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Ovide (43 av. J.-C. à 18 ap. J.-C.) est sans contredit le plus abondant des poètes latins. Il a laissé de nombreuses élégies, différents petits poèmes, et enfin les poèmes mythologiques intitulés : les Fastes et les Métamorphoses. Ces dernières œuvres constituent un vaste cycle mythologique qui est le chef-d'œuvre de l'auteur. Ovide est cependant, à tous égards, fort inférieur à Virgile.

Parmi les grands écrivains en prose du premier siècle de notre ère, nous nous bornerons à citer :

Tite-Live (59 av. J.-C. à 19 ap. J.-C.), qui est par excellence l'historien national des Romains. Il nous reste 35 livres de sa grande Histoire de Rome, qui en comprenait 140. Le style de TiteLive est d'une perfection remarquable. On trouve chez cet historien une foule de harangues, dont quelques-unes s'élèvent jusqu'à la plus haute éloquence, mais qui n'ont jamais été prononcées par les personnages auxquels il les attribue.

Les années qui s'écoulèrent entre l'avènement de Tibère et l'extinction de la famille des Antonins* furent encore fécondes pour la littérature latine; mais déjà le goût s'était abâtardi et la forme n'avait plus en général cette perfection qui fait distinguer entre tous le Siècle d'Auguste.

Parmi les poètes de cette période, nous citerons :

Phèdre (sous Tibère), auteur de fables élégantes, mais bien inférieures à celles de notre La Fontaine.

Lucain (39-65 ap. J.-C.), à qui l'on doit le grand poème de la Pharsale, œuvre froide et ampoulée, d'un style nerveux et précis mais quelquefois obscur, et où se trouvent souvent exprimés des sentiments sublimes.

Perse (34-62), condisciple de Lucain, auteur de satires écrites d'un style prétentieux et obscur.

Juvénal (né vers l'an 42), qui, dans seize satires, flagelle sans pitié les vices monstrueux et les infamies de ses contemporains.

Martial (40-103), qui s'immortalisa par un recueil d'épigrammes. Parmi les prosateurs on cite :

Sénèque (3 ou 4 à 67 ap. J.-C.), philosophe stoïcien, a surtout pour but, dans ses écrits, la morale pratique. Il s'est occupé aussi, dans ses Questions naturelles, des grands phénomènes de la nature. Les lettres à Lucilius sont le plus important de ses ouvrages. La décadence littéraire est déjà sensible chez ce philosophe il recherche l'antithèse, les jeux de mots, les pointes; mais ces défauts sont atténués par la vivacité et la finesse de la pensée, la concision et l'énergie du style.

Columelle, contemporain de Claude, a écrit, dans un style qui rappelle la manière de Cicéron, un Traité d'Agriculture.

Pline l'Ancien ou le naturaliste (23-79), qui périt en voulant contempler de trop près la fameuse éruption du Vésuve*, est l'auteur d'une Histoire naturelle, grand ouvrage contenant une description générale de l'univers et où nous pouvons puiser quantité de précieux renseignements. Le style de Pline est prétentieux, parfois obscur; l'auteur se livre à des déclamations d'un goût discutable. Quinte-Curce (époque incertaine), auteur d'une histoire peu véridique d'Alexandre.

Suétone, auteur des Vies des douze Césars.

Tacite, né en 55, m. en 130 ou 140, l'un des plus grands génies de l'antiquité. Ses ouvrages sont les Mœurs des Germains, la Vie d'Agricola, les Annales, les Histoires. On considère Tacite comme le plus grand peintre du cœur humain. Ses écrits respirent la morale la plus pure et la haine de la tyrannie. Sa langue diffère déjà sensiblement de celle de Cicéron ou même de Tite-Live. Son style est d'une concision qui va jusqu'à l'obscurité.

Pline le Jeune (62-115), connu par son panégyrique de Trajan et ses lettres.

Quintilien (42-120), célèbre professeur de rhétorique et grammairien dont l'ouvrage capital, l'Institution oratoire, embrasse l'éducation complète de l'orateur. Le style en est juste, ferme, quelquefois obscur.

Après les Antonins, on ne peut que signaler la profonde décadence des lettres latines.

Tandis que la littérature païenne s'éteignait d'épuisement, une nouvelle littérature apparaissait avec les écrivains chrétiens et les pères de l'Église latine: Tertullien (160-245), Lactance (250325), Minutius-Félix (troisième siècle), saint Jérôme (331-240), saint Ambroise (340-397) et enfin le grand saint Augustin (354430), dont l'ouvrage le plus important est la Cité de Dieu.

Lire les Pages choisies de Cicéron, éd. P. Monceaux (en français). 1 volume. LIBRAIRIE ARMAND COLIN.

NOTIONS D'HISTOIRE LITTÉRAIRE

DE LA FRANCE

La littérature d'un peuple reflète sa vie, elle en suit les péripéties. On la voit croître et se développer avec la grandeur et la prospérité de ce peuple, comme elle s'abaisse aux temps de décadence politique. La littérature française n'a pas échappé à cette loi. On peut la partager en neuf époques :

La première époque s'étend depuis Clovis jusqu'à l'établissement définitif du régime féodal (onzième siècle).

La deuxième époque comprend le onzième siècle et le douzième.

La troisième époque embrasse le treizième siècle.

La quatrième époque, quatorzième siècle, correspond à la guerre de Cent Ans avec l'Angleterre.

La cinquième époque, quinzième siècle, est comme l'aurore de la Renaissance*.

La sixième époque est celle de la Renaissance*, seizième siècle.

La septième époque embrasse le dix-septième siècle dit Siècle de Louis XIV.

La huitième époque s'ouvre et se termine avec le dix-huitième siècle, que l'on a nommé le siècle de la philosophie. Enfin, la neuvième époque comprend la plus grande partie du dix-neuvième siècle.

PREMIÈRE ÉPOQUE (DU VIo AU XI SIÈCLE).

De Clovis à l'avènement des Capétiens nous assistons aux premiers bégaiements de la langue, fille du latin, qui deviendra plus tard la langue française. Mais cette langue

1. Consulter A. GAZIER: Petite Histoire de la Littérature française. LIBRAIRIE ARMAND COLIN.

était encore trop indécise pour que nos auteurs nationaux pussent l'employer. Aussi écrivaient-ils tous dans un latin plus ou moins barbare.

Ceux d'entre eux qui méritent d'être cités, non par la valeur littéraire de leurs œuvres, écrites en latin d'un style barbare, mais à cause des précieux renseignements qu'ils nous fournissent sur les premiers siècles de notre histoire, sont :

Grégoire, évêque de Tours (539-593), qui a laissé, outre divers ouvrages, une Histoire ecclésiastique des Franks, qui intéresse vivement par sa naïveté, sa bonhomie et son grand sens moral.

Frédégaire, le continuateur du précédent, et dont la chronique ou abrégé d'histoire universelle, en cinq livres, n'offre d'intéressant que le dernier, qui retrace les événements survenus dans notre pays de 584 à 641.

Éginhard, mort en 844, secrétaire de Charlemagne, qui a composé une vie de ce grand prince et auquel on attribue, sans certitude, des Annales des rois franks de 741 à 829.

*

Un anonyme désigné sous le nom de le Moine de Saint-Gall, qui écrivit en 885 les Gestes de Charlemagne.

Abbon, moine de Saint-Germain-des-Prés (850-923), témoin oculaire du siège de Paris par les Normands (886-887). Il composa sur cet important événement un poème latin précieux par les détails qu'il contient.

Les auteurs des Grandes Chroniques de France ou de SaintDenis, qui furent des moines de cette abbaye, et dont l'œuvre fut plus tard traduite en français.

A côté des ouvrages latins que nous venons d'énumérer, nous citerons les premières lignes écrites en langue française qui soient parvenues jusqu'à nous. Ce sont :

Les Serments de Louis le Germanique et de Charles le Chauve, dits encore Serments de Strasbourg (842).

La Cantilène de sainte Eulalie (Ix° siècle), composée de vingtcinq vers.

Le Fragment de Valenciennes, lambeau d'un sermon (x° siècle).

DEUXIÈME ÉPOQUE (x1o ET XII SIÈCLES).

La deuxième époque vit éclore une poésie toute spontanée, très brillante et vraiment française. Cette poésie a pour organe la langue d'Oc, au midi de la Loire, et la langue d'Oil, au Nord.

La langue d'Oc donna naissance à la littérature qu'on

appela provençale parce que la Provence* fut son dernier asile.

La littérature provençale ne compte guère que des poètes, et elle a un caractère éminemment lyrique. Ses genres principaux sont la chanson, le sirvente *, là complainte*, l'aubade*, la sérénade*, la pastourelle*, la ballade, etc. Ces œuvres étaient dues aux troubadours, qui allaient eux-mêmes les chanter dans les châteaux. Elles étaient aussi répétées par les jongleurs ou ménestrels qui passaient leur vie errante à les réciter, en même temps qu'ils amusaient la société des nobles par leurs tours d'adresse.

On admire l'harmonie, la variété, la coupe savante des strophes dans la poésie provençale. Mais on regrette la monotonie dans le choix des sujets traités par les troubadours.

Parmi ces poètes nous citerons seulement : Guillaume IX, comte de Poitiers, le plus ancien de tous, Arnaud de Marveil, Bernard et Bertram de Born, qui est de beaucoup le plus célèbre.

Après avoir jeté le plus vif éclat de l'an 1090 à l'an 1290, la littérature provençale déclina sensiblement à la suite de la guerre des Albigeois et finit par s'éteindre au commencement du XIVe siècle.

Pendant que florissait la poésie provençale, la littérature de la langue d'Oïl, représentée par les trouvères, analogues aux troubadours du Midi et comparables aux aèdes de la Grèce antique, ne demeurait pas en arrière. Si les trouvères étaient contraints à manier un idiome moins harmonieux, en revanche ils traitaient des sujets plus sérieux et de plus longue haleine. Leur poésie est véritablement épique et rappelle dans une certaine mesure les compositions homériques. Elle se développe en trois grands cycles ou cercles affectés chacun à un ordre d'idées différent. Il y a le cycle des chansons de geste, celui des légendes bretonnes et le cycle de l'histoire ancienne.

Les chansons de geste sont des poésies héroïques retraçant les exploits réels ou imaginaires de Charlemagne et de ses barons. La chanson de geste la plus connue est la chanson de Roland, dont la composition primitive

remonte au XIe siècle.

Toutes les chansons de geste sont écrites en vers de dix syllabes. Dans les plus anciennes la rime est remplacée par l'assonance ou rime imparfaite.

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