Monsieur, ils sont à vous. Vraiment, dit le seigneur, Je les reçois, et de bon cœur. Il déjeune très bien; aussi fait sa famille, Chiens, chevaux et valets, tous gens bien endentés1: L'embarras des chasseurs succède au déjeuné, Les trompes et les cors font un tel tintamarre Le pis fut que l'on mit en piteux équipage Adieu de quoi mettre au potage. Le lièvre était gîté dessous un maître chou. Par ordre du seigneur; car il eût été mal Qu'on n'eût pu du jardin sortir tout à cheval. Petits princes, videz vos débats entre vous: (1) Qui ont les dents longues, qui ont grand appétit. (2) Le proverbe dit : ce sont jeux de prince; ils plaisent à ceux qui les font. FABLE V. L'Ane et le petit Chien. Ne forçons point notre talent; C'est un point qu'il leur faut laisser, Qui, pour se rendre plus aimable Que fait-il? il donne la patte; S'il en faut faire autant afin que l'on me flatte Cela n'est pas bien malaisé. Dans cette admirable pensée, Voyant son maître en joie, il s'en vient lourdement, La lui porte au menton fort amoureusement, Oh! oh! quelle caresse! et quelle mélodie! (1) Ce mot ne s'emploic guère au masculin; on dit proverbialement: avoir la science infuse. Dit le maître aussitôt. Holà, Martin-bâton'! FABLE VI. Le Combat des Rats et des Belettes. La nation des belettes, Non plus que celle des chats, Si l'on croit la renommée, Tomba presque en tous endroits (1) Un valet armé d'un bâton. Cette expression est empruntée à Rabelais. (2) Au lieu d'étroites, à cause de la rime. Voyez la note de la fable VIII du livre III. |