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sion nommée alors dans ce port, par ordre du ministre, reconnut à l'unanimité, après un examen attentif de la Surveillante, que les première, troisième et quatrième conditions du programme avaient été complétement remplies, et que l'expérience manquait pour prononcer à l'égard des deuxième et cinquième (1); que la frégate n'avait que dix centimètres d'arc, ce qui est peu considérable pour un bâtiment de ce rang, après une si longue campagne; et que, sous le rapport de la solidité de la charpente, la Surveillante se trouvait dans l'état le plus satisfaisant. La commission consultative des travaux de la marine, chargée de donner son avis sur le rapport de la commission de Brest, en adopta pleinement les conclusions; elle déclara « que la Surveillante s'était trouvée, à sa rentrée à Brest, après cinq ans de mer (au lieu de deux), dans l'état le plus propre à justifier, sous le rapport de la solidité et des qualités nautiques, toutes les espérances qu'on avait conçues du système proposé, et que M. Boucher lui paraissait avoir complétement résolu un problème d'une haute importance pour l'architecture navale, par les modifications qu'il avait apportées à la charpente des bâtiments de guerre, dans un moment où les bois de construction de fortes dimensions commencent à devenir rares. » D'après ces deux rapports, M. le comte d'Argout décida, le 8 janvier 1831, que la seconde médaille d'or, du prix de 2,400 francs, serait décernée à Boucher, et il ordonna en même temps la construction de plusieurs vaisseaux et frégates de premier rang d'après le système suivi pour la Surveillante (2).

(1) Les conditions exigées par le programme étaient : 1o Que la disposition des pièces fût assez simple pour ne pas rendre trop difficile le tracé du vaisseau ; 2o qu'il fût possible d'exécuter très-promptement les réparations que commanderait le salut du bâtiment, si une avarie quelconque le mettait inopinément en danger de périr; 3o que l'intérieur de la cale et des entre-ponts fût dégagé de manière à rendre facile l'établissement des aménagements et installations nécessaires; 4o que le poids total de la charpente n'excédât pas la proportion convenable, relativement au volume de la carène; 5o enfin que la refonte du bâtiment pût être tentée sans que le remplacement des pièces pourries forçât à faire le sacrifice d'un trop grand nombre de celles qui se seraient conservées en bon état. (2) Boucher s'était proposé, en publiant son mémoire, d'y ajouter des développements qui auraient aidé à l'intelligence du texte, comme aussi d'indiquer les modifications apportées à son système dans la construction de la Surveillante et des autres frégates ou vaisseaux construits d'après le même principe, au port de Lorient; mais ses occupations ultérieures lui ayant enlevé les moyens de se

Pendant que cette frégate sillonnait les mers, son auteur était à Paris, où, élevé au grade de directeur des constructions, il remplissait successivement les fonctions de secrétaire du conseil d'amirauté, de membre de la commission consultative des travaux, de secrétaire général du ministère, puis encore du conseil d'amirauté. En 1829, il eut à s'occuper d'un travail provoqué par un mémoire que M. le viceamiral Missiessy avait remis au ministre de la marine, vers la fin de 1828, et dans lequel cet officier général proposait un nouveau système de composition de la flotte, ayant pour objet d'en rendre l'armement plus prompt et plus facile, au début d'une guerre maritime, et d'assurer à la France les avantages d'être toujours prête à prendre l'initiative des opérations militaires, quelque ennemi qu'elle eût à combattre. L'auteur prétendait, en outre, que l'adoption de son système produirait une économie considérable; de sorte que, d'après lui, l'armée navale aurait tout à la fois été plus forte, plus tôt disponible et d'un entretien bien moins dispendieux.

L'importance des résultats annoncés engagea M. Hyde de Neuville, alors ministre de la marine, à faire examiner avec le soin le plus scrupuleux les vues de M. de Missiessy. Il chargea de ce soin une commission composée d'officiers généraux de la marine et des chefs des directions du ministère, sous la présidence de M. l'amiral Truguet. Cette commission, dont Boucher fut le rapporteur, remit au ministre, au mois de mars 1829, son travail, dont les conclusions étaient : « Que les projets de l'auteur reposaient sur des illusions ou des calculs erronés; qu'ils étaient, ou impraticables pour la plus grande partie, ou de nature à entraîner le Gouvernement dans des dépenses infiniment supérieures à celles qui avaient lieu alors, puisque le chiffre du budget, au lieu d'être de 39,433,115 francs (les colonies non comprises), comme le prétendait M. de Missiessy, se serait élevé, en réalité, par l'application de son système, à 100 mil

livrer à ce travail, il se détermina à faire imprimer son mémoire tel qu'il avait été présenté au concours, et à le publier sous ce titre : Mémoire sur la charpente des vaisseaux, en réponse à la question proposée par M. le ministre de la marine, sur les moyens de diminuer la consommation des bois de chêne de fortes dimensions qui entrent dans la construction des vaisseaux, avec cette épigraphe : « Le besoin et l'industrie donnent naissance aux arts, l'expérience les perfectionne.» (Extrait des Annales maritimes, etc., juillet 1832.) Paris, imp. roy., 1832, in-8° de 33 pages.

lions, susceptibles peut-être, au bout d'une période de 36 ans, d'une réduction de 17 millions, ce qui aurait, en tout cas, élevé la dépense d'ensemble à 83 millions, c'est-à-dire, à 18 millions en sus du budget normal de la marine. >>

M. de Missiessy, à qui ce rapport fut communiqué, y répondit par la publication de son mémoire, auquel il fit quelques changements, d'ailleurs peu importants, et auquel il ajouta un chapitre où il répondit brièvement et d'une manière incomplète aux objections élevées contre son système. Cette réponse parut sous le titre de : Aperçus sur le matériel et le personnel de la marine, par M. le comte de Burgues-Missiessy, vice-amiral, Paris, Duverger, 1829, in-8° de 152 p.

Déféré de nouveau, par M. d'Haussez, au jugement de la commission qui l'avait examiné avant sa publication, cet écrit y rencontra, le 5 février 1830, la même désapprobation, fortifiée, cinq jours après, par celle du conseil d'amirauté, qui ne dissimula pas son regret de s'être vu appelé à s'exprimer sur un système complétement réfuté en 1829, par des démonstrations qui devaient d'autant plus empêcher de le reproduire, que cette fâcheuse discussion portait sur plusieurs points que la prudence et l'intérêt national devaient soustraire à la publicité. Telle fut l'issue du débat suscité par M. de Missiessy, débat dont tous les éléments, réunis par ordre du ministre, furent publiés sous ce titre Examen d'un écrit publié par M. le vice-amiral comte de Burgues-Missiessy, et ayant pour titre : « Aperçus, etc. », Paris, imp. roy., 1830, in-8°. Boucher, secrétaire du conseil d'amirauté, avait demandé et obtenu de ne point participer à sa délibération, parce que, auteur des deux rapports combattus par M. de Missiessy, il se trouvait partie en cause. Par suite de cette abstention, la délibération du conseil avait été rédigée par M. l'amiral baron Roussin.

A l'époque où Boucher se livrait à ces travaux, il prenait encore la défense de la marine, en réfutant une brochure publiée par M. Alex. de Laborde, sur l'Algérie, au mois de juin 1830.

Appelé, le 18 février 1831, à remplir cumulativement les fonctions de secrétaire général du ministère de la marine et de secrétaire du conseil d'amirauté, il exerça, au premier titre, une influence des plus favorables sur la restauration des bibliothèques de la marine, abandonnées depuis longtemps. Le point de départ des améliorations, en grande partie réalisées par lui-même, fut l'ordre qu'il transmit,

le 28 août 1834, de dresser le catalogue de chacune des bibliothèques du département. Des achats considérables faits en 1837 et pendant les années suivantes furent la conséquence de ce travail préliminaire, et comblèrent, en partie, les trop nombreuses et trop regrettables lacunes qui empêchaient ces établissements de rendre les services qu'on en attendait. Personnellement en rapports avec lui à l'occasion de ces diverses mesures, l'auteur de cette notice a conservé un profond souvenir de la bienveillance dont l'honorait ce haut et savant fonctionnaire, à la désignation duquel il dut d'être appelé à Paris, à la fin de 1837, pour mettre la dernière main aux améliora tions adoptées alors, en dressant le Catalogue général des livres composant les Bibliothèques du département de la marine, travail dont les deux premiers volumes parurent en 1838 et 1839, pendant son séjour à Paris, et dont il avait préparé le classement pour les deux volumes suivants.

Quand ce travail commença, celui qui l'avait fait prescrire n'était plus secrétaire général. Il avait été nommé, le 1er août 1837, inspecteur général du génie maritime, fonctions qu'il remplit jusqu'au 2 décembre 1842. Nommé alors directeur des ports, il redevint, le 29 octobre 1847, inspecteur général, et en exerça les fonctions jusqu'au 1er janvier 1851, jour où, sur sa demande, il fut admis à la retraite. Il alla se fixer à Marseille, où il croyait trouver, dans les épanchements de la famille, le genre de bonheur qu'il préférait à tout, et qui l'avait conduit à une irrégularité de position domestique dont gémissaient tous ceux qui l'aimaient, c'est-à-dire, tous ceux qui le connaissaient. Son espoir ne put se réaliser. Une scène violente qu'il eut à subir d'une personne oublieuse des liens du sang, de l'affection et de la reconnaissance, fut suivie, le 28 mars 1851, de sa mort immédiate.

Fils de ses œuvres, il ne méconnut jamais son humble origine, et de Paris, comme à Nantes, quand il y venait, ses parents recevaient des preuves efficaces de l'intérêt qu'il prenait à leur position précaire.

P. LEVOT.

TIRÉES

DES REGISTRES D'ÉTAT CIVIL DE L'AUMONERIE

DE TOUSSAINT-LEZ-NANTES.

1625-1672.

Ces mentions ou notes historiques sont l'œuvre d'un pauvre prêtre nommé André Landays, desservant de l'ancienne aumônerie de Toussaint, sur les ponts de Nantes. Il nous apprend lui-même, en commençant, qu'il était natif de Pirmil, et qu'il reçut l'institution canonique de l'autorité diocésaine, sur la présentation préalable et régulière des membres de la confrérie de Toussaint, en vertu desquelles il prit possession de son chétif bénéfice. Cette circonstance n'est point indifférente, parce qu'elle montre qu'il existait encore à l'époque quelque vestige de l'antique discipline ecclésiastique, qui n'attribuait aux fidèles que les prêtres de leur choix. Manebant etiam tùm vestigia morientis libertatis.

Sans briller par le style, aucune de ces notes n'est dépourvue d'intérêt, et quelques-unes même sont précieuses. Nous en signalerons une entre autres à sa date. Elles témoignent dans leur auteur d'un esprit remarquable d'observation des faits, surtout physiques, que ne nous offre au même degré aucun de ses nombreux confrères du temps; ce qui prouve que, dans son humble position, il en valait bien d'autres plus éminents que lui, dont il ne reste pas vestige.

On a intercalé parmi ces mentions historiques quelques extraits et documents originaux qui s'y rapportent, afin de les compléter. Ils sont distingués du texte principal par un caractère plus petit. On

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