Page images
PDF
EPUB

muette, l'accent tonique tombe sur l'avant-dernière syllabe, sans pouvoir jamais rétrograder plus loin.

Par exemple, dans bonté, maison, nous aimons, l'accent tonique tombe sur la dernière syllabe; dans homme, agréable, j'appelle, l'accent tonique tombe sur l'avant-dernière syllabe.

En français, l'accent tonique ne peut jamais tomber sur une syllabe muette. Lorsque des raisons grammaticales exigent qu'il tombe sur une syllabe de cette nature, on modifie cette dernière de façon à ce qu'elle devienne sonore. Ex.: J'appelle pour j'appele; je sème pour je seme.

Non seulement la syllabe accentuée ne doit pas être muette, mais il faut encore qu'elle soit aussi sonore que possible. Comme application de cette dernière règle, on peut citer les verbes de la première conjugaison qui ont un é fermé à l'avant-dernière syllabe de l'infinitif et qui le changent en è ouvert quand cette avantdernière syllabe doit recevoir l'accent tonique. Ex.: Je possède au lieu de je posséde.

23.

PARTIES DU DISCOURS

Tous les mots de la langue française sont rangés dans dix classes appelées les parties du discours; ces dix parties du discours sont le nom, l'article, l'adjectif, le pronom, le verbe, le participe, la préposition, l'adverbe, la conjonction et l'interjection.

24.

[ocr errors]

MOTS VARIABLES ET MOTS INVARIABLES

On distingue souvent les différentes espèces de mots en mots variables et en mots invariables.

25. — On appelle mots variables ceux qui sont susceptibles de flexions ou de désinences, et mots invariables ceux qui n'en sont pas susceptibles et qui par conséquent s'écrivent toujours de la même manière.

Les mots variables sont le nom, l'article, l'adjectif, le pronom, le verbe et le participe en tout, six espèces.

Les mots invariables sont la préposition, l'adverbe, la conjonction et l'interjection: en tout, quatre espèces.

Grammaire historique. La grammaire historique a démontré que la classification des mots en mots variables et en mots invariables n'est vraie que relativement à l'état actuel de la langue. Toutes nos prépositions, tous nos adverbes, toutes nos conjonctions, sont d'anciens mots variables déclassés et pour ainsi dire pétrifiés. Quant aux vraies interjections, c'est à peine si l'on peut les mettre au rang des parties du discours. « Elles n'expriment point nos pensées, dit Sylvestre de Sacy; elles ne sont que l'expression irréfléchie de nos sensations. >>

26.

DE LA PONCTUATION

La ponctuation consiste à intercaler dans le discours écrit des signes qui en marquent les divisions et indiquent les endroits où l'on doit se reposer.

Les signes de ponctuation sont : la virgule (,), le pointvirgule (;), les deux points (:), le point (.), le point d'interrogation (?), le point d'exclamation (!), les guillemets («<»), le tiret (—), la parenthèse ( ).

La virgule indique une petite pause; le point-virgule et les deux points, une moyenne pause; le point, une pause complète.

27. Virgule. On emploie la virgule:

1o Pour séparer les parties de même nature dans une même proposition, c'est-à-dire, les différents sujets, les différents attributs, les différents compléments analogues, quand il n'y a entre eux aucune conjonction.

Ex.: Séparation des sujets La candeur, la docilité, la simplicité sont les vertus de l'enfance.

Séparation des attributs: La racine du chanvre est dure, blanche, pointue.

Séparation des compléments: Si j'apprenais la musique, les sciences, l'histoire?

20 Pour séparer les verbes qui ont un même sujet. Ex. L'attelage suait, soufflait, était rendu.

:

3o Pour séparer des propositions courtes et de même nature.

Ex.: Il crie, il s'agite, il se roule à terre, il se relève, il tonne, il éclate.

4o Avant et après tout ensemble de mots qu'on peut supprimer sans que la phrase cesse d'être intelligible, ainsi qu'avant et après un mot mis en apostrophe.

Ex.: Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde. Où sont, Dieu de Jacob, tes antiques bontés? 5o Pour indiquer la place d'un verbe sous-entendu. Ex. Le juge court à son tribunal; le médecin, à ses malades. (Le médecin court à ses malades.)

6o Pour séparer des propositions subordonnées analogues, quand elles ont une certaine étendue.

Ex. Lorsque les Espagnols curent exploré l'Amérique,

lorsqu'ils eurent exterminé la plus grande partie des naturels, lorsqu'ils se virent en possession des

trésors qu'avait convoités leur cruelle avidité, ils se firent les uns aux autres une guerre furieuse et implacable.

7o Devant un verbe séparé de son sujet par une proposition subordonnée qui ne peut pas être supprimée sans que le sens de la phrase devienne obscur.

Ex.: Les enfants qui traitent les animaux avec cruauté, deviennent en vieillissant des hommes méchants et insensibles aux maux de leurs semblables. 28. Point-virgule. On emploie le point-virgule: 10 Pour séparer des propositions semblables ayant une certaine étendue.

:

Ex. Il y a plusieurs mines d'or et d'argent dans ce beau pays; mais les habitants, simples et heureux dans leur simplicité, ne daignent pas seulement compter l'or et l'argent parmi leurs richesses; ils n'estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l'homme.

2o Pour séparer les divisions d'une phrase quand on fait usage de la virgule dans les subdivisions.

Ex.

29.

On distingue cinq races de choux ordinaires les choux cabus, à pommes pleines et serrées, à feuilles lisses et glauques*; les choux de Milan, à feuilles frisées, réunies en tête, à rameaux nombreux; les choux verts, ne pommant pas, ayant la tige ronde et élancée, durant trois ans et plus; les chouxraves, ayant un renflement blanc ou violet audessus de leur racine; les choux-fleurs, dans lesquels les boutons forment aux extrémités une masse charnue, grenue, bonne à manger.

· Deux points. On emploie les deux points :

1o En tête d'un discours que l'on cite.

Ex. Le chêne un jour dit au roseau Vous avez bien sujet d'accuser la nature.

2o Après les mots savoir, comme, tels sont, ainsi, voici, indiquant une citation.

Ex.: Il y a cinq parties du monde, savoir : l'Europe, l'Asie, l'Afrique, l'Amérique et l'Océanie.

Quelquefois les mots savoir, comme, etc., sont sous-entendus, ce qui n'empêche pas de mettre les deux points.

:

Ex. Il y a cinq parties du monde : l'Europe, l'Asie, etc. 3o Devant voilà, mis en tête d'un ensemble de mots indiquant une citation ou une énumération que l'on vient de faire.

Ex.: Les inondations, les tremblements de terre, la peste, le choléra, la fièvre jaune : voilà les fléaux naturels les plus redoutables à l'humanité.

4o Devant un membre de phrase qui développe ce qui précède et qui en est la conséquence.

Ex. La sensibilité, l'intelligence et la volonté sont les trois facultés faute desquelles la nature humaine ne serait point ce qu'elle est sans la sensibilité, nous serions indifférents à notre propre conservation; sans l'intelligence, c'est à peine si nous existerions; sans la volonté, nous serions incapables de mérite ou de démérite.

30. Ex.

31.

-

Point. On met un point à la fin de chaque phrase. Ce pays semble avoir conservé les délices de l'âge d'or. Les hivers y sont tièdes et les rigoureux aquilons n'y soufflent jamais.

Point d'interrogation. Le point d'interrogation (?) se place à la fin des phrases interrogatives.

Ex.: L'ours a-t-il dans les bois la guerre avec les ours? 32. – Point d'exclamation. Le point d'exclamation (!) se place après les interjections et à la fin des phrases excla

matives.

Ex.: Hélas! malheur aux vaincus!

33.

--

:

Guillemets. On place les guillemets au commencement et à la fin de paroles que l'on cite textuellement. Ex. Une mère lacédémonienne* disait à son fils en lui présentant un bouclier: « Avec cela ou sur cela. » Tiret. On emploie le tiret pour séparer les paroles de deux interlocuteurs.

34.

Exemple:

Qu'est cela? lui dit-il. — Rien. - Quoi, rien? - Peu de chose. Le collier dont je suis attaché

Mais encor?

[ocr errors]

De ce que vous voyez est peut-être la cause.

35.

[ocr errors]

Parenthèse. On renferme entre les deux crochets d'une parenthèse, toute phrase ayant un sens à part au milieu d'une autre.

Ex. On conte qu'un serpent, voisin d'un horloger,

(C'était pour l'horloger un mauvais voisinage),
Entra dans sa boutique, et, cherchant à manger,
N'y rencontra pour tout potage

Qu'une lime d'acier qu'il se mit à ronger.

36.

[ocr errors]

CHAPITRE II

DU NOM OU SUBSTANTIF

On appelle nom ou substantif tout ce qui sert à désigner un être, un objet quelconque, réel ou imaginaire. Les personnes, les animaux, les choses étant des êtres ou des objets, on peut encore dire que le nom ou substantif est un mot qui sert à nommer une personne, un animal ou une chose. Ex.: Louis, chien, livre.

DU NOM PROPRE ET DU NOM COMMUN

37. Il y a deux sortes de noms : le nom propre et le

nom commun.

-

38. On appelle nom propre tout nom qui ne peut s'appliquer qu'à un seul individu, à un seul être, à l'exclusion de tous les autres de la même espèce : Adam, Ève, Paris, la Seine, sont des noms propres.

39. On appelle nom commun tout nom indistinctement applicable à la totalité des êtres qui composent une espèce, à une partie d'entre eux ou même à un seul. Par exemple, le mot homme est un nom commun, parce qu'on peut s'en servir soit pour désigner tous les hommes en général, soit pour désigner une partie d'entre eux, soit enfin pour désigner un seul homme.

40.

ORIGINE DES NOMS PROPRES

Grammaire historique. Rigoureusement parlant, un nom propre ne devrait appartenir qu'à un individu unique; mais il n'en est pas ainsi dans la réalité. Chacun de ces noms propres qu'on appelle des prénoms, comme Louis, Pierre, Paul, etc., s'applique à plusieurs personnes à la fois ils ne deviennent véritablement noms propres que s'ils sont joints à un nom de famille. Ce nom de famille, de son côté, ne peut désigner un individu unique que s'il est accompagné d'un ou de plusieurs prénoms.

Cette contradiction apparente entre la définition du nom propre et l'emploi qu'on en a fait, tient à ce que tous les noms propres ont commencé par être des noms communs. Les noms de famille, d'abord noms communs, en sont venus peu à peu à désigner spécialement une ou plusieurs personnes.

Ces noms peuvent rappeler: 1° une qualité ou un défaut de l'esprit ou du corps; Ex. Legrand, Leblond, Legros, Leroux,

« PreviousContinue »