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évidemment sa cause? De plus, peut - on douter que la rotation du soleil ne cons→ pire avec le mouvement du tourbillon soit que ce mouvement en dépende, comme il est vraisemblable, ou qu'il n'en dépende pas? Il est incroyable que la force de cet astre, qui s'étend au plus loin, pût laisser la matière qui l'environne dans l'immobilité mais en supposant le vuide entre le soleil et les planètes, il seroit encore plus incroyable que le soleil, affranchi de toute compression, ne se dissipât au premier instant.

Au reste, le tourbillon, d'une figure tendante à la circulaire, ne peut manquer de souffrir à son extrémité bien des altérations et dans sa figure et dans son mouve◄ ment. Les tourbillons voisins, dont les étoiles fixes sont les soleils, doivent le comprimer de tous les côtés, et en être comprimés eux-mêmes, mais d'une force inégale, qui resserre ou laisse étendre les

uns et les autres, plus ou moins, en certains endroits. Pourroit-on balancer à déduire de cette inégale compression, la figure elliptique des orbes de nos planètes? ce qui ne peut être expliqué dans le systême Newtonien, que par de nouvelles suppositions purement arbitraires. Quant au mouvement du fluide à l'extrémité du tourbillon, comme sa force centrifuge est fort ralentie, le choc des tourbillons voisins peut lui donner aisément des détermina

tions très variées, et contraires même à celle des couches du ciel planétaire. Si c'est dans ce fluide, tel qu'on vient de le représenter, que les comètes ont leur cours, comme on le conjecture avec raison; fautil s'étonner de voir que leur orbe coupe quelquefois l'écliptique presque à angles droits, et que les torrens qui les entraînent, les portent du côté des pôles ? Cette théorie fourniroit une réponse suffisante aux objections que les Newtoniens tirent de l'inéga¬

lité du mouvement des comètes, comme si ce mouvement devoit suivre la règle de Képler, dans un lieu où il n'y a, pour ainsi dire, que désordre et irrégularité.

Voilà une très-légère esquisse du tableau qui peut représenter notre tourbillon : s'il n'est pas du goût des Newtoniens, seroit-ce parce qu'au lieu d'accommoder leurs idées à la nature, ils voudroient soumettre la nature à leurs idées ?

THÉORIE

THÉORIE

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DES TOURBILLONS

CARTÉSIEN S.

SECTION PREMIÈRE.

Suppositions et idées préliminaires.

1. JE suppose le plein absolu.

2. Donc si la masse de la matière est infinie elle ne peut changer de lieu, ou être mue toutà-la-fois; car il n'y a point d'autre espace à occu per que celui qu'elle occupe déja. Elle ne peut non plus, à proprement parler, se mouvoir toute entière circulairement; car une sphère infinie n'a point de vrai centre, ni les propriétés que nous connoissons aux sphères célestes mais la masse infinie de la matière peut être divisée en une infinité de sphères qui circuleront; c'est-là ce qu'on appelle les Tourbillons inventés ou mis dans un nouveau jour par Descartes.

3. A plus forte raison la masse finie de la ma tière pourra-t-elle être divisée en tourbillons. Nous Tome II.

N

ne connoissons, avec certitude, que certaines choses qui se passent dans notre tourbillon, auquel nous donnons le soleil pour centre. De ce centre jusqu'à Saturne, qui en est le corps visible le plus éloigné, il y a trois cent millions de lieues, et nous ne sommes nullement assurés que le tourbillon se termine à Saturne.

4.

Je

suppose que tous les mouvemens circulaires des planètes de notre tourbillon autour du soleil, sont exactement circulaires, quoiqu'ils ne le soient pas. Mercure est la plus excentrique de toutes à l'égard du soleil, et Vénus est la moins excentrique. La plus grande et la moindre distance de Mercure au soleil, sont entr'elles dans le rapport de 20 à 13, et les deux pareilles de Vénus dans celui de 125 à 124; d'où l'on voit l'orbite de Vénus approche beaucoup plus d'être un cercle parfait que celle de Mercure. Entre ces deux extrêmes sont toutes les autres orbites. On peut conclure de là que la supposition de toutes les or→ bites exactement circulaires, n'est pas fort violente, sans compter même qu'elle ne subsistera pas toujours dans cette théorie.

que

5. Tous les mouvemens célestes sont si unifor→ mes et si égaux, que depuis quatre mille ans peutêtre qu'on observe le ciel, on ne s'apperçoit pas que rien s'y démente: au contraire, ce qu'on autoit cru d'abord nouveau et irrégulier, vient dans

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