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BULLETIN

La Fin du protestantisme, par G. L. B. Paris, Georges Le Barbier, 1875, in-8 de 72 p. Prix 1 fr. 50.

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Le Protestantisme, courte réponse à M. de Laveleye, par JULes Camauer, Bruxelles, Closson; Paris, Dillet, 1875, in-18 de 116 p. Prix 60 cent.

Ce qui se passe, en ce moment, au sein de toutes les communautés protestantes provoque l'attention des observateurs sérieux et leur inspire les réflexions les plus salutaires. Il y a longtemps qu'on avait prévu ce qui arrive, et on s'étonne même que le protestantisme ait résisté tant d'années à ce puissant dissolvant qui s'appelle le rationalisme. N'était l'appui que les pouvoirs de ce monde, dans un but tout d'intérêt d'ailleurs, accordent à la réforme du seizième siècle, il y a longtemps que c'en serait fait d'elle. Ce ne sont pas seulement les catholiques qui l'ont dit, ce sont les protestants qui l'ont reconnu et avoué. Les deux brochures dont nous parlons sont pleines de ces aveux, qui, hélas! nous le craignons, ne convaincront personne, dans les rangs du protestantisme. Il y a des gens qui ont trop d'intérêt à ne pas être convaincus.

La seconde doit son origine aux attaques que M.de Laveleye dirigea, il y a six mois, contre le catholicisme et les races latines, attaques qui valurent à son livre une préface de la main de M. Gladstone. La réfutation de M. Camauer, qui paru d'abord dans la Gazette de Liége, est écrasante de témoignages et de faits; et, cependant, nous ne craignons pas d'être démenti, on n'en continuera pas moins à dire que le protestantisme est une religion d'ordre et de liberté ; qu'elle fait les âmes généreuses et patriotiques; qu'elle assure aux nations l'aisance et la prospérité, de même qu'on continuera à dire encore que le catholicisme abaisse les esprits, détruit les caractères, nourrit l'égoïsme, éteint l'amour de la patrie, ruine les empires, etc.

Les succès de la Prusse et la prospérité de la race anglo-saxonne tournent toutes les têtes et font qu'on ne se demande même plus, 1° si on ne pourrait pas expliquer les triomphes des nations protestantes par d'autres causes que par le protestantisme, et 2° si la décadence des races latines est due uniquement ou principalement au catholicisme.

Quand on se place à ce point de vue, on ne saurait proclamer trop haut la nécessité de brochures et de tracts dans le sens des deux opuscules que nous annonçons. P. MARTIN.

Nos maux et nos remèdes, par l'abbé E. DE CAZALÈS. Paris, Douniol, 1876, in-12 de 327 p. - Prix : 3 fr.

Beaucoup d'écrivains se sont occupés de nos maux et de leurs remèdes; mais, comme il n'est pas difficile à un Français de gémir sur ce que nous voyons, ni à un chrétien de dire où est le salut, ce ne sont pas ceux qui exercent le plus leur imagination sur ce sujet qui font la meilleure œuvre et ramènent le plus d'égarés. C'est ce que M. l'abbé de Cazalès n'avait pas oublié dans le livre qu'il laisse en quittant ce monde. Ce n'est point un pamphlet, et la politique y tient peu de place : l'auteur, sans s'y complaire, ne craint pas de l'aborder. Il n'y a rien, jusqu'à la disposition matérielle de l'ouvrage (et ceci est un tort) qui soit fait pour attirer le lecteur frivole: point de table des matières, point de têtes de chapitres, point de petits alinéas, point d'artifices d'éloquence: mais une gravité continue, un style sobre et ferme, un discours tissu de textes, où tout appartient aux pro

phètes, aux pères, aux grands écrivains, ou plutôt à un homme nourri de leurs œuvres et pénétré de leurs doctrines. Voilà, en peu de mots, ce qu'on trouvera dans ce livre, et c'est assez montrer qu'il ne s'adresse qu'aux esprits sérieux, capables de méditer, autrement qu'en passant, sur les desseins de Dieu et sur leurs propres devoirs. G. PHILIPPON.

L'Annuaire de l'Union pour l'an 1875. Tours, Mame; Paris, Dentu, 1875, in-12 de xvi-442 p. Prix 2 fr.

L'Union de la paix sociale, fondé par M. Le Play, publie pour la première un annuaire où elle expose son programme, son organisation, ses travaux, et fait connaître le nombre toujours croissant de ses adhérents. A côté de ces documents, se trouvent des travaux que nous devons nous contenter ici de signaler, sur le décalogue en général, sur le quatrième commandement, etc. Voici des titres, qui suffiront, joints aux noms des auteurs, pour attirer l'attention sur ce volume: Le décalogue dans l'ancienne France, par M. Ch. de Ribbe; le Repos dominical et le service des chemins de fer, par MM. J. Michel et E. Cheysson; le Respect de la femme, par M. C. Jacquier; le Mensonge masqué par l'abus des mots, par M. Em. de Curzon; la Liberté du testament et la prospérité de l'Angleterre, par M. F. Le Play; la Liberté du testament et la prospérité du commerce, par le comte de Butenval; la Force publique, la Famille et la Province, par M. Lahaussois. On ne peut traiter de questions plus à l'ordre du jour et sur lesquelles les classes dirigeantes ont plus besoin d'être éclairées. R. J.

Congrès de Reims. Compte rendu de la huitième assemblée générale des directeurs d'œuvres (23-27 août 1875), par CAMILLE RÉMONT. Paris, Bureau central de l'Union des œuvres, 32, rue de Verneuil, 1876, gr. in-8 de 389 p. Prix : 5 fr.

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Le huitième congrès des directeurs d'œuvres, organisé par le Bureau central de l'Union des œuvres ouvrières catholiques que dirige Mer de Ségur, s'est tenu l'année dernière à Reims, sous la présidence de Mer Langénieux. Nous venons d'en parcourir le compte rendu avec le plus grand intérêt, tant à cause des sujets qui y sont traités que de la manière dont ils le sont: on n'est point arrêté par la sécheresse obligée des procès-verbaux, qui n'occupent qu'une très-petite place. M. Rémont publie les rapports présentés aux assemblées générales, quelques-uns très-complets et faits avec un véritable talent, soit sur des œuvres utiles à connaître, soit sur des questions générales se rattachant aux œuvres la Question du dimanche, par M. Leseur; la Corporation ouvrière, par le R. P. Marquigny; les Institutions économiques, par le comte E. de Germiny; l'Imagerie populaire, les Conférences, les Cours, les Récréations dramatiques dans les œuvres. A côté de tout ce qui est destiné à faire connaitre l'Union des œuvres, son esprit, ses travaux, ses ressources, ses développements, il y a des monographies d'œuvres paroissiales et rurales très-bonnes à lire. Nous devons une mention spéciale à la monographie de la Société bibliographique par M. de Beaucourt, et au rapport du R. P. Marin de Boylesve sur les Bibliothèques dans les œuvres, la Propagande des journaux, des tracts, etc. VICTOR MORYAT.

L'Unité dynamique des forces et des phénomènes de la nature, ou l'Atome tourbillon, par M. FELIX MARCO, professeur de physique au lycée Cavour, à Turin. Paris, Gauthier-Villars, 1875, in-18 de XII-192 p. (Actualités scientifiques, publiées par l'abbé Moigno.) Prix :

2 fr. 50.

La philosophie naturelle repose entièrement aujourd'hui sur le principe

de l'indestructibilité de la matière et de ses mouvements. Nettement entrevu déjà par Descartes et Huyghens, au grand siècle où la science et la foi marchaient ensemble à la conquête de la vérité, ce principe a été peu à peu mis en lumière, d'abord par la chimie, puis par la physique; enfin il a permis à la mécanique moléculaire d'esquisser une synthèse générale de l'univers. M. Félix Marco, qui l'un des premiers s'est engagé dans cette voie avec le P. Secchi, MM. Maxwell, Thomson et Helmholtz,... expose, dans un résumé substantiel, la conception des atomes-tourbillons, et ramène à des transformations de mouvement tous les phénomènes de la physique. Le mouvement en tourbillons des atomes de l'éther, fluide impondérable partout répandu, engendre les atomes de la matière, et donne lieu, en modifiant la pression de l'éther, aux effets de la gravitation, de la cohésion et de l'affinité. L'atome ainsi constitué peut recevoir un mouvement vibratoire qui provoque les ondes de la lumière et de la chaleur; il peut également subir des variations de densité et de pression qui se manifestent sous la forme d'électricité; enfin l'orientation des axes des tourbillons se lie aux actions magnétiques. Quelque élégante et ingénieuse que soit cette exposition, on ne saurait prétendre sans doute que la raison dernière assignée ainsi à chaque phénomène soit toujours absolument satisfaisante: plus d'une fois le vague et l'obscurité ne sont qu'en partie dissipés. Néanmoins, et c'est là son très-grand mérite, ce petit livre résume parfaitement toute la physique moderne; et il fait pénétrer l'esprit, bien plus qu'on ne pouvait l'espérer, dans la nature intime des faits. A. D.

English Literature, by the Rev. STOPPFORD BROOKE. London, Macmillan and Co, 1876, in-18 de 167 p. · Prix: 1 fr. 25.

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L'histoire de la littérature anglaise, écrit l'auteur, est très-longue, car notre littérature commence environ en 670. Aucun peuple, ajoute-t-il avec fierté, ne peut faire remonter la sienne aussi loin; aucun ne peut présenter une pareille suite d'écrivains; aucun n'a écrit autant et si bien. » Parmi ces assertions patriotiques, deux au moins sont incontestables. Notre auteur, en premier lieu, a dû parcourir en quelques pages l'histoire littéraire de près de 1,200 ans, 670 à 1837. En second lieu, si on a pu mieux écrire dans d'autres pays, on n'a certainement, dans aucun, écrit davantage, ni dans des genres plus variés. Notre auteur a donc eu un grand mérite à résumer, aussi bien qu'il l'a fait, l'histoire d'une période de temps aussi longue et aussi remplie. Son livre, quoique très-abrégé, est très-complet; bourré de noms, de dates, de titres, il est très-intéressant; l'auteur a su (talent assez rare peut-être chez un Anglais) tempérer la profusion des détails par des vues d'ensemble et des théories très-bien raisonnées et très-clairement exposées. Chaque phase de la littérature anglaise est marquée judicieusement. Tous les genres sont énumérés et définis, et Dieu sait s'il y en a!

Depuis le poëme guerrier des premiers temps, les traductions de l'Écriture sainte par Béda (735) ou par Wyclif (1380) qui contribuent tant à fixer la prose anglaise, le drame de Shakespeare, jusqu'au roman contemporain connu dans le monde entier,jusqu'à l'écrit ou au discours politique, à l'article de revue, aux tracts du P. Newman dans le fameux mouvement d'Oxford et même jusqu'au récit de voyage, quelle abondance et quelle variété de productions! Et si les genres sont nombreux, que dire des écrivains ? Un auteur moins jaloux des gloires nationales en eût peut-être sacrifié quelques-uns; mais il n'y a pas lieu de se plaindre. Après tout, quelques mots

suffisent pour dire ce qu'il faut savoir de la vie, des ouvrages, de l'esprit de la plupart d'entre eux les plus illustres gardent la place privilégiée qui leur appartient. C'est ainsi que Shakespeare, pour ne citer que lui, est le sujet d'une étude courte encore, mais très-nourrie et pleine d'intérêt. Nous ne finirons pas cette notice sans louer la clarté du style, et, par-dessus tout, l'impartialité et la modération des jugements, qui font, en résumé, de ce petit livre, un excellent ouvrage. L. E.

Les Femmes du monde, par BACHAUMONT. Paris, Dentu, 1876, in-18 j. de 260 p. Prix : 3 fr.

Ce livre est une sorte de chronique mondaine et l'on sait que ce genre est périlleux. L'auteur lui-même se moque de ses confrères qui parlent des salons, où ils ne vont pas il prend, pour sa part, la « femme du monde » partout où il la trouve : et, commençant sa tournée par le faubourg Saint-Germain, il initie ses lecteurs aux habitudes du beau monde et du high life je me sers de ses expressions, mais elles ne me semblent pas heureuses. C'est surtout par les nuances que pèche ce petit ouvrage, écrit non sans affectation, mais avec cette habitude que donne un long usage du public. G. P.

Souvenirs de l'année 1848, par MAXIME DU CAMP. Paris, Hachette, 1876, gr. in-18 de 316 p. - Prix: 3 fr. 50.

Voici un livre agréablement écrit et marqué au bon coin de l'esprit. C'est l'histoire de Paris pendant cette triste époque qui va du 22 février au 24 juin 1848, comprise entre deux insurrections et coupée par deux ou trois émeutes. C'est bien ce que nous avons tous vu; nous assistons à cette campagne des banquets et aux prouesses de la garde nationale, ravie de donner une leçon à Louis-Philippe, au risque de le culbuter; ce sont des patrouilles continuelles pour dissiper les rassemblements, préludes de manifestations où court le peuple de Paris; alors on bat le rappel : il faut endosser l'habit de garde national, et pendant cinq mois la vie déshabituée des affaires, se passe en un qui vive continuel; un jour on envahit l'assemblée, le lendemain on monte à l'assaut des barricades.-M. du Camp a parfaitement retracé cette physionomie du temps, et il l'a fait avec entrain : l'anecdote plaisante, la scène amusante ou comique se rencontrent à côté du fait sérieux et lugubre. L'auteur a de l'esprit ; il est fâcheux seulement qu'il n'ait point compris la moralité des événements, et qu'une si riche nature que la sienne «ait, à vingt-cinq ans, c'était son âge en 1848,- été atteinte d'indifférence politique, indifférence que l'âge, nous dit-il, et les événements ont rendue incurable. » Triste état de bien des âmes, qui ayant perdu avec la lumière des principes la force de s'attacher à la vérité, sont entraînées à la dérive, jouets des révolutions, subissant tour à tour l'atteinte de ces gouvernements d'aventure qui déshonorent et perdent la France. H. DE L'E.

Un vaincu. Souvenirs du général Robert Lee, par Mme BoisSONNAS. 4° édit. Paris, Hetzel, 1876, in-18 jésus, de vi-295 p., avec portrait et carte. Prix 3 fr. 50.

Le livre de Mme Boissonnas est une émouvante apologie du général Lee. C'est l'œuvre d'une mère, désirant montrer à ses fils le type parfait de l'homme de devoir l'illustre soldat américain, dont la vie tout entière fut dirigée vers cet idéal, était bien celui sur lequel son choix devait s'arrêter. L'homme qui est l'objet de cette étude, et le but dans lequel elle est faite,

ont porté bonheur à l'écrivain; le style est partout à la hauteur de l'inspiration. Ajoutons que, dans cette œuvre d'enthousiasme, l'admiration n'a pas nui à la justesse du jugement. Mme Boissonnas n'absout pas le parti auquel Robert Lee consacra son talent, et qu'en Europe on a flétri du nom d'esclavagiste. Peut-être le Sud n'était-il pas aussi ennemi de l'abolition des esclaves que ses ennemis ont réussi à le faire croire; toujours est-il qu'en prenant en main la cause de l'humanité, ceux-ci ont su tourner vers eux toutes les sympathies. Grâce à l'impartialité du biographe, l'esprit, dégagé de toute préoccupation, se laisse prendre tout entier au charme de cet homme qui trouvait, en son âme chrétienne, un calme égal dans la victoire comme après la défaite.

Assez d'historiens ont insisté sur les ressources inépuisables de la stratégie du général Lee, conté ses courses en Maryland et sa défense quatre fois heureuse et toujours renouvelée des murs de Richemond. Il restait à nous peindre l'homme c'est ce dernier trait, délicat et intime, que le talent de Mme Boissonnas vient d'ajouter au portrait du héros.

A. D.

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Le Comte Gaston de Raousset-Boulbon, par HENRY DE LA MADELENE. Paris, Charpentier, 1876, gr. in-18 de viu-322 p. - Prix: 3 fr. 50. M. de la Madelène, le romancier dès longtemps apprécié, en devenant l'historien exact du comte de Raousset-Boulbon, semble n'avoir pas changé de genre, tant les aventures de son héros rappellent l'époque où les chevaliers errants vagabondaient dans le domaine de la fantaisie. Celui-ci mène d'abord à Paris la bande joyeuse des désœuvrés, puis fait en Algérie un essai malheureux de colonisation En 1848, nous le retrouvons, c'est là le trait le moins original de son existence, candidat à la députation; l'année suivante, sans ressources mais la tête haute et pleine de ses ambitieuses rêveries, il débarque à San Francisco, où tour à tour il est déchargeur sur le port, pêcheur, chasseur, marchand de bestiaux. Les hasards d'une concession douteuse le poussent dans la Sonore, qu'il parcourt à la tête d'une compagnie de 250 hommes; bientôt il est en guerre avec le Mexique, vainqueur à Hermosillo, puis forcé par la maladie de renoncer aux espérances de ce premier succès. Une seconde tentative à main armée échoue misérablement, et M. de Raousset-Boulbon, le 12 août 1851, est fusillé par un peloton mexicain. L'élégante intrépidité et l'imagination pleine de ressources qu'il montre dans ses courses à travers les deux mondes, font naître l'intérêt et l'indulgence pour ce héros incomplet, désabusé par la mort seule de ses aspirations chimériques. A. D.

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Journal de la guerre de 1870-1871 à Dijon et dans le département de la Côte-d'Or, par CLÉMENT JANIN. 1re partie, 14-31 octobre 1870. Dijon, J. Marchand et Mannière-Loquin, 1873. 2° partie, 1er novembre 1870-1er mars 1871. Dijon, Warion, 1875. 2 vol. in-8 de VI-97 et VI-229 p. - Prix: 1" partie, 2 fr.; 2o partie, 3 fr. La Bourgogne pendant la guerre et l'occupation allemande (1870-1871), d'après la Gazette officielle de Carlsruhe, traduction du Dr LOUIS MARCHAND. Dijon, J. Marchand et Mannière-Loquin, 1875, in-8 de xx-262 p. Prix : 3 fr.

Le premier de ces ouvrages est un journal fidèlement tenu par un habitant de Dijon que nous croyons bien renseigné, quoique nous ayons

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