traîner à notre rencontre. Nous apprîmes alors qu'une maladie pestilentielle, apportée depuis peu par un vaisseau européen, avait exercé de terribles ravages dans la population, et enlevé par centaines les habitans de chacune des trois stations. Mainte cabane se trouvait entièrement dépeuplée. Ces campagnes magnifiques et naguères encore si bien cultivées, se couvraient déjà de broussailles sauvages et n'offraient plus que l'aspect de la désolation. Arrivés dans la maison de M. Buzacott, sa chère épouse, qui nous avait tonjours reçus avec le plus aimable sourire, ne put que nous tendre la main en silence et en répandant d'abondantes larmes. Peu à peu une partie des habitans qui survivaient encore, arrivèrent en chancelant, s'assirent à mes pieds et les arrosèrent de larmes amères. » Mais dans une visite subséquente, M. Williams put dire : Notre cher frère, M. Buzacott, ainsi que le roi et une foule nombreuse, nous attendaient sur le rivage, et nous accueillirent avec une joie qui brillait dans tous les regards. ‹ Raro» tonga est redevenu Rarotonga!» s'écriaient-ils de tout loin. Bientôt, en effet, je pus me convaincre à ma grande satisfaction, que dans toute l'île renaissaient l'ordre et la prospérité... Ce ne fut pas un des moindres rafraîchissemens pour nous, de retrouver, dans une de nos excursions, le cher mendiant Butévé, qui s'était assis sur une pierre en nous attendant, et qui, du plus loin qu'il nous aperçut, se traîna sur ses genoux à notre rencontre et nons accueillit en louant et bénissant Dieu à haute voix. Il nous raconta, entr'autres choses, qu'une troupe d'insulaires avait passé tout armée devant lui peu de temps auparavant, qu'il s'était traîné au-devant d'eux et qu'il leur avait dit : « Amis, pourquoi voulez-vous encore courir à » des combats, au lieu de vous ranger sous la domination paisi» ble de Jésus, le Fils de Dieu? n'avons-nous pas assez répandu » de sang, quand nous étions esclaves de Satan? Retournez dans » vos cabanes, et cessez de troubler par un esprit de désordre, » la douce paix que l'Evangile nous a procurée! Au lieu de » m'écouter » poursuivit Budévé, « ils m'accablèrent de noms insultans et agitèrent leurs piques au-dessus de ma tête. Je >> suis en votre puissance, » leur dis-je encore; « mais vous n'en » avez aucune sur Dieu, et il triomphera de vous par sa grâce, » dès qu'il le trouvera bon. » Et c'est ce qu'en effet il lui a plu de faire avec puissance à leur égard. Nous n'extrairons de l'ouvrage de M. Williams qu'un seul trait concernant l'île d'Aitutaki, l'une des îles Hervey. Puisset-il servir d'exemple aux églises qui jouissent depuis longtemps de l'Evangile, mais dont la piété énervée ne sait pas s'intéresser efficacement au règne de Christ. » Pendant un des premiers séjours que je fis dans cette île, j'avais raconté un soir aux naturels de quelle manière les chrétiens d'Europe contribuent, par des dons en argent, à faire parvenir l'Evangile aux pays païens. Ils exprimèrent alors leur regret, de ce que, faute d'argent, ils ne pouvaient jouir du privilége de répandre aussi à leur tour la Parole de Dieu dans le monde entier. « Si vous n'avez pas d'argent, leur dis-je, << du moins possédez-vous le moyen de vous en procurer. » Cette pensée ne leur était pas encore venue; elle les frappa, et ils me sollicitèrent de leur apprendre quel était l'objet en leur possession, au moyen duquel ils pussent se procurer de l'argent. Lorsque j'arrivai la première fois dans votre île,» répondisje, « je vous aménai une certaine quantité de porcs, qui se sont tellement accrus en nombre, qu'il n'y a aucun de vous qui n'en possède beaucoup. Si donc chacune de vos familles destinait l'un de ses porcs pour l'oeuvre des missions, vous pourriez aisément les vendre à l'arrivée de quelque vaisseau, et recevoir de l'argent en échange. » A cette pensée ils témoignèrent beaucoup de joie; et dès le lendemain matin on les vit de toutes parts faire une marque à l'oreille de ceux de ces animaux qu'ils destinaient à être vendus pour les missions. L'occasion s'en présenta bientôt. Un capitaine de vaisseau débarqué sur l'île, leur offrit de leurs porcs un prix d'autant plus avantageux qu'il en avait appris la destination; et, à ma grande surprise, je reçus de l'un de ces pieux insulaires, qui avait la direction de la collecte, plus de 100 livres sterling, formant le don des chrétiens d'Aitutaki en faveur des missions. C'était le premier argent qui se fût jamais trouvé dans leurs mains, et ils le consacrèrent à Christ jusqu'au dernier sou. » NOUVELLES DIVERSES. NOUVELLE-ZÉLANDE. Les stations du sud ne reprennent que lentement leur marche, par suite des guerres qui les menacent à chaque instant de nouveau. En revanche les postes du nord prospèrent, et l'Evangile est écouté avec un intérêt croissant, même en-dehors des stations existantes. On voit dans la gravure d'autre part une de ces scènes, comme il s'en passe bien souvent dans ce pays. Durant les excursions fréquentes des missionnaires parmi les tribus de l'intérieur, les indigènes saisissent toutes les occasions pour entendre l'Evangile de leur bouche, et se rassemblent partout où il peut leur être annoncé. M. Wade décrit ainsi la circonstance qui fait le sujet de la vignette: «Le soleil venait de se coucher quand nous arrivâmes à Waiauwai. Dès que les arrangemens furent pris pour y passer la nuit, M. Kemp annonça la Parole à un groupe d'indigènes qui étaient assis autour de notre feu; la pâle lueur que celui-ci répandait, jointe à la clarté d'une chandelle qui brùlait dans l'intérieur de notre tente, tempérait seule les ténèbres de la nuit. Il y avait là environ 30 natifs pour écouter l'Evangile.» LONDRES. Les 100,000 L. sterl. que la Société wesleyenne avait résolu de recueillir cette année pour célébrer le jubilé séculaire de sa formation, ont été plus qu'atteints et ont permis entr'autres d'envoyer cet automne quarante ouvriers de plus dans le champ des missions. Elle a pu aussi acheter et frêter pour son usage un yaisseau, le Triton, qui est parti le 14 septembre, portant onze missionnaires, dont sept sont accompagnés de leurs femmes. La plupart sont envoyés dans les différens postes de l'Océanie; et ils doivent être rejoints en route par trois autres messagers de paix, ayant la même destination. Le Triton est exclusivement chargé de dons en effets et denrées de tous genres, destinés aux diverses stations qu'il doit visiter. Encore les objets donnés à cette occasion, ont-ils été si considérables, que bon nombre de ballots ont dù partir par une autre voie. Tout l'équipage se compose d'hommes pieux qui se sont engagés dans ce service par amour pour la cause des missions. A son départ, ce beau vaisseau présentait un aspect remarquable; il était orné de deux grands pavillons, dont l'un portait un faisceau, emblême d'union, avec la devise: Gloire soit à Dieu au plus haut des cieux; et l'autre rappelait par une inscription le jubilé, origine du navire, avec ces paroles : DIEU AVEC NOUS. CONTENUES DANS LE VOLUME DE 1859. Pages. AVANT-PROpos et avis. 1. 14. 576. 592 Explications de la Parole de Dieu. Les leçons du lit de mort; Esaïe XL, 6-8. Demeurer dans la grâce de Dieu; Hébr. XH, +5. 3 33 65 L'amour insondable de Christ; Ephés. IIT, 19: 97 Les signes des temps; Matth. XVI, 3. 129 L'édifice spirituel de l'Eglise; 1 Pierre II, 5. 145 Jésus sur la croix léguant sa mère à son disciple; Jean XIX, Réflexions sur la résurrection du Sauveur; Jean XX, 1-18. 195 209 La promesse du St. Esprit; Jean XVII, 7-15. La loi glorifiée par le salut du pécheur; Rom. III, 30. 5-8. Le Psaume CXVI. Instructions, et Exhortations. 353 401 417 465. 481. 513 561 Des actions de grâces, comme moyen d'exciter notre recon- naissance. La folie de l'incrédulité. 17 81 Quelques lettres de J. de la Fléchère à une amie malade. 369. 529:577 |