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DES PERSONNES

DE COUR,
D'EPÉE ET DE ROBE,

Commencée par Mr. de CHEVIGNI, continuée
par Mr. de LIMIERS,

Revue, corrigée, & confidérablement augmentée
PAR MR. PIERRE MASSUET,
Docteur en Médecine.

TOME SEPTIEM E.

PARTIE II.

Qui contient l'HISTOIRE de la MARINE & de la NAVIGATION
chez tous les Peuples du Monde ; un Dictionaire de Marine; le COM.
MERCE; un Dictionaire du Commerce; les ARTS & METIERS;
PHOMME, confideré felon fes Espèces; PANATOMIE; la ME-
DECINE; la CHYMIE; les différentes claffes d'ANIMAUX
favoir les Quadrupedes, les Oifeaux, les Infectes, les Reptiles, les
Amphibies, les Poiffons, & les Coquillages.

A AMSTERDAM,
Clez 2, CHATELAIN & FIL S.

MD CCL I I.

STAATSBIBLIOTHER

BAMBERG

Papillon

LA SCIENCE

DES

PERSONNES

DE COUR, D'EPE'E ET
DE ROBE.

TOME VI.

PARTIE II.

CHAPITRE XXI.

Hiftoire de la Marine & de la Naviga-
tion chez tous les Peuples du Monde.
S. I. De la Marine des Juifs.

L

Es prémiers Navigateurs dont Incertitu il est parlé dans l'Ecriture de touSainte, font les Enfans de Noé, chant les On prétend que ce Patriarche prémiers Naviga parcourut la Méditerranée a- teurs vec fes trois enfans, qu'il montra à Sem tout le rivage Afiatique, depuis le Tanaïs, en paffant le Bofphore, Tome VII. Part. II.

V 2

juf

Marine a

jufqu'au Nil; à Cham les Côtes d'Afrique, depuis le Nil jufqu'au Détroit de Gades; & à Japhet toute la Côte d'Europe, depuis Gadès jufqu'au Tanaïs, & qu'il jetta lui-même les fondemens des Colonies établies fur ces Côtes. Mais ce récit fent la fable. Tout ce qu'on nous dit des navigations des enfans de Noé n'eft pas mieux fondé.

Pourquoi La connoiffance de la Marine a été tarla connoif dive chez les Juifs, qui ont fuivi de près fance de la les prémiers Peuples du Monde. La raifon été tardive en est évidente. Leur païs fitué au milieu chez les des terres, n'avoit ni Ports, ni Villes maJuifs.

La Navi

ritimes. Il eft vrai qu'ils n'étoient pas éloignés de la Mer Rouge; mais ils n'y avoient aucun Port avant celui d'Afiongaber, que Salomon y fit conftruire. Ils n'avoient aucune idée de l'Océan, & ils appelloient la Méditerranée la Grande Mer, parce qu'ils n'en connoiffoient pas de plus grande.

Il faut cependant convenir que fi la Nagation ne vigation n'étoit pas en ufage chez les Juifs, leur étoit elle n'y étoit abfolument inconnue. Le nue avant voifinage des Phéniciens, grands Naviga. Salomon. teurs, ne leur permettoit pas d'ignorer en

pas

incon

pas

tierement un art déja fi célèbre. Moïfe peu de tems avant fa mort, leur parle de Flotes & de Vaiffeaux, comme d'objets qui leur étoient familiers. Le Seigneur, leur dit-il, vous fera reconduire par Mer en Egypte fur des Flotes. Les Prophètes, dans les difcours qu'ils leur adreffent, leur parlent de la Mer de Tharfis du Commerce maritime, & des Flotes qui faifoient des voyages de long cours. Un deux, en leur prédifant les malheurs futurs de la Ville de Tyr, s'étend fur la conftruction de fes Vaiffeaux, la matière des Rames, les bancs de fes Rameurs, la

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richeffe des Voiles, des Mâts & des Pavillons, fur fes Officiers de Marine, fes Pilotes, - fes Matelots, les Vents & les Tem pêtes: ce qui fuppofe néceffairement que toutes ces idées ne leur étoient point étrangères.

te connoif

Salomon fut le prémier qui réduifit cette Salomon connoiffance en pratique, & c'est à fon rè- réduit cetgne qu'il faut raporter l'époque de la Navi- fance en gation des Juifs. Ils étoient alors fi neufs pratique. dans cette Science, que ce Prince voulant l'introduire dans fes Etats, pria Hiram Roi de Tyr, avec lequel il avoit un commerce ouvert, de lui envoyer des Pilotes & des Matelots, pour en former parmi fes Sujets.

Ce fut dans le Port d'Afiongaber que Sa- Vaiffeaux lomon fit conftruite des Vaiffeaux, dont qu'il fait Hiram lui avoit fourni les matériaux & les conftruire Ouvriers. Les Flotes de Salomon, affociées avec celles du Roi de Tyr, faifoient en trois ans le voyage d'Ophir, & en ra portoient des Paons, des Singes, de l'Yvoire, des Pierreries, des Bois précieux, de l'Or & de l'Argent. Ces Flotes combinées font nommées dans l'Ecriture, tantôt la Flote de Salomon, tantôt les Vaiffeaux d'Hi

ram.

La grande queftion eft de favoir où eft Où eft le ce Païs d'Ophir, dont il eft parlé dans l'E- Païs d'Ocriture. Il y a fur cela plufieurs hypo-phir. thèses.

lle de la

Les uns placent cette riche Contrée dans Il n'eft pas une Ile de la Mer rouge. Mais le voifina-dans une ge de la Judée ne remplit pas l'idée que Mer RouPEcriture nous donne des Navigations de ge. Salomon, dont elle parle comme de voyages de long cours.

Ceux qui mettent Ophir en Espagne ne Ni en font Espagne.

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