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ACCORD DE L'ATTRIBUT AVEC UN PRONOM

317. - Lorsque le sujet est un pronom, l'attribut se met au masculin ou au féminin, au singulier ou au pluriel, selon que le pronom représente un substantif masculin ou féminin, singulier ou pluriel.

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318. On ne doit pas perdre cette règle de vue quand on écrit une lettre si c'est un homme qui écrit, tous les attributs se mettent au masculin; si c'est une femme, tous les attributs se mettent au féminin.

Ex.

Ma chère mère, écrit Virginie, je suis inquiète de n'avoir pas de vos nouvelles.

Quand le signataire représente une société de commerce tous les attributs se mettent au pluriel.

Ex. Nous serons enchantés de vous être agréables.

Signé : RICHARD et Cie.

ACCORD DE L'ATTRIBUT AVEC nous pour je,
VOUS POUR tu.

319. Nous pour je. On emploie nous pour je : 1° Quand on fait acte d'autorité. Ex.: Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit.

2o Quand on fait acte de modestie en qualité d'auteur. Ex. Nous racontons dans ce livre.

:

3o Quelquefois quand on se parle à soi-même. Ex.: Soyons prudent.

320. Vous pour tu. On emploie vous pour tu ou toi : par politesse, par respect ou par reproche.

Ex.: Mon ami, pouvez-vous me rendre ce service?

321. Lorsqu'on emploie nous pour je, vous pour tu, le verbe se met au pluriel ; mais les attributs et autres adjectifs restent au singulier, parce qu'il ne s'agit que d'une personne. Nous sommes persuadé, dit un auteur, que nous avons été aussi exact que complet.

Ex.

322.

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Vous vous êtes montrée, Madame, aussi bienfaisante que sensible.

ACCORD DE L'ATTRIBUT AVEC on SUJET

Le nom ou pronom indéfini on est mis pour un homme il est donc, en général, du masculin singulier, et l'attribut se met au masculin singulier.

Ex.: Quand on est oisif, on trouve toujours le temps long.

Cependant, si le sens de la phrase indique clairement. que on représente un nom féminin ou un nom pluriel, l'attribut se met au féminin ou au pluriel.

Ex.: Quand on est petite fille, on n'est pas toujours attentive à sa leçon.

Quand on est citoyens français, on est égaux devant la loi.

323. Grammaire historique. Comme on l'a vu page 72, on n'est que l'ancienne orthographe du mot homme employé comme sujet. Puisque on signifie un homme, il est essentiellement masculin singulier.

Quand on fait on du féminin, c'est par une opération intellectuelle analogue à celle qui a produit le changement du genre de gens (p. 19). La signification précise de on ayant été peu à peu oubliée, on s'habitua à voir dans ce mot l'équivalent d'un sujet vague et indéterminé. De là à employer on pour représenter un nom féminin, il n'y avait qu'un pas, lequel fut aisément franchi.

C'EST, CE SONT

324. Le verbe être, précédé de ce, ne se met au pluriel que lorsqu'il est suivi d'un substantif pluriel ou d'un pronom de la troisième personne du pluriel.

Ex.: Ce sont les tigres qui sont les plus cruels des animaux; ce sont eux que les chasseurs redoutent le plus.

En conséquence, lorsque le verbe être, précédé de cc, est suivi d'un pronom pluriel de la première ou de la deuxième personne, ou bien encore de deux substantifs au singulier, on emploie c'est :

Ex.

325.

C'est nous trop souvent qui faisons nos malheurs.
C'est vous qui êtes les bienfaiteurs.

C'est la rose et l'œillet que je préfère.

Grammaire historique. Assez souvent on trouve c'est au lieu de ce sont devant un nom pluriel, dans les auteurs du dix-septième siècle et du dix-huitième. Fénelon * a dit : « C'est donc les dieux et non la mer qu'il faut craindre. » Cette manière de parler n'est pas à imiter aujourd'hui.

326.

GALLICISMES AVEC être.

L'emploi de être donne naissance à un grand nombre de gallicismes*, dont nous énumérerons rapidement les principaux :

327.

-

1° C'est... que. Si l'on veut appeler l'attention sur l'un des mots d'une phrase, on place ce mot entre les

deux termes du gallicisme c'est... que. Ainsi, au lieu de dire simplement :

Je parle de vous.

Je fais appel à votre bon cœur.

Les vers à soie nous viennent de la Chine.

On dit avec plus d'insistance :

C'est de vous que je parle.

C'est à votre bon cœur que je fais appel.

C'est de la Chine que nous viennent les vers à soie. 2o Être que de, être de. On se sert des locutions être que de..., être de..., pour dire être à la place de... Ex.: Si j'étais que de vous ou si j'étais à votre place, j'étudierais, etc.

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Remarque historique. — Être que de est maintenant archaïque*; mais on trouve d'assez nombreux exemples de cette expression dans les écrivains du dix-septième siècle, et elle a été condamnée d'une manière trop absolue dans plusieurs recueils de locutions vicieuses.

3o Il est. Le verbe être est fréquemment employé impersonnellement; dans ce cas, il est immédiatement suivi du sujet réel, lequel peut être un nom singulier, un nom pluriel, ou plusieurs noms singuliers.

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Il est des hommes qui parlent autrement qu'ils ne pensent.

Il était autrefois un roi et une reine, etc.

4o C'est à moi de..., c'est à vous à... et autres expressions analogues signifient il appartient à moi, à vous, etc. Ex.: C'est à moi de répondre, c'est à vous à jouer.

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Remarque. Il n'existe aucune différence de sens entre c'est à vous à et c'est à vous de.

5o N'était, n'eût été équivalent à si ce n'était, si ce n'eût été. Ex. N'était le respect que je vous dois, je vous dirais votre fait; c'est-à-dire si ce n'était, etc.

6o Au passé il est permis d'employer être dans le sens de aller. Ex.: J'ai été à Rome

7° On trouve encore être mis pour aller devant un infinitif. Ex. Je fus quérir la garde. On s'accorde généralement à considérer cette façon de parler comme une licence*.

8o Le français rend par il y a, il y avait, ce que les autres langues expriment au moyen du verbe être. Ex. Il y a de beaux tableaux dans cette galerie; c'est-à-dire de beaux tableaux sont dans cette galerie.

328. Grammaire historique. Anciennement et jusqu'au dixseptième siècle, surtout dans le style badin, on disait il a, il avait, et même plus simplement : a, avait, sans exprimer il. On lit dans Racine N'a pas longtemps, pour il n'y a pas longtemps. Il existe des exemples de y a, y avait, pour il y a, il y avait.

*

Ex.: Tant y a qu'il n'est rien que votre chien ne prenne. (RACINE).

329.

VERBES ANALOGUES AU VERBE être.

Il existe en français plusieurs verbes qui partagent avec étre la faculté de joindre l'attribut au sujet. Tels sont : devenir, sembler, paraître.

Ex. L'enfant devient sage.

Tu sembles mécontent.

Elle parait fatiguée.

A ces verbes on en peut ajouter un grand nombre d'autres, surtout des verbes composés, tels que passer pour, être regardé comme, s'appeler, etc.

Ex.: Vous passez pour avare.

Au fond, outre l'idée de l'existence, tous ces verbes en expriment une seconde qu'on ne trouve pas dans être. Devenir exprime une idée de changement, de métamorphose; sembler, une idée de similitude ou de ressemblance; paraître, l'idée de l'apparence opposée à la réalité. Et ainsi des autres.

Quelquefois l'infinitif être est ajouté aux deux verbes sembler et paraître.

Ex. Vous paraissez être souffrant.

alphabétique.

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Exercice d'orthographe.

Mettez le verbe être au temps indiqué et écrivez convenablement les mots entre parenthèses. Quand on est (frère jumeau) on a toujours la plus vive affection l'un pour l'autre. Ce (être, pas. déf.) les Phéniciens qui inventèrent l'écriture Ce (être, pas. déf.) l'Assyrie et l'Égypte qui furent civilisées les premières. C'est vous, enfants, qui (être, ind. prés.) l'espoir de la patrie et qui (être, futur) un jour ses défenseurs si elle vient à être attaquée. Ce (être, ind. prés.) l'avoine et le foin qui constituent la meilleure nourriture pour les chevaux. Quand on est (concitoyen) on est d'autant plus (tenu) de se secourir les uns les autres. - Ce (être, ind. prés.) le chien et le chat qui sont les animaux domestiques par excellence. Une fable nous peint un singe bateleur* s'adressant à la foule en ces termes Nous sommes (arrivé) ici en trois bateaux exprès pour vous parler. Ce (être, ind. prés.) nous qui avons tiré les marrons du feu; ce (étre, ind. prés.) eux qui les ont mangés. Ce (être, ind. prés.) l'intempérance et les excès qui abrègent la vie des hommes'.

-

1. On trouvera des devoirs analogues dans le volume spécial d'Exercices de Troisième Année.

CHAPITRE XI

SYNTAXE DU VERBE

PLACE DU SUJET

330. Le sujet, soit nom, soit pronom, se place généralement avant le verbe.

Ex.: Paul chante, je chante.

Cependant le sujet se place après le verbe :
1° Quand on interroge (voir ci-après, § 331).
Ex. Que penseront de vous les honnêtes gens?
Irai-je? viendras-tu? est-il arrivé?

2o Quand on annonce que l'on rapporte les paroles de quelqu'un.

Ex. Nous partirons avec vous, disaient nos amis.

3o Après tel, ainsi, peut-être, encore, en vain, du moins, toujours, que exclamatif, etc.

Ex. Ainsi mourut cet homme.

O religion, que de vertus te doivent les humains!

4o Après un verbe qui est au subjonctif sans être précédé d'aucune conjonction.

Ex. Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre!
Je condamnerai le coupable, fût-ce mon fils.

Puisse le ciel exaucer nos vœux!

5o Le sujet se met encore après le verbe dans les phrases analogues à la suivante.

Ex.: Voici les lieux où se passa mon enfance.

331.

INTERROGATIONS

Lorsqu'on interroge, le pronom sujet se place après le verbe dans les temps simples; entre l'auxiliaire et le participe dans les temps composés.

Ex.: Venez-vous? Partirons-nous? As-tu dormi? Quelquefois le pronom reste avant le verbe; mais l'interrogation ainsi faite exprime l'étonnement, le doute. Ex.: Vous venez? Nous partons? Tu as dormi?

332. A la première personne du singulier, lorsque le verbe finit par un e muet, on change cet e muet en é fermé. Ex.: Aimé-je? et par analogie: Eussé-je, puissé-je, dussé-je.

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