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Lerouge, Lebègue, Briffaut (anciennement gourmand); 2o la profession; Ex.: Charpentier, Lecorbeiller, Vannier, Meunier, Pasteur, Métivier (autrefois moissonneur), Lorin (autrefois fabricant de courroies); 3° le lieu d'habitation; Ex.: Dufour, Duval, Dumont, Delahaye; 4° le pays d'origine; Ex.: Breton, Gallois, Germain, Flamand, etc.

Les noms des provinces, des localités, des rivières, des montagnes, etc., furent aussi, à l'origine, des noms communs. Tous ont une signification connue ou inconnue. Ex.: La Champagne, pays de plaines; le Perche, pays de broussailles; les Marches, frontières; Quimper, le confluent; le Rhône, le rapide; le Doubs, le noir; la Seine, la tranquille; le Plessis, terrain clos de haies; le Ménil, la maison, la demeure; la chaîne des Menez, la chaîne des montagnes; les Alpes, les montagnes blanches; la Chaise-Dieu, la maison de Dieu, etc.

41.

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ORIGINE DES NOMS COMMUNS

Grammaire historique. C'est du latin que le français a tiré la plupart de ses noms; cependant le français, par sa propre force, a donné naissance à des substantifs qu'il a formés avec des adjectifs, des infinitifs, des verbes raccourcis et des participes. 1° Substantifs formés d'anciens adjectifs. Tous les noms communs ont commencé par être des adjectifs. A une époque excessivement reculée et dont il est impossible d'assigner la date, la plupart de ces anciens adjectifs étaient déjà devenus des substantifs. Par exemple, le mot terre, qui primitivement n'était qu'un adjectif et signifiait la sèche, par opposition aux plaines humides de l'Océan, fut de très bonne heure un substantif désignant la partie solide du globe. De même, ciel était primitivement un adjectif qui signifiait creux; lune était un autre adjectif signifiant la brillante; le substantif Dieu lui-même voulait dire le brillant.

Un tel phénomène n'est point rare, et l'on peut dresser une liste des mots qui, encore adjectifs dans le français du moyen âge, sont à notre époque de vrais substantifs. Tels sont :

Croisée, mis pour fenêtre croisée, c'est-à-dire fenêtre garnie de barres disposées en croix.

Domestique était un adjectif qui signifiait de la maison. On distinguait les serviteurs domestiques des serviteurs de la glèbe*. Domaine, adjectif, voulait dire qui appartient au maître. Ex.: Le roi était entré dans sa chambre domaine, c'est-à-dire dans sa propre chambre.

Sanglier, adjectif, signifiait solitaire, seul. On distinguait le porc sanglier du porc domestique. Singulier, terme de grammaire, n'est qu'une autre forme de sanglier.

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Linge, autrefois adjectif, signifiait fait en lin. On disait un vétement linge, une étoffe linge.

Lange, autrefois adjectif, signifiait fait en laine. On disait un vêtement lange pour un vétement de laine.

Pelisse, autrefois adjectif, signifiait fait en peau. On disait un vétement pelisse pour un vétement de peau, etc., etc.

De nos jours, beaucoup d'adjectifs employés substantivement, tels que l'orgueilleux, l'égoïste, le gourmand, le brave, etc., servent à faire comprendre comment les adjectifs arrivent peu à peu à être considérés comme des substantifs.

2 Substantifs formés d'un infinitif. — Il existe un grand nombre d'infinitifs qui sont très souvent employés comme substantifs. Des infinitifs manger, boire, déjeuner, souper, sourire, etc., nous formons les substantifs : le manger, le boire, le déjeuner, le souper, le sourire, etc.

3° Substantifs formés de verbes. On donne le nom de substantifs verbaux à des substantifs que l'on forme d'un infinitif en supprimant la terminaison de ce dernier. Tels sont accord, de accorder; abord, de aborder; accroc, de accrocher; appel, de appeler; charroi, de charroyer; effroi, du vieux français effroyer, aujourd'hui effrayer; envoi, de envoyer; maraude, de marauder; marche, de marcher, etc. Presque tous ces substantifs sont tirés des verbes de la première conjugaison.

Cette création de substantifs verbaux continue à s'opérer de nos jours casse et chauffe ont été obtenus récemment des verbes casser et chauffer. On dit : Vous me payerez la casse; une surface de chauffe.

4° Substantifs formés de participes. Un nombre considérable de participes passés ont donné naissance à des substantifs qu'on a appelés, pour ce fait, substantifs participiaux.

Beaucoup de substantifs participiaux sont formés de participes encore existants aujourd'hui; d'autres sont formés de participes actuellement hors d'usage et remplacés par d'autres plus modernes.

Parmi les substantifs provenant de participes encore en usage, citons un dit, un joint, un reçu, un réduit, etc.; une battue, une crue, une entrée, une étendue, une portée, une sortie, une venue, une vue, etc.

Parmi les substantifs provenant de participes hors d'usage, citons un dessert, un répons, meute, pointe, course, source, route, défense, lente, lonte, rente, vente, perte, quéte, recette, dette, réponse, élite, ponte, fente, chute, fonte.

DIFFÉRENTES SORTES DE NOMS COMMUNS

42. Parmi les noms communs, il y a lieu de distinguer les noms physiques ou concrets, les noms abstraits, les noms composés, les noms collectifs et, d'après quelques grammairiens, les noms indéfinis.

43.

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On appelle noms physiques ou concrets ceux qui représentent des êtres ayant une existence réelle et qui peuvent tomber sous les sens.

Ex.: Homme, cheval, montagne, ronce, etc.

44. On appelle noms abstraits ou métaphysiques ceux qui expriment l'idée d'une qualité considérée indépendamment de la substance qui la possède.

Ex.: Blancheur, paresse, courage, etc.

45. On appelle ordinairement nom composé tout nom formé de deux ou de plusieurs mots. Ces mots sont souvent réunis par un trait d'union.

Ex. Une basse-cour, un chou-fleur.

46.

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On appelle nom collectif tout nom commun qui, quoique au singulier, éveille dans l'esprit l'idée de plusieurs personnes ou de plusieurs choses.

Ex.: Multitude, foule, troupe.

Un collectif peut être général ou partitif.

Un collectif est général quand il représente la totalité des individus qu'il rappelle à l'esprit; dans ce cas, il est ordinairement précédé de : le, la, les, mon, ton, son, ce. Ex.: La multitude des animaux.

Un collectif est partitif quand il ne représente qu'une partie des individus qu'il rappelle à l'esprit; dans ce cas, il est ordinairement précédé de : un, une, de, des

Ex. Une multitude d'animaux.

47.

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Certains grammairiens appellent noms indéfinis des mots que l'on range plus ordinairement parmi les pronoms indéfinis. Tels sont : on, chacun, autrui, etc. Les substantifs indéfinis désignent les êtres d'une manière vague et indéterminée.

48.

DU GENRE

Le genre est la propriété que possèdent les substantifs de faire distinguer le sexe des êtres qu'ils repré

sentent.

Comme il n'y a que les êtres organisés qui soient mâles ou femelles, les noms qui les désignent devraient seuls avoir un genre; mais il s'en faut de beaucoup qu'il en soit ainsi dans un grand nombre de langues.

49.

La langue française a deux genres: le masculin et le féminin.

Les noms d'hommes ou d'animaux mâles sont du genre masculin. Ex.: Le père, le lion.

Les noms de femmes ou d'animaux femelles sont du genre féminin. Ex.: Une mère, une lionne.

50. Tous les substantifs représentant des objets ont été faits, en français, les uns masculins, les autres féminins; l'usage seul permet de savoir à quel genre appartiennent ces substantifs.

Voici cependant quelques mots sur le genre desquels on se trompe souvent. Sont du masculin les mots : amadou, armistice, astérisque, épisode, évangile, exorde, hemisphère, incendie, obélisque, obus, omnibus, parafe, pétale (d'une fleur), simples (plantes médicinales), ulcère.

Sont du féminin les mots

amnistie, atmosphère, dinde,

enclume, patère, pédale, réglisse, sentinelle.

DISTINCTION DES GENRES

51. En français, il y a trois manières de marquer la distinction des genres chez les hommes et chez les animaux : 1o On emploie des mots différents pour le masculin et pour le féminin. Ex. : Le père, la mère; le bélier, la brebis; le bouc, la chèvre; le cerf, la biche, etc.

2o On ajoute le mot mâle pour le masculin, et le mot femelle pour le féminin. Ex.: Le rossignol male, le rossignol femelle; la fauvette mâle, la fauvette femelle.

3o On change la terminaison des substantifs masculins pour en former le féminin. Ex. : Le lion, la lionne; le chat, la chatte; le loup, la louve; le tigre, la tigresse.

52. Cette modification se fait d'après des règles analogues à celles que l'on suit pour la formation du féminin dans les adjectifs.

Ainsi : 1o Beaucoup de noms forment leur féminin par l'addition d'un e muet. Ex. : Le marchand, la marchande; le cousin, la cousine.

Les noms en er et ier prennent en outre un accent grave sur l'e pénultième . Ex.: Le berger, la bergère; l'épicier, l'épicière.

2o Les noms terminés au masculin par an, en, on, at, et prennent deux n ou deux t avant l'addition de l'e muet. Ex.: Le paysan, la paysanne; le paroissien, la paroissienne; le lion, la lionne; le chat, la chatte; le poulet, la poulette.

3o Un certain nombre de noms terminés au masculin par un e muet ont leur féminin en esse. Ex.: L'âne, l'ânesse; le prince, la princesse.

4o Un grand nombre de noms en eur ont leur féminin en euse. Ex. Le voyageur, la voyageuse.

5o La plupart des noms en teur ont leur féminin en trice. Ex. Le bienfaiteur, la bienfaitrice.

6o Demandeur et défendeur font demanderesse et défenderesse en style judiciaire; chasseur fait chasseresse.

7° Chanteur fait chanteuse et cantatrice; ce dernier féminin s'emploie surtout pour désigner les femmes qui chantent avec une grande habileté.

53. Les substantifs désignant certaines professions le plus souvent exercées par des hommes, gardent la forme masculine lorsque, par exception, ils sont appliqués à des femmes. Ex. Une femme auteur, une femme peintre, une femme médecin.

54.

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NOMS QUI ONT LES DEUX GENRES

Amour, délice, orgue. On dit en thèse générale que amour, délice et orgue sont masculins au singulier et féminins au pluriel.

Ex.: Un fol amour, de folles amours.

Un grand délice, de grandes délices.

Un bel orgue, de belles orgues.

Pour le mot amour cette règle est sujette à des restrictions:

1o Amour, au singulier, peut être féminin en poésie. 2o Amour, divinité mythologique, est toujours masculin. Ex. Les amours sont frères des ris.

Remarque historique. — Dans l'ancien français, amour et orgue étaient toujours du féminin, parce que tous les noms terminés en our, eur, que étaient féminins. Au seizième siècle, par imitation du latin, on les fit masculins; de là une confusion des deux genres, qui a amené la règle bizarre actuelle.

Le mot latin correspondant à délice a deux genres; c'est ce qui explique sans doute les deux genres de ce mot en français.

55.

Aigle est masculin : 1o Quand il désigne en général l'oiseau de ce nom. Ex.: On a tué un bel aigle.

2o Quand il est pris figurément pour désigner la supériorité. Ex. Ronsard* passait pour un aigle parmi les poètes ses contemporains.

3o Quand on parle d'une décoration. Ex. L'aigle blanc de Pologne. L'aigle noir de Prusse *.

Aigle est féminin: 1o Quand il désigne spécialement la femelle. Ex. Cette belle aigle a pondu deux œufs.

2o Quand il a le sens d'étendard Ex. L'aigle romaine. 3o En terme de blason. Ex.: Une aigle éployée d'argent.

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