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Ayant pris un temps favorable pour notre évasion, nous partimes sous les auspices de la Fortune.

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BIOGRAPHIQUE ET LITTÉRAIRE

SUR L'AUTEUR DU

COMPÈRE MATHIEU.

HENRI-JOSEPH DULAURENS, fils d'un chirurgienmajor du régiment de la Roche-Guyon, naquit à Douai le 27 mars 1719. Il annonça de bonne heure un esprit vif et supérieur qui fit concevoir de belles espérances. Placé fort jeune au collége, il commença des études qui eurent beaucoup d'éclat ; à peine furent-elles ache-. vées, que sa mère, femme d'une grande piété, le fit entrer chez les chanoines réguliers de la Trinité : il avait alors seize ans. Dulaurens fut admis à la profession le 12 novembre 1727, et entrait à peine dans sa dix-huitième année.

La vivacité de son esprit, l'ardeur de son imagination, et surtout un extrême désir de se distinguer, le firent se livrer à une étude sérieuse de la théologie et des belles-lettres. Il se fit bientôt haïr de ses confrères qu'il humiliait sans cesse en faisant parade de son esprit et de ses connaissances. Les jésuites ne le détestèrent pas moins, parce qu'il se faisait un malin plaisir. de les confondre dans les thèses publiques.

Dulaurens ne tarda pas à porter la peine de son esprit satirique: les jésuites, qui, comme on sait, ne pardonnent jamais, lui suscitèrent tant de tracasseries, qu'il prit la détermination de demander sa translation dans l'ordre de Cluny, Refusé dans une maison de cet ordre, Dulaurens protesta courageusement contre cette exclusion; il se rendit à Paris pour soutenir juridiquement ses droits.

Il espérait aussi trouver dans la capitale, par la culture des lettres, plus de tranquillité que dans son couvent, peut-être aussi plus de gloire et de fortune. La gioire ne manqua pas à Dulaurens; mais la fortune lui fut infidèle, car il fut malheureux et persécuté toute sa .vie.

Au mois d'août 1761, le parlement de Paris lança le célèbre arrêt contre les jésuites. Dulaurens, depuis long-temps leur ennemi, saisit avec empressement l'occasion qu'il avait de se venger, et composa contre eux une satire violente à l'imitation des Philippiques. Il fit cet ouvrage en commun avec un de ses amis, M. Grouber de Groubental, qui était logé dans la même maison que lui. Cet opuscule, achevé et imprimé en huit jours, parut sous le titre de Jésuitiques.

Craignant les poursuites de la police, l'abbé Dulaurens partit à pied pour la Hollande le lendemain de la publication de son pamphlet; son départ fut si préci

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