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forestier, mais aussi les communes et les particuliers; il est écrit avec élégance et facilité aussi est-il digne du succès qu'il a déjà obtenu. A. ALBRIER.

SCIENCES ET ARTS

Livre de lectures, ou fragments d'études sur l'homme et la société, par M. N. JACQUINET. Paris, Didier, 1875, gr. in-18 de 336 p. -Prix: 3 fr. 50. Bien que n'appartenant pas à la nation française, » comme il prend soin de nous le dire dans sa préface, M. Jacquinet s'est exercé dans un genre essentiellement français: les Pensées. Il est difficile d'analyser un pareil ouvrage, qui effleure un peu tous les sujets et touche à tout sans s'arrêter à rien. C'est, du reste, une imperfection du livre de M. Jacquinet de n'avoir point un but bien déterminé et de ne point obéir dans son ensemble à une idée précise, ni se rattacher à des principes définis.

La première partie, intitulée: Notes prises dans une bibliothèque, occupe plus de la moitié du volume. Ce sont des passages heureusement choisis dans tous nos auteurs, accompagnés de réflexions et de remarques souvent ingénieuses, mais dont nous ne saurions toujours approuver l'esprit. Ainsi, traitant de la littérature classique, l'auteur nous a paru croire que le beau était une affaire de convention. L'adhésion donnée, au moins tacitement (p. 150) à ce vers de Voltaire :

Qui naquit dans la pourpre en est rarement digne

nous semble plus blâmable. Nous aurions aussi des réserves à faire relativement à certains jugements portés (p. 161) sur la « Rome des Papes. » D'ailleurs, le caractère de l'ouvrage de M. Jacquinet est de manquer un peu de cet esprit religieux qui élève et anime les esprits des auteurs français dont les « pensées » sont la gloire de notre littérature.

Sous la rubrique assez étrange de Chimie intellectuelle et morale, on lira une analyse délicate des sentiments et des facultés de l'homme. Les pages sur la « puissance de la musique » feront aussi plaisir ; il en est de même du dernier chapitre qui contient, sur « l'humanité et ses progrès» des aperçus intéressants.

En somme, ce livre est l'œuvre d'un esprit cultivé et fécond en pensées ingénieuses, exprimées toujours avec correction, souvent avec élégance. A. C.

Catéchisme politique à l'usage des Français, par un homme d'État. Paris, Blond et Barral, 1875, in-8 de iv-934 p. Prix: 8 fr. Les grands principes politiques ont été admirablement exposés par les auteurs catholiques, mais jusqu'ici aucun d'eux n'était descendu aux

détails du droit public pratique. Nous avions souvent regretté que pour étudier ces questions, il fut nécessaire de recourir aux ouvrages de B. Constant, ou aux dictionnaires de Block et de Garnier-Pagès. Cette lacune est aujourd'hui comblée. Le Catéchisme politique, par un homme d'État, répond parfaitement au besoin qui se faisait sentir d'un livre de droit constitutionnel pratique, s'appuyant sur les doctrines les plus sûres.

Le plan est large et bien conçu. D'abord une exposition rapide des principes qui sont la base de toute politique. Les deux premiers chapitres forment un petit traité de droit naturel chrétien que devraient connaître et méditer tout ceux qui veulent entrer dans la vie publique. Viennent ensuite, dans des chapitres séparés, les matières qui touchent à la politique: Souveraineté. - Formes de gouvernement. rents corps de l'État. - Questions économiques.

Diffé

Administration. Justice. Cultes. Instruction publique.- Presse. Armée.

Il n'est pas une des questions qui se discutent aujourd'hui, qui ne soit posée et résolue de la façon la plus satisfaisante, pas un point obscur ou difficile sur lequel ne soit projetée la lumière de la raison la plus droite, éclairée par la foi catholique.

La méthode de l'ouvrage est excellente comme le plan : il contient une richesse de documents et de textes de lois, d'emprunts heureux à la législation étrangère, qui en font un manuel indispensable à ceux qui prennent intérêt aux affaires politiques. Aujourd'hui que le droit public chrétien va, grâce aux nouvelles universités, reprendre place, en France, dans l'enseignement, nous croyons que le Catéchisme politique sera d'une grande utilité, et pourra servir aux étudiants de guide et de memento.

N'ayant qu'à louer le fond et l'esprit de ce beau travail, nous aurons quelques légères critiques à faire quant à la forme. L'auteur a voulu faire un catéchisme, et il a adopté la division par demandes et par réponses, ce qui nous eût semblé excellent dans un ouvrage succinct; mais, dans un gros in-8 de 930 pages, nous eussions préféré une division plus méthodique par sections et paragraphes, avec titres marginaux; la lecture eût été plus facile et le style y eût gagné.

On trouve aussi çà et là trop de détails sur nos luttes d'hier et d'aujourd'hui; nous ne voudrions pas voir, dans un livre qui est destiné à rester, les caractères d'une œuvre de polémique actuelle.

Enfin, nous souhaitons que la prochaine édition contienne une table alphabétique des matières, qui fera de cet ouvrage un vrai dictionnaire de politique, et le meilleur de tous assurément.

Résumons-nous en disant que, suivant le vœu de l'auteur, son livre «< contient tout ce que la France doit connaître et pratiquer pour être sauvée. »> A. C.

Cours de géologie comparée, professé au muséum d'histoire naturelle, par M. STANISLAS MEUNIER, Paris, Firmin-Didot, 1874, in-8 de 373 p. - Prix: 6 fr.

Cours de géologie des environs de Paris, ou description du terrain et énumération des fossiles qui s'y rencontrent, suivie d'un index géographique des localités fossilifères. Cours professé au Muséum d'histoire naturelle, par M. STANISLAS MEUNIER. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1875, in-8 de 510 p. Prix: 10 fr.

M. Meunier avait déjà fait paraître; pendant le siége de Paris, le Prodrome de géologie comparée, où étaient développés de nombreux mémoires, adressés par lui à l'Académie des sciences, sur la question des météorites. Appelé, en 1873, à exposer, dans la chaire de géologie du Muséum, les principes et les faits généraux de la géologie comparée, le cours qu'il a publié l'année suivante est la reproduction de cet enseignement.

Le terme de géologie, il faut le remarquer, est ici un terme impropre, puisqu'il s'agit de la structure des planètes, mais nous n'en connaissons pas de plus convenable que l'auteur eût pu employer. Les fragments détachés, qui, sous l'aspect de bolides, traversent notre atmosphère et éclatent à la surface de la terre, fournissent, par leur texture, quelques notions sur celle des masses extra-terrestres d'où ils proviennent. Il faudrait lire en entier l'intéressant Cours de M. Meunier pour comprendre à l'aide de quelle puissante induction scientifique l'auteur a pu tirer des résultats certains ou probables de faits aussi clairsemés et souvent aussi mal étudiés par des observations insuffisantes, que l'a été souvent la chute des bolides.

En effet, ce qui rend la lecture de cette publication si attrayante, ce n'est pas seulement l'étude des phénomènes lumineux, de la grosseur, de la rapidité, de l'explosion et de la précipitation de ces corps. aériens; ce n'est pas non plus celle de leurs caractères, qui ont fourni à M. Daubrée les éléments d'une classification naturelle savamment développée par M. Meunier, non plus que l'observation de certaines combinaisons chimiques particulières jusqu'ici aux météorites; c'est surtout la valeur inattendue des conséquences fournies par cet examen. Les différentes substances constatées dans ces météorites variant de densité, de même que des échantillons terrestres pris dans différentes assises de notre globe, et offrant cependant entre elles de grandes analogies, M. Meunier a été conduit à penser que ces fragments proviennent d'un ancien astre brisé, et part de là pour esquisser, d'après les progrès de l'astronomie, une théorie cosmogonique d'accord en ses principes avec celle de Laplace qu'elle complète. L'ensemble de notre système solaire est pour lui un grand tout géologique dont les planètes constituent les membres successivement détachés de la masse centrale du système, masse qui persiste encore dans le soleil à l'état

de noyau incandescent. De ces planètes, les unes, plus anciennes et plus éloignées du centre, c'est-à-dire (par ordre d'ancienneté), Neptune, et Uranus, à l'état exclusivement gazeux, forment l'atmosphère du système; Saturne et Jupiter, à l'état d'eau, les couches liquides plus intérieures; Mars, la Terre, Vénus et Mercure, partiellement solidifiées, la roche compacte au-dessous de laquelle brûle encore le feu central ou solaire. L'ensemble du système planétaire représente donc, sur une échelle immense, la coupe de notre globle; la lune qui sert à ce dernier de satellite, parvenue à une période plus avancée que lui, en raison de sa petitesse plus grande, a perdu son atmosphère et son eau, employées dans la constitution de son sol, et commence, témoin le phénomène des rayures, à se rompre en fragments visibles pour l'œil de l'astronome. Il y a bien longtemps, la terre avait un second satellite déjà brisé, dont les morceaux circulent autour de notre atmosphère, et, quelquefois entraînés par la gravitation, en traversent les couches plus rapidement qu'un boulet de canon: tel est le bolide, qui s'échauffe par le frottement de l'air au point de devenir lumineux, et dont les débris jonchent quelquefois plusieurs kilomètres d'étendue.

Cette brève analyse suffira pour donner à nos lecteurs quelque idée de la grande importance du Cours de géologie comparée, dont les développements sont en partie fondés sur les découvertes personnelles de l'auteur.

Depuis le mémorable travail de Cuvier et de Brongniart, dont la dernière édition date de 1835, la géologie des environs de Paris n'avait été l'objet d'aucune étude d'ensemble. Le chapitre que d'Archiac lui avait consacré, dans son Histoire des progrès de la géologie, en 1851, était difficile à consulter à l'intérieur de ce volumineux ouvrage, sans compter que, depuis cette époque, la géologie parisienne a dû des découvertes nombreuses, au point de vue stratigraphique, à M. le professeur Hébert, pour la faune à M. Deshayes, pour la flore à MM. Watelet et de Saporta. Aussi M. Meunier a-t-il comblé une véritable lacune en offrant aux nombreux amateurs et explorateurs du bassin parisien un manuel étendu où sont abordés de front et dans toutes leurs difficultés s'ils ne sont pas toujours résolus, les nombreux problèmes suscités par la disposition et les fossiles des terrrains de nos environs. M. Meunier indique pour chaque étage les rapports des couches qui le composent, soit entre elles, soit avec les étages voisins, les accidents divers que l'on y remarque, et décrit avec grand soin les fossiles d'origine animale qui en marquent les niveaux. M. Meunier a moins insisté sur les fossiles végétaux, qui sont d'ailleurs moins connus, et qui lui sont évidemment moins familiers.

Plusieurs des sujets de ce livre dénotent que l'auteur ne s'est point borné au rôle de compilateur, notamment l'étude des divers dépôts JANVIER 1876.

T. XVI, 4.

du terrain quaternaire, que l'on rapportait encore, il y a quelques années, d'une manière générale et un peu vague, à l'action d'immenses glaciers. Il faut aussi savoir gré à M. Meunier de ce qu'il a rassemblé toutes les preuves qui obligent, suivant nous, à placer les sables de Saint-Prest, près Chartres, dans l'époque quaternaire. Par là tombent les opinions en apparence le mieux établies qui ont affirmé l'existence de l'homme pendant l'époque tertiaire, à laquelle M. l'abbé Bourgeois lui-même avait rattaché ce terrain. EUG. FOURNIER.

Traité de thérapeutique médicale, ou Guide pour l'application des principaux modes de médication à l'indication thérapeutique et au traitement des maladies; par M. le Dr A. FERRAND. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1875. In-12 de 848 p. — Prix : 7 fr.

Le grand reproche que l'on fait aujourd'hui à la faculté de médecine de Paris, et que quelques médecins vieillis dans la pratique adresse aux nouveaux venus, c'est le peu de part qu'on donne à la thérapeutique, sinon dans l'enseignement officiel, du moins, dans la mise en œuvre des connaissances médicales. Bien des professeurs, dans leurs leçons, bien des élèves, dans leurs épreuves professionnelles, semblent étudier la maladie pour elle-même, comme des naturalistes avides de scruter les secrets du monde qui les entoure, et non pour le malade, comme des guérisseurs préoccupés de l'application, hélas! toujours incertaine de leurs principes et de leur expérience. Aussi, ne peut-on que saluer, a priori, avec plaisir un livre de thérapeutique, qui est, avant tout, un livre d'application, et qu'on doit à un médecin des hôpitaux, c'est-à-dire à un praticien dont le savoir a été consacré par l'un des concours les plus spéciaux et les plus difficiles qu'il y ait à subir dans notre pays (où ce genre d'épreuves ne manque pas), et par le jugement de ses pairs. Appréciant mieux que personne l'insuffisance des études thérapeutiques actuelles, du moins au point de vue de l'application journalière, M. Ferrand a suivi une méthode nouvelle; et, tandis que tous les traités spéciaux publiés en France ou à l'étranger font l'histoire naturelle du médicament, et prennent pour point de départ l'agent médicateur lui-même; tandis que les ouvrages dogmatiques de pathologie sacrifient actuellement le côté thérapeutique de chaque question au diagnostic et plus encore à l'anatomie pathologique, il a saisi pour base de sa classification non le médicament et la maladie, mais l'indication, le terme, dit-il, le plus vrai et le plus fécond, qui a l'avantage de se prêter mieux que les autres aux faits particuliers: or, la pratique médicale n'est que la considération successive d'une infinité de faits particuliers dans lesquels l'âge, la constitution du malade, la diathèse héréditaire, constituent chaque fois à la maladie un cadre particulier qui en doit, sous peine d'insuccès, modifier et conditionner le traite

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