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Tout le quel accord, et toutes et chascunes les chouses dessus faictes et octroyées par la maniere cy dessus devisée et desclairée, nous duc et duchesse dessusditz et chascun de nous promectons loyaument, en bonne foy, pour nous, pour nous hoirs et successeurs, perpétuellement avoir et tenir ferme et estable, sans jamais révoquer. Et renuncions en icest fait à toutes excepcions de décepcion, au droit disant général renunciacion non valloir més en tant comme elle est expresse, et à toutes causes, raisons, opposicions, cavillacions (1) et deffences qui, de fait ou de droit, raison, usage ou coustume de paiis nous, duc et duchesse, noz hoirs et noz successeurs pourroient aider à venir encontre la tenneur de ces présentes, ou par les quelles ladicte tenneur pourroit estre brisée ou adnullée en regart de chose ou de personne ; la quelle tenneur nous avons promis loyaument tenir, garder et acomplir en bonne foy, sans jamais venir encontre taisiblement (2) ou expressément. En tesmoign de ce, et à plus grant seurté et fermeté, nous duc et duchesse dessusditz et chascun de nous, ad ces présentes lettres noz grans seaulx avons fait appouser, qui furent faictes et données en nostre chastel de Brene, le xx jour du moys de janvier, l'an mil troys cens quarente et huyt.

En tesmoign des quelles vision, inspection et lecture des quelles lettres, nous le porteur et garde dudit séel, icelluy ad ces présentes Lettres de Vidimus avons mis et appousé, en tesmoign de vérité. Donné et fait par coppie, collacion faicte à l'original, le XXVIIje jour de novembre, l'an mil jc quarente et six.

(1) Chicanes, subtilités.

F. POUCRON.

S. NERON.

Signé par coppie, collacion faicte à l'original.

(2) Vieux mot, beaucoup plus joli que son remplaçant actuel, tacitement.

HARMONIES DE LA NATURE, OU RECHERCHES PHILOSOPHIQUES SUR LE PRINCIPE DE LA VIE; par J.-A. AGNÈS, docteur en droit, auteur de l'Essai philosophique sur l'Election, d'un Traité sur la Propriété, édités par Videcoq, et de plusieurs autres écrits.

Nous entreprenons de donner à nos lecteurs une idée, bien imparfaite sans doute, d'un ouvrage qui formera deux volumes, et dont 128 pages seulement sont publiées aujourd'hui.

<< Les êtres organisés, dit l'auteur, ont des rapports multiples et complexes avec la nature qui les environne, qui leur sert de théâtre et fait le fond substantiel de leur vie. Ces rapports se produisent suivant certaines lois universelles : ces lois, je les ai recherchées; ces rapports, je les ai décrits; et l'explication des principaux phénomènes de la vie, qui en résulte, rend raison de la duplicité de mon titre. La science moderne, le front sillonné d'algèbre, selon l'expression d'un grand écrivain, a porté loin le flambeau de l'analyse et l'exactitude des descriptions. Je me suis efforcé de profiter de ses travaux et de ses découvertes; mais elle a en quelque sorte disséqué la nature, en nons montrant chaque animal loin de son théâtre dans l'ordre qu'il occupe dans une collection. J'ai pris le contre-pied de cette méthode, qui fait du monde un débris anatomique et nous le présente à l'état de cadavre. Je replace chaque être dans son milieu naturel : ils se complètent l'un par l'autre, s'animent, s'embellissent réciproquement, sympathisent et s'aiment. De ce point de vue l'univers apparaît plus beau, plus plein de sentiment et de poésie. Les lois de la relation locale sont plus facilement perceptibles, plus simples, plus sensibles, et la science se reconstitue ainsi dans un ordre plus naturel, plus vrai et qui repose mieux l'esprit. J'ai poursuivi l'étude de cette relation dans toute la longue série des êtres organisés. - Simplicité et bonne foi dans l'investigation, charme de l'étude, fécondité, grandeur des conséquences qui relient entre elles, ordonnent toutes les connaissances humaines et tendent à élever la conception de la nature vers une majestueuse unité, puisse le lecteur reconnaître ces caractères dans mon œuvre. Puisse-t-il m'accorder ce degré d'attention, cette mesure de patience qui sont nécessaires pour prononcer sur l'enchaînement de faits scientifiques, et attendre le développement complet de ma forme philosophique! »>

Nous entrevoyons des résultats bien féconds et des conséquences

bien neuves de l'idée fondamentale de cet ouvrage; les livraisons qui ont paru nous initient déjà aux mystères de la création, et aux rapports merveilleux étudiés avec tant de sagacité et de profondeur par M. Agnès. Çà et là, sa pensée exigerait, au moins pour nous, des commentaires, des explications : quelques mots auxquels il donne un sens scientifique insuffisamment clair, répandent quelquefois sur l'idée une obscurité regrettable; mais tout s'éclaircira dans la suite, la pensée de l'écrivain sera mieux pénétrée, le jour se fera de plus en plus, nous en avons la conviction.

Après les préliminaires purement scientifiques, et qui traitent de la constitution moléculaire des corps et de l'action des fluides impondérables, des éléments de la formation organique, — de l'unité typique des animaux et de la position cosmique de l'homme comme principe intelligent, l'auteur aborde une région tout à la fois scientifique et pittoresque; il s'agit de la relation de localité dans les quadrupèdes et dans les oiseaux. Cette partie de son livre, moins abstraite que la précédente, offre des tableaux éloquents de la nature, révèle une étude approfondie des géographes et des voyageurs. L'expression est toujours digne et s'élève souvent à la hauteur des maîtres de la prose française.

Un écrivain qui a pu prendre connaissance des travaux de M. Agnès, nous donne, dans les pages suivantes, une sorte d'aperçu succinct des parties encore manuscrites :

<< Les livraisons suivantes, dit-il, ne seront que l'exploration scientifique du même point de vue, dans tous les ordres et à travers toutes les sphères de la création. Après avoir assigné la place que tient dans l'univers la formation humaine, et avoir parcouru les analogies générales qui relient à leurs théâtres respectifs les quadrupèdes, les oiseaux, les habitants de la mer et des eaux, et les reptiles, l'auteur aborde d'un regard plus assuré, avec plus de suite et de précision, l'immense famille des insectes, dont il parcourt tous les ordres dans autant de chapitres ou d'incursions: car ce sont comme des promenades au milieu des scènes variées de la nature et dans l'intérieur des choses. Le charme toujours si puissant des tableaux s'accroît et s'embellit du prestige de l'art divin dont les agents invisibles sont perçus dans d'arrière-plans, soutenant et mouvant toute cette scène fantastique. Plus on avance, mieux on se pénètre de la présence de ces puissances mystérieuses qui nous investissent de toutes parts, de ce grand sensorium si aimant et si vaste qui nous

porte et nous anime, in quo vivimus et movemur et sumus; et l'habitude de voir les lois mathématiques inéluctables s'appliquer indistinctement, en tous sens, à l'infini, et régir jusqu'au moindre des phénomènes naturels, jusqu'aux effets les plus inobservés, les plus inaperçus, remplit le lecteur du sentiment de justice, cette grande loi du devenir. Ce livre semble avoir quelque chose de fantasmagorique, lorsque les analogies universelles, d'abord difficilement perçues à de si grandes distances, viennent sans cessation de continuité se formuler sous nos regards en traits distincts et suivis, et projeter des gerbes de lumière sur l'information de cette multitude d'insectes, dont le théâtre est si près de nous et si bien circonscrit. Avec quel intérêt ne suit-on pas cette investigation calme et consciencieuse dans le milieu si frais et si pur de la nature végétale, où nous voyons, par exemple, les mantes à forme de feuilles s'organiser et se mouvoir comme le squelette de véritables feuilles vivantes, dont les nervures, les tigelles, les oreillettes, se seraient animalisées; des coléoptères brillants destinés à idéaliser dans leurs splendides élytres métalliques les plus riches feuillages et leurs effets chatoyants; une foule de muscies en rendre les cils, les villosités, la pubescence et jusqu'aux éclairs du vert lustré des feuilles, car rien ne se perd et tout se reproduit et s'image sur des plans de réalisation de plus en plus élevés ; et cette troupe d'élégants papillons, tout diaprés d'or et d'argent, qui voltige sur les violettes parfumées, en vertu de cette belle loi du dédoublement de la couleur en pourpre et or qu'on retrouve si souvent dans la suave délibation des parties de la végétation les plus fraîches! avec quel charme on poursuit ces lois de la vie, qui font de l'existence animale une dépendance si étroite de la vie végétale, dans les lépidoptères notamment, que l'aile de l'insecte semble être la fleur envolée, sa vie un annexe et le complément nécessaire de la vie du végétal, à tel point, que la plante vivace la conserve sous d'autres formes, plus vivantes, que la plante annuelle, parce que dans celle-ci la vie végétale s'éteint, tandis qu'elle se conserve dans la première, où cette frêle créature ne fait qu'attendre l'heure printanière de la résurrection! Et ces précautions si charmantes, dont s'entoure la pauvrette pour assurer sa vie future, se liant dans un réseau de soie, se suspendant à un fil, se commettant à une frêle nacelle avant de descendre dans la nuit du tombeau. C'est un monde à étudier, et nous osons dire que rien n'est si touchant et si pur, si voisin de nous, que ce haut drame de la vie

dans la métamorphose des lépidoptères, des névroptères et des autres insectes ailés, si voisins, à leur tour, sous le rapport physiologique, des oiseaux en général, et qui, dans les cigales, s'y relient par un degré digne d'une attention spéciale, où l'organisme insectiforme s'approche visiblement de celui de l'oiseau. L'auteur revient une seconde fois, sous le titre de Coloration des Oiseaux, à l'étude des volatiles, riche de toutes les observations faites sur celle des insectes, et il y suit les mêmes déductions de l'arbre à l'animal, hôte joyeux de ces charmants ombrages. Chacun sent, devine, saisit avidement ces ravissantes images, les reflets manifestes d'une sphère d'existence à l'autre dans le rossignol en général, où ils sont si sensibles sous le rapport du chant, et sous celui des couleurs dans le rossignol de muraille en particulier, dont le plumage semble résumer et distinguer les couleurs propres aux trois éléments composants du granit sur lequel il pond, vit et soupire; dans le chardonneret, dont le bec et la tête rendent les bourgeons empourprés des épines, et la partie caudale le dédoublement en jaune et noir du feuillage caverneux de nos buissons et de nos haies. On peut se former une idée de la richesse de ces tableaux où les émanations colorantes et les déductions informatrices sont suivies du végétal à l'insecte où elles semblent isolées, puis à l'oiseau où elles se puissancient et se nuancent harmoniquement et viennent imprimer leur cachet sur ses mœurs, ses allures, l'expression de son chant et sa voix. Le talent de l'homme succombe sous celui de la nature, l'art divin devient si manifeste qu'il efface et fait taire toute autre admiration que celle de sa prestigieuse magie, et l'on s'écrie avec enthousiasme, comme Virgile :

O quis me gelidis in vallibus homi

Sistat et ingenti ramorum protegat umbrá!

Cependant il faut reconnaître que cette multitude de faits, toujours exprimés avec la précision scientifique que comporte la mesure de leur exposé, veut être étudiée lentement, avec réserve, et comme il convient à un religieux observateur de la nature. C'est de ces livres dont il est impossible de faire l'analyse ; il y a trop. Seulement, nous pouvons dire qu'à cette étude plus ou moins laborieuse succède un repos, une paix de l'âme, un acquiescement plein et parfait qui devient comme la base de l'édifice des sciences morales; car l'auteur nous conduit jusqu'au point où peut commencer le doute philosophique, dont Descartes a fait la base de ses méditations, et ce résultat se

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