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du temps des Mérovingiens. Sans sortir de la cité poitevine, je citerai Brioux, Ambernac, Ardin, Tourteron, Voutegon, Aizenay, Rezay, parmi les localités de nos contrées présentant cette coïncidence on ne peut plus naturelle. La numismatique de la Normandie est donc appelée à s'enrichir quelque jour de triens d'Envermeu, cet ancien bourg qui a disputé autrefois à Arques, selon M. Guérard ('), le titre de capitale du Talau ou Talou, pagus dont la monnaie carlovingienne du temps de Charles le Chauve a été publiée par M. de Longpérier dans le Catalogue de la collection Rousseau (). Cette monnaie portant TALAV MONETA, cela indique qu'elle a été fabriquée au chef-lieu de la circonscription territoriale; de sorte que, si Envermeu a eu réellement cette qualité sous les Mérovingiens, la découverte d'un tiers de sou décoré seulement du nom du pagus, suffirait pour donner gain de cause à M. Cochet.

Il existe un triens avec la légende TELLAO; mais il ne me parait pas être de cette contrée.

On a élevé quelques doutes sur l'attribution au Talou du denier carlovingien que notre collègue a fait connaître. Le style de la pièce est cependant caractéristique. Qu'on la mette en regard de celles de Rouen frappées à la même époque, et le doute ne sera plus possible. La forme du monogramme est surtout identique à celle employée encore sous le duc Richard Ier, qui commença à faire inscrire un nom ducal sur le numéraire féodal de la Normandie (3).

Une conquête non moins intéressante que la balance destinée à peser le numéraire mérovingien, est celle de la bourse portée à la ceinture, dont M. l'abbé Cochet a constaté la présence dans les sépultures franques, et rétabli la forme avec une rare intelligence. Avant la publication du livre de notre auteur, personne ne s'était encore rendu compte de la destination des instruments en métal, qu'il nous apprend être les fermoirs de ces bourses, et qui se voient assez fréquemment dans les collections. L'un de ces objets en bronze fortement doré, semblable, quant à l'aspect général, à celui gravé à

(1) Annuaire de la Société d'histoire de France, 1837, p. 138. (2) P. 162, no 366.

L'existence, dans un lieu, d'un atelier monétaire de la seconde race implique ordinairement celle d'un monnayage antérieur au même endroit.

(3) Etudes num., par B. Fillon, p. 156.

la p. 161 de l'ouvrage de M. Cochet, trouvé en 1853 aux environs d'Aulnay (Charente-Inférieure), m'ayant été présenté par un marchand de vieux galons métalliques, qui l'avait acheté de l'inventeur, je fus obligé de lui confesser mon ignorance, tout en réconnaissant l'âge de l'instrument (1).

Il est un troisième objet qui a fourni à M. l'abbé Cochet l'occasion de donner une preuve de son tact et de sa perspicacité. Je veux parler du seau ou baquet franc, dont les débris ont si souvent été pris, avant lui, pour des ornements de tête, tandis qu'il servait simplement à contenir des liqueurs fermentées des festins. Voici la garniture en bronze doré de l'un de ces seaux trouvé à Envermeu (2).

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Il n'est pas inutile de constater en passant, comme un fait caractéristique, que le luxe des vases à boire était poussé fort loin chez les Francs, qui avaient cela de commun avec tous les peuples quelque peu sauvages. La coupe du festin les suivait dans la mort, avec leurs armes, cet autre trésor du barbare; tant il est vrai que l'eau du baptême chrétien, en coulant sur ces hommes farouches, n'avait

(1) La découverte de ce fermoir à Aulnay fait assurément pressentir l'existence d'un cimetière franc en ce lieu très-ancien, où l'on a mis au jour des antiquités gallo-romaines.

(2) V. Magasin pittoresque de 1855.

pu leur enlever la croyance à un monde supérieur plein de luttes héroïques et de banquets sans fin.

Je vais maintenant soumettre successivement au lecteur les dessins des autres principales découvertes opérées dans les cimetières francs de la Neustrie; mais, avant de passer outre, il est bon de donner d'abord ceux de deux sépultures de guerriers qui leur sont contemporaines elles permettront de juger d'un coup d'oeil de l'aspect ordinaire de toutes les autres, quand elles n'ont pas été violées.

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Indépendamment des épées, les tombes franques ont souvent fourni des sabres ou scramasaxes, du genre de celui-ci :

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J'en ai vu un absolument pareil que des laboureurs de Chasnay (Vendée) avaient retiré d'un champ voisin de ce bourg, avec une boucle en bronze de cette forme:

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Cette boucle ou agrafe est une des plus simples et de celles qui se rencontrent le plus fréquemment. Il en est de bien plus ornées. Les deux suivantes sont de ce genre.

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Les agrafes de ceinturon sont encore beaucoup plus riches. Celles que je reproduis peuvent faire apprécier l'habileté et le goût des

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ouvriers de ces temps; mais j'en ai vu d'infiniment plus belles dans le cabinet de Mme de la Sayette, à Poitiers, et chez F. Parenteau. Ce dernier en possède surtout une très remarquable en bronze étamé de conservation parfaite, provenant des confins de la Bretagne et de la Normandie. Elle a 0,20 de longueur, et est décorée d'entrelacs, de masques humains, de têtes de clous et d'animaux fantastiques.

Diverses fosses contenaient aussi des angons, des flèches, des couteaux, des poignards, des haches d'armes, des boucliers, des éperons. Ce sou d'or de Théodebert servira à faire apprécier la forme de l'angon.

Les haches ont une tournure particulière, qui les fait aisément distinguer de celles des autres temps. Elles ressemblent trait pour

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