et celle de S en C avoient été inégales, il auroit été poussé hors du centre par la plus forte, toujours sur le même axe, et aussi loin qu'il auroit été possible.

Ce petit nombre de cas très-simple suffiroit pour faire entrevoir, du moins en gros, mais sûrement, l'infinité de cas moyens qui en peuvent résulter.

121. Ce qui marque encore bien que le soleil n'est pas au centre du tourbillon, c'est qu'il a une rotation bien constatée par ses taches. Il tourne sur son axe en 25 jours: cet axe est cent fois plus grand que celui de la rotation de la terre; et par conséquent le soleil fait en un jour un peu moins de 36,000 lieues, tandis que la terre n'en fait que 9,000. Il est visible que cela vient de l'extrême

grandeur du diamètre du soleil, et de l'extrême vîtesse qui règne dans l'endroit où il est placé.

122. Supposé qu'il n'y eût point eu de soleil, et que tout l'espace central égal à son globe n'eût été rempli que de matière éthérée, cette matière eût eu une circulation comme celle de tout le reste; et on trouvera que sa couche la plus élevée eût fait, selon la règle de Képler, sa circulation en deux heures 41'. Si le centre du soleil est jetté par les tourbillons environnans hors du centre de cet espace central, et jusqu'à la couche la plus élevée, le soleil aura une circulation de deux heures 41'. Mais une circulation si courte seroit nulle pour nous. Fl seroit impossible de s'appercevoir que le soleil, revenu à la même place au bout de deux heures 41', en eût changé pendant cet intervalle de temps, sans compter qu'il n'y auroit aucun centre visible auquel on pût rapporter cette circulation. On`ne s'est apperçu que depuis peu de la rotation du soleil, dont la durée est plus de 200 fois plus longue.

que

123. Nous pouvons donc raisonnablement croire

le soleil fait quelque petite circulation, mais si petite, qu'on peut le supposer immobile à cet égard. C'est sur ce fondement que les Coperniciens établissent leurs calculs astronomiques qui procèdent fort bien. Le tourbillon est certainement elliptique (116), et ils mettent le soleil, non au centre,

comme il seroit dans un cercle, mais à un des deux foyers de l'ellipse. Il y a une infinité de différentes espèces d'ellipses: mais on prend l'ellipse ordinaire qui se règle par le simple rapport des deux axes; ce qui n'a pas empêché l'un des plus grands astronomes qui aient jamais été, Cassini, de proposer une ellipse d'une espèce plus composée, qui pouvoit rendre les calculs plus exacts ou plus faciles, tant il reste encore d'incertitude sur ce sujet. Pour nous, il nous suffira de mettre le soleil dans un foyer d'une ellipse ordinaire, qui sera celle de tout notre tourbillon, mais sans savoir quel sera le rapport des deux axes de cette ellipse.

124. Peut-être croira-t-on d'abord que cette ellipse générale du tourbillon viendroit à se manifester par les orbites des planètes, qu'elle détermineroit à être de la même espèce qu'elle mais il s'en faut bien, dans le fait, que cela soit ainsi.

La plus grande et la moindre distance de Mercure au soleil, sont entre elles à-peu-près comme 20 et 13; d'où il suit que son orbite est fort différente d'un cercle, et fort elliptique. Au contraire, dans l'orbite de Vénus ces deux distances sont àpeu-près comme 125 et 124; ce qui fait le cercle presque parfait. Aussi les orbites de Mercure et de Vénus sont-elles, à cet égard, les deux extrêmes; et entre elles sont celles de Mars, de Saturne, de Jupiter, de la terre, ainsi rangées selon l'ordre de

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