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et des provinces qui ont étudié sous lui, et de pouvoir se procurer par eux et sur les lieux les connaissances les plus détaillées........ (1) »

ÉVÊCHÉ DE NANTES.

<< Le comté nantais a produit autrefois beaucoup plus de chevaux qu'aujourd'hui et d'une qualité bien supérieure. La vallée de SaintJulien, la Chapelle, Haute et Basse-Goulaine, etc., qui s'étend le long de la Loire au sud et qui a environ quatre lieues de long sur une demi-lieue de large, donnait, il y a dix ans environ, cent chevaux de dragons par année; elle ne fournit plus aujourd'hui que des chevaux de taille fort petite et sans aucune distinction; il y avait un étalon de race barbe chez le sieur Amard, à Haute-Goulaine; quelques belles productions de cet étalon servaient aussi les juments dans quelques parties de cette vallée.

« Il y avait aussi à Couëron un étalon normand, qui n'y existe plus depuis 1785, et qui donnait de bons chevaux de dragons, quelques-uns même de cavalerie: on n'y trouve plus d'ancienne espèce; on s'y est livré à l'élève des boeufs, qui offre des profits plus grands, plus prompts et surtout plus certains.

<< Le duché de Coislin et spécialement les cantons de Fay, Sautron, Pontchâteau et Blain, fournissaient des chevaux très-petits à la vérité, et beaucoup trop pour convenir au service des troupes; les plus distingués provenaient d'un cheval andaloux bien choisi placé dans ce canton; on y trouve encore quelques-uns de ces petits chevaux, mais il est très-rare d'y en voir qui aient quelque distinction. Ces faits et quelques autres, dont nous avons constaté l'authenticité, prouvent démonstrativement que le canton Nantais offre des circonstances favorables à l'éducation des chevaux; nous y avons vu encore quelques productions assez distinguées. M. de la Moricière y a un haras formé d'environ douze juments et un étalon échappé d'un cheval anglais de sang arabe. Il est parvenu à former une fort bonne espèce de chevaux, qu'il vend, l'un dans l'autre, environ 35 à 40 louis à des officiers de cavalerie.

<< Il était naturel de chercher les causes de la révolution qu'a éprouvée le commerce des chevaux dans le comté nantais; nous

(1) Dépôt de la guerre, an 1788, vol. 3757, no 11, et 3758, no 14.

H

n'avons rien négligé pour les découvrir, nous croyons en avoir aperçu plusieurs :

« 1° La réunion de tous les étalons dans un seul dépôt, ce qui oblige les propriétaires des juments à faire quelquefois dix lieues et plus pour les faire saillir, nécessité qui les contrarie d'autant plus que souvent la chaleur de leurs juments est passée lorsqu'elles arrivent au dépôt, et qu'ils sont obligés d'y rester plusieurs jours pour attendre qu'elle revienne; d'où il résulte pour eux une dépense de temps et d'argent qui leur porte un grand préjudice et diminue nécessairement le prix du poulain qu'ils sont encore incertains d'obtenir.

« 2° L'espèce d'impossibilité morale de suivre l'usage établi presque partout de conduire la jument trois fois à l'étalon, de 9 jours en 9 jours, pour s'assurer qu'elle ait conçu.

« 3o Le choix de ces étalons, dont plusieurs sont réellement trèsbeaux, mais n'ont pas le genre de beauté qui convient aux juments du pays et que recherchent les propriétaires, dont il est toujours plus important qu'on ne le croit de ne pas fronder trop ouvertement les idées et même les préjugés. Le succès ne couronne pas toujours les spéculations les plus sûres en apparence, et, dans toutes les innovations, la sagesse exige qu'on ne marche que pas à pas.

« L'espèce de chevaux dominant dans l'évêché de Nantes sont des bidets dont la taille moyenne est de 5 à 6 pouces; on a cru que pour élever tout d'un coup cette race et faire disparaître quelques défauts qui la souillent, il suffirait d'allier aux juments du pays des chevaux très-élevés et qui n'auraient pas les mêmes défauts; mais on n'a pas réfléchi que la nature n'aime pas les sauts trop rapides et que tous les terrains ne sont pas propres à nourrir des chevaux de grande taille; par un effet nécessaire de cet oubli, on a obtenu des productions différentes sans doute de celle qu'on voulait changer, mais qui n'étaient pas meilleures et surtout qui, s'éloignant trop de l'espèce dont le commerce du pays était composé, n'ont guère produit d'autre effet que de décourager les nourrisseurs; ceux qui n'ont pas renoncé à l'éducation des chevaux, ont préféré faire saillir leurs juments par le premier cheval entier et le plus souvent par des poulains de 18 mois de la race du pays, que de les envoyer au dépôt de la province. « Malgré le dépérissement de cette branche de commerce, qu'il paraît assez facile de rétablir, nous estimons que sur les 2,500 poulains qui naissent dans cet évêché, il peut bien y en avoir 500 de propres au

service des troupes, savoir: la moitié à celui des dragons, et l'autre moitié à ceux des hussards. Il n'y aurait que fort peu de chose à faire pour que les 750 autres pussent avoir la même destination; il ne serait question que de multiplier les étalons, ou plutôt de les placer plus convenablement et choisir l'espèce qui convient le mieux aux propriétaires et au pays. >>

Signe « CHABERT. »

En terminant, constatons que l'amélioration de la race chevaline préoccupe vivement aujourd'hui nos autorités, comme le prouvent les lignes suivantes, extraites du Phare de la Loire du 16 octobre 1856 :

«En 1849, le conseil général de la Loire-Inférieure vota une somme de trois mille francs, afin d'être distribuée en primes d'encouragement pour l'amélioration de l'espèce chevaline. Les années suivantes, la même somme fut votée, et, depuis trois ans, elle a été portée à quatre mille francs, auxquels l'administration des haras, sur la demande de M. le directeur du dépôt impérial d'étalons de Napoléon-Vendée, appuyée par M. H. Chevreau, préfet de la LoireInférieure, a ajouté, pour l'année 1856, une somme de trois mille francs. C'est donc un total de sept mille francs qui a dû être distribué entre les éleveurs du département.

« Dès la deuxième année, on essaya de deux concours : cette expérience ne réussit pas. Cependant, cette année, il a été organisé quatre concours, savoir à Ancenis, à Guérande, à Nantes et à Port-SaintPère.

« Pris dans leur ensemble, les concours de 1856 témoignent d'une amélioration qui a toujours été en croissant depuis leur institution: aussi est-il raisonnable d'admettre qu'il n'est pas possible de donner aux fonds du département une destination plus fructueuse et de les appliquer à une branche de notre production plus digne d'encouragement et qui ait un avenir plus avantageux.

<< La comunission chargée de la distribution des primes, nommée par M. le ministre de l'agriculture et du commerce, était composée de : MM. Dalton, directeur du dépôt d'étalons de Napoléon; des Jamonières, de Granville, Robin, propriétaires du département.

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Armand GUÉRAUD.

LE

COMMERCE HONORABLE

ET SON AUTEUR,

SUIVI DES ÉDITS D'ÉTABLISSEMENT

DE LA COMPAGNIE DE COMMERCE DU MORBIHAN,

EN 1626.

(Suite. Voir page 129.)

NOTE A.

La mesure de l'action gouvernementale extérieure en fait de commerce, antérieurement à Richelieu, est donnée tout entière dans cette curieuse lettre inédite, écrite aux consuls de la Bourse de Nantes par Coligny, qui, en sa qualité d'amiral, commandait les forces navales de l'État. Émanant d'un chef de parti sectaire, qui s'adresse à des gens peu sympathiques à ses croyances, peut-être est-elle néanmoins plus politique qu'effective. Nous la transcrivons fidèlement d'après le précieux original conservé aux archives de la mairie de cette ville. La signature et les quelques mots qui la précèdent sont seuls de la main de l'amiral.

Messieurs, le roy m'ayant commandé d'adviser aux moyens de rendre le traffic et commerce, qui se faict par la mer, libre et asseuré, et empescher les pirateries et larecins qui s'y comettent contre ses subjects, je ne me suys pas contenté, pour le désir que j'ay de satisfaire aux commandements de Sa Majesté et mesmes en une si bonne occasion important le bien de son service, avec l'utilité et prouffict de ses subjects, d'en prendre l'advis des capitaines et autres personnes estans près de moy, ny d'en escripre à Messieurs les vis-amyraulx pour m'envoyer le leur et de ceulx qui sont près

d'eulx; mais ay bien voulu en faire des depesches à ceulx des Bourses des villes de ce royaume qui y peuvent avoir interest, et qui, par ce moyen, seront bien aises de s'estendre et mettre en devoir d'y trouver quelques bons expedientz. Et d'autant que je vous tiens de ce nombre-là, je vous ay bien voulu faire la presente pour vous prier, Messieurs, et surtout que vous congnoissiez que cela vous importe, de vouloir appeller avecques vous ceulx que vous penserez y pouvoir apporter quelque bonne ouverture, pour ensemblement dresser des mémoires bien amples de ce qui vous semblera convenable et bon de faire là-dessus, et me les envoyer incontinant par l'addresse de monsieur de Biere, présent porteur, qui vous informera plus amplement de l'intention de Sadite Majesté, et mesme sur ce faict, afin que les ayant avec les autres que l'on me fera tenir des autres endroitz, je puisse sur le tout, avec d'autres que je y appelleray des mieulx cognoissans dont je me pourray adviser, en tirer ce qui se trouvera de meilleur pour servir à la seureté dudit traffic, et pourveoir à ce que telles pilleries n'adviennent plus. En quoy vous vous povez asseurer que je feray de ma part tous les bons offices que vous povez desirer, ayant votre bien et soulagement en aussi grande recommandasion qu'autre de ce royaume. Et en ceste volonté, supplieray Dieu vous avoir, Messieurs, en sa saincte garde. De Chastillon, ce VII jour de novembre 1571.

Votre bien bon amy,
CHASTILLON.

La suscription est: A Messieurs les prieur et consulz de la Bourse de Nantes.

Un consulat ou tribunal des marchands venait d'être érigé à Nantes, à l'instar de la plupart des villes du midi de la France, par édit de Charles IX du mois d'avril 1564. Il était alors composé seulement d'un premier juge ou président et de deux consuls, qui devaient, d'après l'édit de création, être élus dans une assemblée de cinquante notables habitants. Il commença à exercer ses fonctions l'année suivante, les trois états de la ville, convoqués et réunis le 7 mai, ayant élu pour premier juge Mathurin Vivien, et pour consuls Guillaume Poulain et Charles Chrestien. Un nouvel édit, du 23 juin 1722, ajouta deux autres consuls à ce personnel, et le service, qui n'était jusque-là que d'une année, fut porté à deux ans d'exercice. L'élection des quatre consuls se fit pour la première fois le 25 juillet 1722. sous l'administration municipale de Mellier. Deux consuls sortirent ensuite tous les deux ans, et furent remplacés par deux nouveaux; ce qui, tout en accélérant l'expédition des affaires, con

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