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triotisme et par sa haine contre Philippe, roi de Macédoine. Ses chefs-d'œuvre sont les Philippiques, parmi lesquelles on admire surtout les trois Olynthiennes, et le Discours en faveur de Clésiphon sur la couronne, dans lequel il foudroya son adversaire Eschine. La diction de Démosthène est sobre, ferme, pleine de sens; son style d'une pureté attique. Jamais l'éloquence ne s'est appuyée sur un raisonnement plus rigoureux. Il convainquait avec tyrannie, à la manière des géomètres.

Les trois grands orateurs grecs de l'époque chrétienne sont :

Saint Grégoire de Nazianze (328-389 après J.-C.), dont les homélies se distinguent par l'ampleur et l'élégance du style, en même temps qu'elles émeuvent le cœur.

Saint Basile (329-379), évêque de Césarée, chez qui on admire la précision des idées, un style pur et clair et une grande richesse d'imagination. Son Traité de la lecture des auteurs profanes est une œuvre classique.

Saint Jean Chrysostome, c'est-à-dire bouche d'or (347-407), archevêque de Constantinople, mort en exil. On a de lui, outre ses Traités théologiques, des discours, des homélies, entre autres celle sur la disgrâce d'Eutrope, et des panégyriques. On a comparé son style à celui de Cicéron *. Ses écrits brillent par la méthode, par la force de l'invention et le charme de la diction.

3° Philosophes et moralistes. Socrate (470-400 av. J.-C.) inaugura une nouvelle ère philosophique, qui restreignit les recherches à l'étude de l'homme. Il ne composa aucun ouvrage; mais ses deux disciples, Xénophon et Platon, exposèrent sa doctrine dans leurs écrits.

Les ouvrages philosophiques de Xénophon sont le Banquet, Hiéron, l'Apologie de Socrate, les Entretiens mémorables, l'Économique.

Platon, surnommé le Divin (427-347 av. J.-C.), publia ses nombreux écrits sous forme de dialogues, dont Socrate est l'interlocuteur le plus ordinaire. On ne compte pas moins de vingt-huit de ces dialogues. Les principaux sont le Criton, l'Apologie de Socrate, le Phedon, le Phèdre, le Banquet, la République, etc. Tous sont écrits avec une imagination qui est plutôt celle d'un poète épique que d'un philosophe.

Aristote (384-322 av. J.-C.), disciple et rival de Platon, chef de l'école péripatéticienne* ou du Lycée, et qui exerça jusqu'à la fin du moyen âge une influence souveraine sur la marche de l'esprit humain, fut à la fois un philosophe et un savant universel. Ses principaux ouvrages philosophiques et littéraires sont : la Rhétorique, la Poétique, le Traité de l'âme, la Logique, la Morale, la Politique, la Physique, la Métaphysique, etc. Parmi ses ouvrages scientifiques, nous citerons: la Mécanique, la Météorologie, l'Histoire des animaux, le Traité des couleurs, etc. Le style d'Aristote a subi beaucoup d'altérations. Cet écrivain semble d'ailleurs avoir

méprisé la forme pour s'occuper uniquement du fond et de l'enchaînement des pensées. Aussi ses écrits sont-ils souvent d'une intelligence difficile.

Théophraste, disciple et successeur d'Aristote, fut aussi un savant et un philosophe. Ses Caractères ont servi de modèle à La Bruyère*.

4o Auteurs didactiques grecs. Dans un résumé aussi succinct, nous ne mentionnerons, parmi les nombreux écrivains de ce genre que les plus connus : les sciences physiques et naturelles ont été illustrées par Hippocrate, né en 460 av. J.-C., le plus célèbre médecin de l'antiquité. Il a laissé de nombreux ouvrages de médecine qui nous sont parvenus. Ils sont écrits dans un style auquel les anciens trouvaient une grande analogie avec celui de Thucydide. Les Grecs s'accordaient aussi à reconnaître dans Hippocrate un tour de phrase homérique.

Aristote, dont il a déjà été parlé.

Théophraste qui, outre ses Caractères, a laissé des traités intitulés Histoire des plantes, des causes de la végétation, des signes du beau temps, sur les pierres, sur les vents, sur le feu, etc.

Galien (131-200 apr. J.-C.), né à Pergame, fut, après Hippocrate, le plus grand médecin de l'antiquité. Il était très éloquent et avait composé, dit-on, 750 ouvrages. Nous avons de ce qui reste de belles éditions en grec, en latin et en français.

Dans les sciences géographiques Strabon, né à Amasie, en Cappadoce, vers l'an 50 av. J.-C., est le plus célèbre des géographes grecs. Sa géographie est un ouvrage bien écrit et l'un des plus intéressants que nous ait légués l'antiquité.

Pausanias (deuxième siècle apr. J.-C.), originaire de Phrygie, est l'auteur d'un ouvrage capital: la Description de la Grèce, en dix livres très intéressants; mais le style est souvent chargé et obscur.

Dans la rhétorique et la critique littéraire Aristote, Denis d'Halicarnasse, auteur d'un Traité de l'arrangement des mots, de Jugements sur les écrivains anciens et sur les orateurs grecs, de Lettres ou appréciations critiques sur les principaux écrivains de la Grèce. On lui attribue aussi un Art ou rhétorique, mais l'authenticité en est contestée. Lucien, né à Samosate, en Syrie, vers l'an 140 de notre ère, et dont les principaux ouvrages sont : le Maitre des rhéteurs, le Jugement des voyelles, les Dialogues des morts, les Dialogues des dieux, les Littérateurs à la solde des grands, De la manière d'écrire l'histoire, etc. Ecrites avec une rare élégance, les œuvres de Lucien sont pétillantes d'esprit et pleines de naturel. - Longin (troisième siècle ap. J.-C.) ouvrit à Athènes une école de rhétorique et de critique littéraire. De tous les ouvrages qu'il composa, il ne nous reste qu'un Traité du sublime, et encore n'est-il pas complet. Quelques critiques refusent même de l'attribuer à Longin.

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La littérature latine diffère profondément de la littérature grecque en ce qu'au lieu d'être originale et spontanée dans son développement, elle n'est dans presque toutes ses parties qu'une imitation ou un reflet de cette dernière. Aussi y voit-on tous les genres, tant en prose qu'en vers, à peu près également cultivés, et cela à toutes les périodes de son existence.

On peut partager l'histoire de la littérature latine en trois époques la première, embrassant tous les siècles antérieurs à la ruine de Carthage (146 av. J.-C.); la deuxième, s'étendant de cette date à l'établissement de l'empire (146 à 39 av. J.-C,); et la troisième, correspondant au règne des empereurs (39 av. J.-C., à 476 ap. J.-C.).

PREMIÈRE ÉPOQUE (240 a 146 Av. J.-C.).

Les documents relatifs à l'histoire de la littérature latine ne deviennent un peu abondants et plus certains que vers le temps des guerres puniques *. Les principaux écrivains de cette époque sont :

Livius Andronicus (vers 240 av. J.-C.), Grec de Tarente, qui importa à Rome la tragédie et la comédie grecques.

Ennius (239-169 av. J.-C.), poète vigoureux, mais sec, qui avait composé une épopée en 18 chants intitulée les Annales, des tragédies et aussi des satires, genre nouveau inconnu à la Grèce. Il ne nous reste d'Ennius et de ses prédécesseurs que des fragments, précieux en ce qu'ils nous donnent une idée de ce qu'était la langue latine à cette époque.

Un contemporain d'Ennius, Plaute (227-183 av. J.-C.), est considéré comme le plus ancien auteur classique; il nous reste de lui vingt comédies remarquables par la façon dont est conduite l'intrigue, par une peinture des caractères faite sur le vif, et par une verve que n'eût pas dédaignée Molière. On reproche à Plaute un langage souvent grossier.

Térence, autre auteur comique, vécut de 192 à 159 av. J.-C. Il nous reste de lui six pièces écrites d'un style plus élégant que celui de Plaute, mais inférieures sous tous les autres rapports aux comédies de ce dernier.

Caton l'Ancien (245-148 av. J.-C.) est le seul écrivain dont les ouvrages en partie conservés nous permettent de juger des débuts de la prose latine. Il nous est parvenu de Caton un Traité sur l'Agriculture et un Traité des origines romaines. Les Romains regardaient en outre Caton comme un de leurs plus grands orateurs.

DEUXIÈME ÉPOQUE (146 a 39 av. J.-C.).

Pendant la deuxième époque, la poésie latine est représentée par deux poètes classiques, Lucrèce et Catulle.

Lucrèce (95-51 av. J.-C.) composa le premier poème didactique qu'aient eu les Romains; c'est le poème De la nature des choses, en six livres. Il y a deux parts à faire dans ce poème : l'une toute philosophique, l'autre purement poétique. Dans la partie philosophique, Lucrèce prêche le système d'Epicure, il est athée et matérialiste, il expose avec beaucoup de clarté et de précision le système des atomes. Dans la partie poétique et descriptive, Lucrèce atteint souvent au sublime. Il dépeint dans un style sobre et ferme l'invention des arts, la naissance des sociétés, etc. Son œuvre est pleine d'une grâce sauvage qui frappe peut-être plus que la perfection continue de Virgile.

Catulle (87 à 59 av. J.-C.), auteur de poésies légères et gracieuses et de deux poèmes plus sérieux: Athis et Thétis et Pélée.

Les grands prosateurs de la seconde époque furent : Cicéron, César, Salluste, Cornélius Népos et Varron.

Cicéron (107-44 av. J.-C.) fut l'orateur le plus accompli de Rome, et le premier de ses écrivains philosophes. On le regarde comme le plus parfait orateur judiciaire qu'il y ait jamais eu. On admire surtout ses plaidoyers contre Verrès, ceux qu'il prononça pour Milon, pour Ligarius. Ses principales harangues politiques sont connues sous les noms de Catilinaires et de Philippiques. Les œuvres de philosophie et de rhétorique de Cicéron, telles que les Tusculanes, le Traité des devoirs, les Dialogues sur l'amitié et sur la vieillesse, le Traité de la République, les trois dialogues de l'Orateur, le Dialogue sur les orateurs illustres, l'Orateur, le Traité de l'invention, etc., comptent aussi, surtout au point de vue de la perfection de la forme, parmi les plus beaux monuments de la littérature romaine. Comme orateur, Cicéron n'a pas la véhémence de Démosthène; mais son style est orné, fleuri et d'une élégance incomparable. On considère sa prose comme le type du latin classique.

Jules César (104-44 av. J.-C.), avant de s'emparer du pouvoir, s'illustra doublement par la conquête des Gaules et par la façon dont il la raconta dans ses Commentaires. Sévérité, simplicité extrême et limpidité : telles sont les principales qualités de son style.

Salluste (85-35 av. J.-C.) avait composé une histoire romaine aujourd'hui perdue; mais il nous reste de lui un récit de la guerre contre Jugurtha, et un autre de la Conjuration de Catilina. Ces œuvres sont remarquables par la netteté et la vigueur de l'expression. Salluste affecte d'employer les vieilles expressions et les vieilles tournures.

Cornélius Népos, contemporain de Cicéron, avait écrit des annales qui se sont perdues. Nous avons seulement de lui les Vies des grands capilaines grecs et romains, qui lui assignent un rang assez honorable parmi les biographes.

Du polygraphe Varron (116-26 av. J.-C.), qui passait pour le plus érudit des Romains de son temps, nous avons encore un livre d'Agriculture fort méthodique et une partie d'un Traité sur la langue latine.

TROISIÈME ÉPOQUE (39 AV. J.-C. a 476 ap. J.-C.).

Le commencement de la troisième époque, à jamais mémorable ́dans les fastes de la littérature, est désigné sous le nom de Siècle d'Auguste. On vit alors la poésie latine atteindre son apogée avec Virgile et Horace.

Virgile, surnommé le Cygne de Mantoue, naquit dans cette ville l'an 70 av. J.-C., et mourut à Brindes, l'an 19 av. J.-C. Il était de race gauloise. Les œuvres de ce grand poète se composent : 1° De dix églogues, inférieures à celles de Théocrite, non pour le style, mais parce qu'elles ne sont pas franchement pastorales et que l'allégorie y occupe trop de place.

2o D'un poème didactique en quatre chants sur l'agriculture, et intitulé les Géorgiques; c'est peut-être l'œuvre de ce genre la plus achevée qu'il y ait dans aucune littérature. Le style en est d'une perfection admirable, l'harmonie imitative y est fréquente et produit les effets les plus grandioses.

3o D'un poème épique, l'Enéide, composé en vue d'assigner une illustre origine aux Romains, Virgile y suppose qu'après la prise de Troie, Énée et ses compagnons errent longtemps sur les mers et finissent par s'établir en Italie, où ils jettent en quelque sorte les fondements de la puissance romaine.

Malgré la magie du style, l'Eneide est inférieure à l'Iliade et à l'Odyssée, à cause du merveilleux de convention qu'on y trouve et de la faiblesse des caractères.

Horace (64-7 av. J.-C.), le protégé d'Auguste et de Mécène, l'ami de Virgile, excelle dans l'ode, la satire et l'épitre. Dans ses odes il sut réunir les qualités de Pindare et d'Anacréon. Ses dixhuit satires, bien supérieures à celles de Boileau, étincellent de verve, de gaieté et de grâce. Rarement il est descendu aux invectives directes et aux personnalités. Ses belles épîtres, traitant de sujets philosophiques ou littéraires, et entre autres une épître aux Pisons, sur l'Art poétique, font les délices de ceux qui peuvent les lire dans le texte original.

Tibulle (44-18 ou 19 av. J.-C.) est l'auteur d'harmonieuses élégies remarquables surtout par la tendresse du sentiment.

Properce (52-15 av. J.-C.) composa des élégies comme Tibulle; mais on y trouve moins de naturel et de sensibilité.

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