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rait de confondre les seigneurs de Rezay avec ceux de Rais ou Retz, si la présence de l'un de ceux-ci, parmi les témoins de ce dernier acte, ne venait enlever tout prétexte à l'équivoque entre ces deux noms. On ne peut, en effet, confondre Arcoil de Radesiis, avec les seigneurs de Rezai ou de Rezaio. Nous pourrons revenir, par la suite, sur la différence assez prononcée de ces deux noms, écrits simultanément dans la même charte. (D. Morice, Preuv., I, 603, 786). C'est probablement le même Guillaume (Willelmus de Rezayo) qui, au mois de mai 1226, achète de Haimericus de Rezayo et d'Agathe, femme de celui-ci, le tenement de Broche à Reddessail, quod habebat apud Reddessail quod se tenet Broche. L'acte est rapporté par Brient Maillart, sénéchal du comte de Bretagne, du Palais et de Rezay; senescallus domini comitis Britannie, de Palatio et de Rezayo. Il est revêta du sceau du même Maillart, portant dans le champ une fleur de lis dont la pointe est en forme d'épi, et les deux feuilles découpées en trois lobes, avec la légende: +. S. BRIENCII MALLART.

Nous trouvons, en 1247, Silvestre de Rezai (Silvester de Rezaio), qui se porte caution pour le duc Jean Leroux, avec Hugues, comte d'Angoulême, et Jean de Maure (Ibid., 933). La généalogie des seigneurs du Chaffault nous apprend que ce fat du temps de ce Silvestre (1) qu'un juveigneur de la maison de Rezay forma la branche qui prit le nom de du Chaffault; la branche aînée subsista jusque vers la fin du xvr siècle (2), époque à laquelle elle se fondit dans la maison de Chastaignier.

(1) C'est à Silvestre de Rezay qu'appartient probablement le sceau de 1260, portant l'écusson losangé de burelles d'argent et d'azur de 10 pièces, et de queules. Ce sceau était attaché au titre primitif de la concession faite par Sevestre de Rezay, seigneur de Briord, de la métairie de la Grande-Angle, paroisse de Rouans, à la boire de Buzay, du 3 avril 1250. J'ai un extrait de ce titre avec un mauvais dessin des armoiries du sceau. Il existe une différence dans le losangé de gueules, qui porte un trou losangé qui en ferait en quelque sorte une mâcle de gueules. On donne ces armoiries comme celles de l'ancienne maison de Rezay.

(2) Voir, dans la collection de dom Fonteneau, à Poitiers, tom. XXVI, no 631, un partage de la succession de Guyon de Rezay, seigneur de la Jarrie, Merlatière, Saint-Fulgent, Saint-Remy et Villate, et de celle à venir de Jacquette de Sainte-Flaive, etc., en date du 12 octobre 1532, tiré des archives du château de Thouars.

Dans l'acte de reconnaissance, par les seigneurs de Bretagne, du nombre de chevaliers, écuyers et archers qu'ils devaient à l'ost du duc, acte daté de 1294: « Le seignour de Rezay e ses parsonniers « (consorts, associes), recognurent que ils deivent un chevalier « d'ost pour lour fiez de Rezay. » Le seignor de Rays fait, dans le même acte, sa déclaration particulière de cinq chevaliers pour sa terre de Rays; ce qui prouve que, encore à cette époque, il n'y avait rien de commun entre les maisons de Rays et de Rezay.

Il faut ensuite descendre au xv° siècle pour retrouver la seigneurie de Rezay, qui appartenait alors à Françoise de Trevecar, mariée à Jacques de Gué-Madeuc. Cette terre resta dans cette dernière maison jusqu'au 11 août 1652, qu'elle fut vendue à Yves de Monti, Ior du nom, qui, en 1660, en rendit aveu au roi. Son fils Yves II obtint, au mois d'avril 1672, des lettres patentes du roi, qui érigèrent en comté la vicomté de Rezay, encore aujourd'hui possédée par ses descendants. On rappelle, dans ces lettres, que le vieux château de la ville et vicomté de Rezay a été ruiné et démoli pendant les guerres de Charles de Blois et de Jean de Montfort.

On trouve aux archives de la préfecture de Nantes, dans le catalogue des titres du chapitre diocésain, la mention d'un acte de réunion de la cure de Rezay à la fabrique de l'église cathédrale, sous la date du 5 septembre 1583; d'arrêts confirmant cette réunion; de procédures entre le chapitre et les curés-vicaires perpétuels de la paroisse; d'aveux du presbytère fournis par le chapitre au seigneur de Fromenteau, en Rezay: mais, suivant une note fort naïve de l'archiviste-rédacteur, tous ces actes étaient considérés comme peu importants, attendu que le chapitre ne jouissait plus depuis longtemps (en 1776) d'aucuns droits sur la cure de Rezay.

A une petite distance à l'est du bourg, est la chapelle à demi ruinée de Saint-Lucien. Elle formait, dit Ogée, un riche prieuré, qui appartenait à l'abbaye de Geneston. Ce qui en reste indique une jolie construction de la fin du XV° siècle. On en fait remonter la première origine à une époque fort reculée. Nous reviendrons sur cette question.

Une autre chapelle, sous la dédicace de N.-D. la Blanche, existait dans la partie occidentale du bourg. Vendue dans la première révolution, elle a été transformée en maison particulière. L'abbé Travers, t. II, p. 114, rapporte que c'était, avec Saint-Donatien, SaintMédard de Doulon et Saint-Sébastien, l'un des lieux consacrés, des

environs de Nantes, où les églises paroissiales de cette ville allaient en procession. Il fait remarquer que de son temps les trois derniers pèlerinages avaient encore lieu, mais qu'on ne parlait plus de celui de Notre-Dame-la-Blanche.

Voilà tous les documents historiques que j'ai pu recueillir sur le bourg et la seigneurie de Rezay. Ces documents sont des plus vulgaires, et les analogues s'en retrouvent dans toutes nos localités. Mais Rezay présente une particularité très-remarquable, et qui pourtant n'a jusqu'aujourd'hui encore donné lieu qu'à des observations tellement vagues et incomplètes, que la réalité en a été contestée, à la vérité, par des gens qui contestent beaucoup, et, surtout, ce qu'ils ne se sont pas donné la peine d'étudier.

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RUINES ET ANTIQUITÉS
CONJECTURES PLUS OU

ROMAINES TROUVÉES A REZAY.
MOINS ÉTRANGES QUE CES RUINES ET CES ANTIQUITÉS
ONT FAIT NAÎTRE.

Cette particularité, c'est que le bourg de Rezay est assis sur les ruines d'un établissement romain dont les vestiges s'étendent beaucoup en dehors du bourg, surtout à l'est, et dont on pourra se faire une idée quand on saura qu'il couvrait une superficie quadrilatérale de 2 kilomètres en longueur, et d'à peu près un demi-kilomètre en largeur, soit 100 hectares environ.

Cette superficie peut être à peu près circonscrite par le ruisseau de la Ratinière, à l'est; le vieux chemin du Pellerin, actuellement chemin vicinal de grande communication, et une ligne qui en prolonge la première direction jusqu'à la Croix-Médard, en passant près du moulin du bourg, au midi; le ruisseau venant de la Jaguère, à l'ouest; au nord, les alluvions de la Loire, se couvrant d'eau chaque année dans les crues, qui, quelquefois, viennent inonder la partie septentrionale du bourg, placée dans la dépression du coteau, sans qu'il soit possible toutefois d'admettre qu'à aucune époque, et dans les temps anciens moins qu'aujourd'hui, Rezay ait jamais pu être ruiné par une inondation.

Dans toute cette enclave, les morceaux de briques et de tuiles à

rebords abondent. Le vigneron en fait sortir tous les ans de la terre de plus grands fragments, qu'il entasse sur les forières, où on en retrouve de gros amas, quand elles n'ont pas été enfouies dans les ornières du chemin. Ces tuiles indiquent, de la manière la plus évidente, que tout ce terrain a été couvert de maisons; aussi, la moindre fouille met-elle au jour des fondations de murailles, dont le mortier prouve l'origine romaine. Le bêchage de la vigne, n'arrivant qu'à une certaine profondeur, se borne à en arracher seulement quelques parties. Mais, au bourg et dans ses jardins, la construction des maisons et le défoncement des terres en ont fait reconnaître des parties considérables. Malheureusement, ces fouilles, faites au hasard, pour les besoins et les intérêts privés, et sans aucune intelligence archéologique, n'ont produit, pour la science, aucun résultat remarquable. Ces murs de substruction se croisent, dit-on, dans tous les sens; mais on n'a point suivi leur direction, et conséquemment on n'a pu en relever un plan, qui nous eût peut-être fait reconnaître des édifices importants. Ainsi, dans la rue montant de la place à la Bourdonnière, et passant au portail occidental de l'église, à 20 mètres de ce portail vers le midi, existaient, il y a trèspeu d'années, quatre piliers de forme ronde, dont on n'a pu nous donner la hauteur. Ils étaient assis sur de larges pierres qu'on croit être de Crazannes, et enfoncés dans le sol d'environ, un mètre. En adoucissant la pente du chemin, on les a déchaussés, et ce fut alors qu'on découvrit leur base. Mais comme ces piliers gênaient le passage, bases et piliers, tout fut enlevé et employé à la construction des chapelles du transept de l'église, récemment bâties. L'une des pierres fondamentales est scule restée en place, vis-à-vis la maison du nommé Durand, dont l'élévation au-dessus du niveau actuel du chemin peut faire juger de la profondeur du défoncement opéré dans le chemin et, en même temps, de l'enfouissement originaire des piliers ou colonnes. Qu'étaient ces colonnes? On le sait mal, plutôt on ne le sait pas du tout. Elles n'ont été observées ni debout ni renversées. On ne connaît ni leurs dimensions, ni leurs ornements, ni de quelle roche elles étaient formées. On ne sait pas bien leur distance respective, ni les véritables proportions de l'espèce de quadrilatère qu'elles devaient figurer. Quoi qu'il en soit, on n'a pas hésité à en faire la colonnade d'un temple; mais cette opinion n'a donné à personne l'idée de chercher, dans les substructions, la

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forme géométrale de ce temple, qui, par son voisinage avec l'église, pouvait se raccorder, en quelques parties, avec elle. Personne n'a songé non plus à la conservation d'une seule de ces colonnes, brisées sans doute et converties en moellon.... Etiam perière ruinæ ! Ce défaut d'entente dans les fouilles faites à Rezay est général. Aussi est-il devenu impossible de rien apprécier d'une manière satisfaisante. Les renseignements sur les découvertes subterranéennes abondent, mais vagues ou désespérants; tel que celui de cet horticulteur qui, en faisant défoncer son jardin, trouve quantité de vases en terre rouge et fine, ornés de bas-reliefs, et, ne sachant qu'en faire, les fait porter dans une ornière du chemin, pour la combler. Il faut recueillir ces renseignements au hasard, les voler pour ainsi dire; et, dans les détails qui vont suivre, on retrouvera forcément le même décousu avec lequel je les ai rassemblés.

Murailles. 1o Dans la rue au nord de l'enclos du presbytère, l'affleurement d'un mur antique traversant diagonalement cette rue, est encore fort apparent; son mortier de chaux et sable est d'une extrême consistance et d'une grande blancheur, sans mélange de petits fragments de briques, comme en d'autres constructions romaines.

2o Au nord de l'ancienne chapelle de N.-D.-la-Blanche, aujourd'hui transformée en maison d'habitation, appartenant à M. Lefeuvre, on aperçoit facilement un autre affleurement de mur dans le chemin qui monte aux champs Saint-Martin. Le parement extérieur de ce mur est très-apparent. Le mortier, toujours fort dur, est mélangé de briques concassées à menus fragments, et on remarque, dans la maçonnerie, des briques entières, posées horizontalement, de 36 centimètres sur 26, et qui formaient probablement cordon symétrique dans la muraille. Une fouille, qui serait facilement faite, jusqu'aux fondements, donnerait probablement quelques curieux résultats.

3o Un autre mur antique fort apparent suit, pendant plus de 20 mètres, le côté septentrional du chemin étroit conduisant du bourg à la maison de M. Litoux.

4o Le jardin de M. Litoux est fermé, au midi, par un mur antique fort épais, mais ne présentant pas le petit appareil romain. Ce mur est surmonté d'une épaisse couche de terre, se raccordant au sol d'une vigne élevée de près de 4 mètres au-dessus du jardin de M. Litoux, et dans laquelle on rencontre, au dire de celui-ci, une grande quantité de substructions.

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