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dant: Si quelqu'un me renie devant les hommes je le renierai aussi devant mon Père qui est aux cieux, et que ses disciples doivent être des lettres lues par tous les hommes.

Durant quelque temps, les rapports des deux époux semblèrent les mêmes qu'autrefois; et cependant quel changement profond s'était opéré dans leurs relations intimes! Bien que Mme H** ne soupçonnât pas la conversion de son mari, elle fut frappée du changement de tout son être. Ce n'était plus l'homme gai, heureux et ouvert qu'elle avait connu autrefois: il était habituellement grave, pensif, triste même ; et souvent son œil vigilant découvrit des traces de larmes sur son visage amaigri. Ce changement n'était pas étonnant, et lui seul connaissait la profondeur de sa souffrance. Il était tourmenté par l'idée qu'il avait trouvé la bonne voie et que sa femme suivait encore les sentiers de l'erreur sans qu'il eût le courage de l'avertir. Souvent il prenait la résolution de s'ouvrir à elle, mais les mois se passaient sans qu'il en trouvât la force; il ne remarquait pas, dans la préoccupation qui l'absorbait, l'altération que subissaient les traits de sa femme.

Enfin Mme H** tomba dangereusement malade, et lorsque, après plusieurs jours d'anxiété, M. H** apprit de la bouche du docteur qu'il n'y avait plus d'espoir, son tourment de conscience augmenta, et il résolut de tout avouer avant leur séparation finale.

Il saisit en conséquence la première occasion pour raconter à sa femme l'histoire de sa conversion. A son grand étonnement, loin de témoigner la moindre affliction, elle sourit doucement en disant : « Dieu soit béni, je meurs heureuse! » La joie de M. H** fut égale à sa surprise lorsqu'il apprit que, depuis plusieurs années, sa femme avait été amenée au protestantisme par une dame persécutée qu'ils avaient recueillie sous leur toit. Elle aussi avait craint d'affliger par l'aveu de la vérité le mari qu'elle aimait si tendrement; en voyant sa tristesse elle avait cru qu'il avait deviné son secret et s'était efforcée de le cacher avec plus de soin dans sa crainte de l'affliger davantage. Peu après Mme H** mourut, regrettant jusqu'à son dernier soupir d'avoir cédé à une crainte si fausse et à une affection si lâche. Et quelle ne fut pas aussi l'amertume de son mari en songeant qu'il s'était privé, pendant des années, de la plus douce communion avec l'être qu'il aimait le mieux, d'un puissant encouragement et d'un appui précieux dans son pélerinage!

NOUVELLES RELIGIEUSES.

ALLEMAGNE. Brême. La Société de Gustave-Adolphe, qui s'occupe, comme l'on sait, de l'évangélisation des protestants disséminés, a eu sa fête annuelle dans cette ville, les 2 et 3 septembre dernier. A cette occasion, un négociant brêmois a témoigné son intérêt pour l'œuvre de la Société, par un don de 8000 francs. Le rapport présenté par M. Howard, de Leipzick, constate un progrès sensible dans la marche de l'oeuvre. Dans le duché de Nassau, 200 paroisses y prennent part, et l'on compte 11000 membres dans le seul duché de Saxe-Gotha. Aussi les recettes ont-elles été cette année de 311 250 francs. Des secours ont été accordés durant le dernier exercice à 324 communautés. En Hollande, cinq nouvelles branches auxiliaires ont été formées, et on y a souscrit une somme de 15 000 francs pour le séminaire protestant hongrois. Un don commun de 18000 francs, offert par les diverses branches de la Société, a été adjugé à la communauté de Laaz, dans les Carpathes, sur les frontières de la Galicie et de la Hongrie.

IRLANDE. Dublin. Il existe dans cette ville, depuis 1844, une Société dont le but est de protéger et d'instruire les jeunes abbés qui se préparaient au sacerdoce romain et qui ont renoncé au papisme par des motifs de conscience. Cette Société s'efforce aussi d'amener à la connaissance de la vérité les prêtres de l'Angleterre et du continent, par la publication de traités scripturaires sur les erreurs du catholicisme. Le rapport qu'elle a publié dernièrement sur ses travaux, constate que jusqu'ici 27 anciens prêtres et 31 abbés ont reçu d'elle assistance et protection, et qu'il a été publié par ses soins 540 280 exemplaires de divers ouvrages évangéliques.

AVIS. Pour répondre aux réclamations de nos nouveaux abonnés français et les prévenir de leur part, nous répétons l'avis que la Feuille religieuse est affranchie, pour la France, jusqu'à destination, et ne pourrait même pas être expédiée autrement. Ce qui est réclamé, en France, de nos abonnés. n'est pas un port, mais un impót de timbre extraordinaire, dont tous les journaux, français et étrangers, y sont également frappés depuis 1852. et que nous n'avons pas la possibilité d'acquitter en France. Pour aider nos abonnés à le supporter, nous avons, dès cette époque, baissé de 50 cent. le prix de l'abonnement (4 fr. au lieu de 4 fr. 50). Nous ne pouvions faire plus.

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FEUILLE RELIGIEUSE

DU

CANTON DE VAUD.

Voici, je viens bientôt; retiens ferme ce que tu as, afin que nul ne te ravisse ta couronne. APOCALYPSE, III, 11.

Pensée.

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Nourelles reli

Sommaire : Je te ferai certainement du bien; Gen. XXXII, 12.- L'Evangile au milieu des lépreux de l'île des Phoques (suite et fin). Amour d'un père et d'une mère pour Jésus-Christ. gieuses. Bade. Belgique, Bruxelles. Irlande. Russie. Etats-Unis. puis tout en Christ; Philip. IV, 3.

Avis.

JE TE FERAI CERTAINEMENT DU BIEN.

Gen. XXXII, 12.

Je

Bien que cette précieuse promesse s'adressât directement à Jacob, elle concerne également tout vrai croyant; car Dieu n'a jamais dit à la semence de Jacob: Cherchez-moi, vainement. Les promesses divines faites dans des circonstances particulières, ont été données pour un usage général. C'est ainsi que Paul se sert, pour affermir les Hébreux dans la foi, des paroles d'encouragement adressées par le Seigneur à Josué 2. Que vos mœurs, leur dit-il, soient exemptes d'avarice, étant contents de ce que vous avez; car Dieu lui-même a dit : Je ne te laisserai point, je ne t'abandonnerai point. De sorte que nous pourons dire avec confiance: Le Seigneur est mon aide et je ne craindrai point ce que l'homme pourrait me faire 3. Osée de même, après avoir rappelé l'entrevue que Jacob eut avec Dieu à Béthel, termine ce qu'il en dit par ces paroles remarquables: Et là, Dieu parla avec nous 4.

La concision de cette belle promesse n'en doit point diminuer la valeur à nos yeux. Nous nous plaignons de la faiblesse 'Es. XLV, 19.- * Jos. I, 5. · * Hébr. XIII, 5, - *Osée XII,

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5.

de notre mémoire, mais cette faiblesse n'est jamais telle que nous ne puissions retenir ces six mots précieux: Je te ferai certainement du bien. Il vaut mieux aussi pour nous que cette promesse soit si générale; car nous avons ainsi la certitude d'y trouver toujours une consolation et un secours, dans tous nos besoins si nombreux et si divers. Elle donne du repos à l'esprit et lui permet d'envisager avec calme la situation, quelle qu'elle soit, qui peut se rencontrer. Elle nous ôte tout souci et nous assure que nous pouvons rejeter sur lui tout ce qui peut nous inquiéter, parce qu'il a soin de nous 1. Mais quoique cette promesse, en ne spécifiant rien, ouvre le plus vaste champ à nos espérances, cependant elle est de telle nature que nous devons la restreindre aux choses qui sont réellement un bien pour nous, à l'exclusion de celles qui ne nous sont bonnes qu'en apparence. Ceux qui cherchent l'Eternel n'auront faute d'aucun bien 2. Je te ferai certainement du bien.

Maintenant il importe que nous comprenions bien le sens de cette promesse, autrement elle pourrait nous sembler peu d'accord avec l'expérience. Les gens du monde reprochent souvent à ceux qui font profession d'être les bénis du Seigneur, leurs peines et leur pauvreté. Souvent ils demandent aux fidèles dans l'épreuve: Où est maintenant votre Dieu? Car l'enfant de Dieu a aussi ses jours de détresse et d'angoisse. Gédéon disait à l'ange: Si l'Eternel est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous sont-elles arrivées ? Et Jacob s'écriait aussi dans son affliction: Toutes ces choses sont contre moi". Le langage de Dieu ne présente aucune difficulté quand on jouit de tout le confort de la vie et que l'on occupe une habitation belle et commode. Mais que doit penser d'une telle promesse un Joseph dans les cachots, un Job couvert d'ulcères et assis sur la cendre, un David, lorsque nuit et jour la main de Dieu s'appesantissait sur lui ? Qu'est devenue, dans de telles infortunes, celte parole divine qui dit au croyant: Certainement je te ferai du bien? C'est le cas de nous rappeler que nous devons nous défier de notre propre jugement et mettre dans la seule sagesse de Dieu toute notre confiance. Nous sommes des créatures bornées et dont la vue est courte; nous nous laissons aisément tromper par les apparences, et nous ne savons pas ce qui est bon pour nous dans cette vie qui passe comme une ombre. Mais

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le Seigneur, Lui, ne peut se tromper. Un père sage saura toujours infiniment mieux ce qui convient à son enfant que cet enfant lui-même. La correction ne lui est pas agréable; et cependant elle lui est si salutaire que celui qui épargne la verge hait son fils, tandis que celui qui l'aime s'empresse de le châtier 1. Une médecine amère répugne au palais d'un malade, toutefois elle lui est bonne; et il se félicitera d'en avoir fait la dépense, lorsqu'il en sentira les bienfaisants effets. Un bon vigneron qui prend soin de sa vigne, ne laisse pas les ceps pousser à l'aventure et couvrir la terre de leur branchage luxuriant, mais il les émonde afin qu'ils portent plus de fruit 2. Quel est le langage de David dans les psaumes où il exprime sa pensée au sujet des voies de Dieu envers lui? Il m'est bon, nous dit-il, non pas d'avoir prospéré dans mes entreprises, d'avoir été tiré de mon obscurité, d'avoir triomphé de Goliath ou remporté une grande victoire dans la vallée du sel, mais il m'est bon d'avoir été affligés; il m'est bon d'avoir été dénoncé par Doëg, poursuivi avec tant d'acharnement par Saül, d'avoir été chassé de mon palais par Absalon et maudit par Scimhi; il m'est bon d'avoir été accablé de maux si grands que je ne faisais que rugir tout le jour, et que ma vigueur s'était changée en une sécheresse d'été "; il m'est bon, en un mot, d'avoir été affligé.

Pour être en état d'apprécier la bonté d'une chose, il faut souvent en attendre la fin, et suspendre le jugement que l'on en porte, jusqu'à ce que les résultats en soient connus. Il y a des choses bonnes en elles-mêmes et qui pourraient avoir de fâcheuses conséquences pour nous; il y en a d'autres qui nous semblent un mal et ne nous font cependant que du bien. Abraham parlait des biens et des maux à la manière des hommes ici-bas, quand il disait au riche: Mon fils, souviens-toi que tu as reçu les biens en ta vie et que Lazare y a eu ses maux. Mais si nous avions connu avant leur mort les deux hommes dont il est ici question, et que nous eussions eu la certitude que Lazare allait être sitôt consolé et le riche exposé à de si grands tourments, nous aurions considéré comme un bien la pauvreté et les afflictions du premier, tandis que les richesses et le luxe du second nous auraient semblé un vrai malheur pour lui. Nous ne regardons jamais comme un mal ce qui se termine bien, ni comme un bien ce qui a pour nous des conséquences fâcheuses.

Quant à la déclaration divine qui nous occupe, soyons cer'Prov. XIII, 24.— a Jean XV, 2.- 'Ps. CXIX, 71.-Ps. XXXII, 3, 4.

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