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consulter le saint ermite, dont le renom et le bruit des vertus étaient arrivés jusqu'à elle. Elle lui écrivit une lettre où elle lui exposait l'objet de sa demande et lui faisait remettre, pour être employés au service de Dieu et des pauvres de riches ornements. L'envoi de cette missive serait l'origine du nom de Sainte-Radegonde, donné à l'habitation de saint Jean. Une chronique, relatée dans un bréviaire du XVII° siècle de la collégiale de Saint-Mexme, donne une autre explication de cette appellation. Elle affirme que la reine, avant le message mentionné plus haut, serait plusieurs fois venue rendre visite à l'humble solitaire. S'il fallait se prononcer, il me paraîtrait plus rationel de donner raison à la chronique du bréviaire de Saint-Mexme. Est-il donc naturel que la tradition populaire, à l'occasion d'une simple lettre, ait pris le nom de la reine et l'ait appliqué à la demeure de saint Jean, en laissant de côté, et tout à fait dans l'oubli, la mémoire de ce dernier. Quoiqu'il en soit, la dénomination de Sainte-Radegonde a prévalu et l'on a tenu, dans les peintures de la chapelle, à en justifier l'origine, par la représentation de la remise de l'envoi royal au vénérable saint.

Cependant si, dans la grotte, tout nous parle du bienheureux, c'est en vain que l'on chercherait aux alentours quelques-uns des descendants des lauriers qu'il aimait à cultiver. Les vignes ont remplacé le petit verger qu'il soignait de ses mains. On montre, cependant, dit-on, un puits creusé par lui et où se seraient opérées de nombreuses guérisons. Dans une anfractuosité du rocher une pieuse personne a fait rétablir le simulacre du tombeau violé et détruit en 1563 par les huguenots. C'est à elle aussi que l'on doit la restauration des autels et du culte dans cette pauvre chapelle, qui, espérons-le, ne tardera pas à être remise dans l'état où elle était jadis.

Pendant cette visite au tombeau de saint Jean, quelquesuns de nos confrères suivant M. Gillet, étaient allés à la recherche d'antiquités d'une autre espèce et aussi respectables par leur âge.

Vous connaissez tous, Messieurs, l'histoire de ces débris de chartes antérieures au xe siècle, retrouvées par M. Ed. Gauthier, de Loches, et étudiées par lui avec ce soin et cette patience qu'il apporte dans tous ses travaux. Il avait ouvert ila voie dans son pays, et M. Gillet, son ami, guidé par ses ndications, lui en avait signalé d'autres, de même valeur, à Chinon. Aidés du secours de la science de M. Laville Leroulx, ces messieurs n'ont pas eu lieu de regretter leur visite au greffe du tribunal où ils ont pu relever de précieuses indications.

Mais le temps fuit vite;ce sera donc, aussi, en courant que je vous dirai un mot de la charmante excursion à Rivière, que nous avait ménagé notre excellent Président, M. l'abbé Juteau.

L'église de Rivière doit son origine première à saint Martin, qui y éleva un sanctuaire à Notre-Dame. Objet de longues contestations entre l'abbaye de Vendôme et celle de Marmoutiers, au xie siècle, c'est probablement à l'une d'elles qu'il faut attribuer l'édifice actuel et, selon Mgr Chevalier, plutôt à Marmoutiers qu'à l'autre « à cause de la similitude que l'on remarque entre la crypte de Rivière et celle de Tavant » dont l'église appartenait à ce monastère.

Quand on a à parler d'euvres de l'importance de celle-ci, il faut se défier de soi-même et se mettre, autant que possible, à l'abri derrière les maîtres. J'ai déjà plusieurs fois cité Mgr Chevalier, laissez-moi, une dernière fois, le citer encore; nous en retirerons tous honneur et profit : honneur, car il est des nôtres et son nom fait autorité ; profit, car il y a toujours à gagner quand on glane sur son terrain.

«La nef de l'église, dit-il dans ses Promenades pittoresques en Touraine, bâtie en petit appareil, est fort simple et semble remonter à une époque antérieure au xie siècle, comme l'indiquent les fenêtres romanes qui y ont été ouvertes après coup. Les larges surfaces de la muraille ont reçu, vers l'an 1100, des peintures à fresque très intéressantes pour l'histoire de l'art. (Elles ont malheureusement disparu sous un badigeonnage peut-être aussi naif, mais à coup sûr beaucoup plus moderne et bien moins artistique). — Le chœur et le sanctuaire constituent la partie remarquable et vraiment originale de l'ensemble. En effet, l'autel principal est établi sur une crypte peu profondément enfoncée dans le sol, à cause du voisinage de la rivière, et communiquant presque de plain-pied avec la vef. On arrive au sanctnaire, qui se trouve par conséquent fort élevé au-dessus de la nef, par deux escaliers en pierre disposés latéralement de chaque côté de la porte de la crypte. La décoration de ce sanctuaire est belle à l'intérieur : mais au dehors elle est extrêmement remarquable. C'est le type, pour ainsi dire, de ce que l'art du xie siècle a su produire de plus délicat, et on serait presque tenté, de loin, d'attribuer à la Renaissance une auvre aussi élégante et aussi détaillée. Ce n'est que de près qu'on peut reconnaître le caractère roman des colonnes, des moulures et des chapiteaux.»

Cependant le tard se faisait ; les eaux de la Vienne se peuplaient de baigneurs et le soleil se couchait à l'horizon. Il fallut songer au retour. Aussi, Messieurs, avant de quitter Rivière, permettez-moi de consigner ici, quoiqu'une voix plus autorisée que la mienne l'ait déjà fait, l'expression des remerciements de notre Société pour l'accueil amical et chaleureux que nous a fait M. l'abbé Masson, curé de la paroisse, qui après avoir été notre pilote dans le cours de notre navigation, notre cicérone dans la visite de son église, tint à nous reconduire jusqu'au port où s'opéra notre embarquement. Ce fut en disant au revoir à notre hôte que nous primes congé de lui et une heure après nous prenions terre au pied de ces grands quais qui maintiennent la rivière dans ses jours de furie et procurent aux habitants de Chinon une délicieuse promenade.

L'hôtel de France nous attendait avec ses portes ouvertes et sa table mise. Plusieurs de nos convives du matin nous avaient quittés, mais d'autres étaient venus les remplacer; entre autres l'honorable M. Chambert dont l'esprit conciliant et la haute sagesse sont appréciés de tous. Avec cette délicatesse et cette ingéniosité du caur, dont il a le secret, il remercia notre bon et tout dévoué Président de la journée si bien remplie que nous avions passée sous sa conduite, et de toute la peine qu'il s'était donnée pour arriver à aplanir les obstacles et à concilier tous les gouts. Vous vous êtes tous associés à cette bonne et heureuse pensée, car vous êtes trop amis de la justice pour ne pas savoir rendre à chacun ce qui lui est dû.

L'heure du départ définitif approchait. M. le sous-préfet, après avoir tenu à nous accompagner partout en bon et excellent confrère, nous ménageait une dernière gracieuseté. Par ses soins un thé nous avait été préparé à son hôtel; c'est de là que notre troupe savante se rendit au chemin de fer.

Je termine, Messieurs, ce compte rendu, en exprimant l'espoir que ces promenades archéologiques, remises en honneur par notre cher Président, M. l'abbé Juteau, se continueront dans l'avenir. C'est en donnant aux populations l'exemple de l'intérêt porté et de l'admiration, qu'on leur apprendra à remarquer d'abord et ensuite à respecter ces vieux monuments de notre histoire locale, qui gisent, un peu partout dans nos campagnes, ignorés ou profanés. On ne naît pas avec l'amour des vieilles choses; le nouveau, le neuf, plus brillant et plus éclatant attire avant tout. Montrons-leur donc qu'ils ont tort de détruire, alors qu'ils peuvent sinon restaurer complètement, du moins conserver. Dans la sphère que nous avons à parcourir, nous nous placerons par là comme les émules des grandes sociétés, qui agissent beaucoup parce qu'elles ont de gros revenus, et nous pourrons, à notre tour, etre fiers des résultats que nos encouragements et nos efforts auront bientôt obtenus.

ED. QUINCARLET.

COMPTE DE COLIN LEMAYE

(1841-1843)

POUR LA VILLE DE LOCHES POUR LA FORTIFICALION D'ICELLE, POUR IJLTZ LEUEZ SUR PARROISSES A DEUX LIEUES AUTOUR DE LOCHES.

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S'ENSUIT LA COPPIE des lectres du roy no® se par lesquelles les elleuz sur le fait des aydes ordonner par led. Seigneur en la ville et ellecion de Loches ont mis la somme de deux cens cinquante liures aduecques les frais necesseres sur les habitans de lad. ville et parroisse dud. lieu de Loches et sur les paroisses de deux lieux alantour.

CHARLES, par la grâce de Dieu, roy de France, aux elleuz sur le fait des aydes ordonnés pour la guerre en la ville et elleccion, à Loches, Salut. Receu auons humble supplicacion des bourgeoys manans et habitans de la ville de Loches et des parroisses et villages de deux lieux à la ronde dud. lieu de Loches, consors en ceste partie, contenant que comme depuis demy an ença ou enuiron ilz ayent enuoyé deuers nous au siège que tenions devant Pontoise pour recouurer de nous certaines lettres qui leur estoient necessaires, et encores ayent de rechef enuoyé par deuers nous en ceste ville d'Anboise pour aucunes aultres choses touschant le bien de lad, ville et du pays d'environ, esquels voiages faisant ilz ont moult frayé et despendu du leur ; et encores leur est de présent besoing de bailler a leur capp" certain don ou presant qu'ilz leur veullent faire pour certains plasiz et services qu'ilz a fait à la d. ville et oud. pays d'enuiron, pour les quelx frais sup

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